Bruno Retailleau, chef de file des sénateurs LR, est nommé à l’Intérieur par le gouvernement Barnier. L’homme, issu de la droite républicaine extrême, a  porté entre autres les mesures les plus xénophobes de la loi immigration.


 

Bruno Retailleau, sénateur vendéen, a démarré en politique au sein du parti Mouvement pour la France (MPF) de De Villiers. En 2010, il rejoint l’UMP au côté de François Fillon.  Ultra-conservateur et fervent catholique, Bruno Retailleau s’est opposé en 2013 au mariage pour tous mais aussi aux thérapies de conversion. En 2024, il rejette l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution.

Le sénateur LR  porte, en 2019, la loi anti-casseurs qui inclut entre autres dans ses textes l’interdiction administrative de manifester. L’article 3 est censuré par le Conseil constitutionnel pour atteinte au « droit d’expression collective des idées et des opinions ». 

En 2018, Bruno Retailleau se fait remarquer sur les ondes, ses propos qui s’apparentent aux discours de l’extrême droite choquent : il parle de «  reconquête régalienne de tous ces territoires perdus de la République Française », évoque une « politique de civilisation » contre l’islamisme ou le wokisme et qualifie sur la chaîne LCP, la police de sécurité de « foutaise ». Lorsqu’en 2023 la mort du jeune Nahel, tué par un tir policier à Nanterre, provoque des émeutes, le sénateur établit un lien avec l’immigration : « Pour la deuxième, la troisième génération, il y a comme une sorte de régression vers les origines ethniques », affirme -t-il au micro de France Info.

 

Vers une nouvelle mouture de la loi immigration ?

 

Pour rappel, en 2023, la proposition de loi pour « reprendre le contrôle de la politique d’immigration, d’intégration et d’asile », déposée par Bruno Retailleau avec le président de la commission des lois, François-Noël Buffet,  prône le durcissement des conditions d’accès aux soins gratuits pour les étrangers malades, de l’accès aux aides sociales pour les travailleurs immigrés, du regroupement familial, de l’acquisition de la nationalité sur le droit du sol (accès au séjour et à la nationalité pour les étrangers mariés avec des Français). 

Le texte demande aussi : la suppression de l’aide médicale de l’État (AME) ; pour les prestations sociales non-contributives, une résidence d’une durée de 5 ans ; l’instauration de quotas migratoires ; le rétablissement du délit de séjour irrégulier ; le versement d’une « caution » à l’État pour les étudiants étrangers avant l’obtention du premier visa étudiant ; la suppression des exceptions aux expulsions ou aux obligations de quitter le territoire français (OQTF)…

Ces mesures s’alignent sur la politique anti-migratoire préconisée par Giorgia Meloni en Europe, notamment le durcissement des contrôles aux frontières, l’augmentation des places et des centres de rétention administratives (CRA), la généralisation des interdictions de retour sur le territoire, la suspension des aides financières aux migrants.

Suite à la censure de 30 % des articles les plus durs de la loi « immigration » par le Conseil constitutionnel, Bruno Retailleau, soutenu par la majorité des sénateurs LR, propose une révision constitutionnelle qui permettrait de durcir les termes du texte. La nouvelle proposition de loi du sénateur contient deux mesures phares : la possibilité de déroger au droit européen en matière d’immigration et d’étendre le champ du référendum à cette question. Mais faute de soutien, Bruno Retailleau doit la retirer.

Dans ce contexte, de nouvelles propositions de loi ne sont donc pas exclues.

Avec la nomination de Bruno Retailleau au poste de ministre de l’Intérieur, le gouvernement Barnier annonce la couleur. Cette décision, qui crée un nouveau consensus à l’Assemblée, devrait satisfaire le RN et ses électeurs.