Les dirigeants des 27 pays membres se réunissent à Bruxelles pour évoquer la répartition des principaux postes à responsabilité dans les institutions de l’UE. L’Allemande Ursula von der Leyen semble en bonne posture pour un nouveau mandat à la tête de la Commission.


 

Le renouvellement de ces postes est rendu complexe par le morcellement du paysage politique européen. Cela semble déboucher sur un consensus inhabituellement précoce autour des noms de l’Allemande Ursula von der Leyen pour un second mandat à la présidence de la Commission européenne, le Portugais António Costa à la présidence du Conseil européen, la Malte Roberta Metsola à la tête du Parlement européen et l’Estonienne Kaja Kallas en tant que chef de la politique étrangère.

Réunis à Bruxelles, les dirigeants des Vingt-Sept débattront, lundi 17 juin, de l’attribution des « top jobs », les plus hauts postes de l’Union européenne (UE), dont la possible reconduction d’Ursula von der Leyen à la tête de la Commission. Cette réunion informelle est un premier rendez-vous pour les chefs d’État et de gouvernement des pays de l’UE après les élections européennes des 6-9 juin marquées par une poussée de l’extrême droite dans plusieurs pays, dont la France et l’Allemagne. Un Conseil européen est prévu les 27 et 28 juin mais un consensus paraît déjà émerger sur les quatre principaux postes de l’UE. Ursula von der Leyen est bien placée pour se succéder à elle-même, en tant que candidate du Parti populaire européen (PPE, droite), la famille politique arrivée en tête des élections avec 190 sièges (+14) dans le nouveau Parlement, selon des résultats encore provisoires. La désignation de l’Allemande de 65 ans, issue de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), n’est toutefois pas automatique : elle a besoin de recueillir une « majorité qualifiée » d’au moins 15 pays, représentant 65 % de la population européenne.

 

Costa cité pour le Conseil européen

Au sein du Conseil européen, le PPE compte une douzaine de dirigeants. Le soutien d’Emmanuel Macron, dans le camp des centristes et libéraux, ainsi que d’Olaf Scholz, issu de la famille des sociaux-démocrates, est crucial. Les deux hommes sont sortis affaiblis des élections européennes : leurs partis ont enregistré une déroute face à l’extrême droite, qui a mené en France à la convocation de législatives anticipées.

À l’inverse, renforcée par ce scrutin, la cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, venue de l’extrême droite post-fasciste, pourrait avoir intérêt à ne pas se prononcer trop tôt sur les « top jobs » et à attendre d’y voir plus clair sur la constitution des groupes au Parlement européen afin de négocier des postes pour sa famille politique, estiment des diplomates. Son groupe des Conservateurs et réformistes européens (ECR) a obtenu 76 sièges, quatre de moins que Renew Europe (comprenant le parti Renaissance d’Emmanuel Macron), mais pourrait voir ses rangs étoffés par un certain nombre d’eurodéputés qui comptent actuellement parmi les quelque 90 non inscrits.

Si elle est effectivement choisie par les dirigeants, Ursula von der Leyen devra ensuite être adoubée par une majorité absolue de 361 eurodéputés nouvellement élus. En 2019, elle avait été élue de justesse, avec 9 voix d’avance.

L’actuel président du Conseil européen — chargé d’organiser et de diriger les sommets des dirigeants des pays membres —, le Belge Charles Michel, qui entretient des relations notoirement difficiles avec Ursula von der Leyen, quitte ses fonctions.

Les sociaux-démocrates, qui constituent le deuxième groupe politique au Parlement européen, revendiquent ce poste et l’ancien Premier ministre portugais António Costa est pressenti.
Le socialiste de 62 ans fait l’objet d’une enquête pour trafic d’influence qui a provoqué sa démission du gouvernement portugais en novembre, mais nombre de diplomates jugent que cela n’est pas un obstacle insurmontable dans la mesure où les soupçons à son égard semblent se dissiper.

 

Une Estonienne cheffe de la diplomatie ?

Également en jeu, le poste de haut-représentant pour les Affaires étrangères était jusqu’à présent occupé par le socialiste espagnol Josep Borrell, qui se retire à 77 ans. La Première ministre estonienne, Kaja Kallas, semble favorite pour lui succéder. Cette libérale de 46 ans serait la seule Européenne de l’Est parmi les titulaires des « top jobs ». La dirigeante s’est fait connaître par un soutien sans faille à l’Ukraine dans la guerre déclenchée par la Russie, pays frontalier de l’Estonie.

À la tête du Parlement européen depuis janvier 2022, la Maltaise Roberta Metsola (PPE), 45 ans, devrait, sauf surprise, rempiler pour un mandat de deux ans et demi.

Avec AFP

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