Les mouvements féministes européens

Une série de 5 épisodes

Pour aborder un sujet aussi vaste l’auteure s’est muée en feuilletoniste en mettant à profit les possibilité du bimédia. Elle nous propose une série de cinq épisodes à suivre tantôt dans « altermidi mag » tantôt sur la plateforme d’information « altermidi.org ». Chacun des articles peut se lire indépendamment des autres.

 

CHAPITRE 2 : BRÈVE HISTOIRE DES FÉMINISMES EN EUROPE

Le féminisme 2.0 : une histoire d’activisme ?

 

Ni una Menos, Pussy Riot, Femen, #MeToo, Sawtchee, Nous toutes, Fiertés, Red Ecofeminista, La Barbe, Mwasi …. : peut-être avez-vous déjà lu, entendu parler de tous ces mouvements. Sans doute en connaissez-vous certains et non d’autres. Ils ne sont pas tous cités, ce sont les plus connus en France. Ils ont tous le même point commun : être suffisamment récents et relayés par les réseaux sociaux et les médias dans le mouvement féministe mondial en cours pour être connus. Ils sont aussi taxés de radicalité. Ils sont aujourd’hui européens mais nés pour quelques uns ailleurs — Amériques ou Russie.

Ils se répandent et se renouvellent, se nourrissent les uns des autres. Ils comptent parmi eux une dizaine ou des milliers de femmes : parfois spécifiquement reliées entre elles dans un combat, parfois tout à fait mélangées — cis genre, trans et de personnes non-binaires, natives, réfugiées, croyantes, racisées.

Le féminisme activiste dans l’Europe des années 2.0 est bien plus répandu et vaste dans ses courants (écoféminisme, afro, lesbien pour ne citer qu’eux) qu’au début du siècle dernier ; il est aussi plus intersectionnel du fait de l’histoire de l’avancement des droits mais aussi de la décolonisation des territoires et des esprits. Il lutte contre un patriarcat infiltré partout (« Patrie, Patron, Patriarcat : même racine, même combat » peut-on entendre en manif’ en France). Il est aussi plus hégémonique, compte parmi ses alliés beaucoup plus d’hommes et de générations mêlées ; est doté de médias indépendants — du magazine et de la newsletter au podcast, d’outils de communication hyper visibles — d’Instagram aux colleur·euse.s. Il est transfrontalier et festif, ciblé parfois (newsletter économiste).

Mais il n’en est pas pour autant plus véhément que dans les années 1890, ou les années 10, 30, 60, 70 ou 90, où des femmes d’un grand nombre de pays européens sabordaient les urnes, brûlaient le code civil, entraient en résistance et en études, écrivaient et sculptaient, créaient des slogans chaque jour, affrontaient la police autant que le mépris. Risquaient leur vie (elles la risquent toujours dans bon nombre de pays hors d’Europe et même en Europe).

1949 – 1992

Il nous faut comprendre notre époque par cette lente avancée des idées féministes dans la deuxième partie du XXe siècle, pour comprendre le défi actuel et ce que les pionnières ont laissé comme trace après la deuxième guerre mondiale. Car entre Hubertine Auclert1 (je prends l’histoire du féminisme non à la racine avec des figures isolées, mais lorsque ce mouvement devient un mouvement d’alliances, c’est-à-dire un mouvement politique, et non une série d’événements isolés, n’en déplaise aux fans d’Olympe de Gouges) et l’obtention du droit de vote (obtenu par décret avec une cinquantaine de signatures masculines en 44), des figures emblématiques partout en Europe sont apparues et ont disparu.

La première guerre mondiale divise l’élan féministe pacifiste avec l’effort de guerre.

Des coalitions comme le LIFPL (Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté) de Gabrielle Duchêne2 en 1934 (Comité mondial des femmes contre le fascisme, naissant avec la montée du fascisme en Espagne, grâce aux témoignages des exilé·e.s italien.ne.s ou espagnol·e.s) crée des oppositions de classe entre féministes en plein voguing et celles qui veulent prendre les armes. En 1936, les Brigades Internationales s’échoue avec la chute de la résistance républicaine espagnole, le manque de soutien, le désespoir face à l’incapacité d’arrêter la guerre.

1940 entraîne les licenciements de toutes les femmes d’influence (scientifiques, politiciennes, avocates, professeuses d’université, docteures, etc.) qui l’ouvrent un peu trop.

Parce que la guerre Froide est là, le WIDF (Women’s international Democratic Federation, anticolonialiste et antiraciste), qui a un statut consultatif auprès du CESNU (Comité pour les conditions des femmes des Nations-Unies) à partir de 47, perd d’abord son siège social à Paris en 1951 et s’installe à Berlin, puis perd ensuite son statut entre 1954 et 1967.

En 1975, cette organisation crée la Journée Internationale de la Femme, qui a pour vocation d’éliminer toutes les discriminations envers les femmes.

Entre 1968 et 1976 se créent en Europe de nombreux mouvements féministes, suite à la traduction dans de nombreuses langues du Women’s Lib américain [en français Mouvement de Libération des Femmes] (elles ont lu Beauvoir3 et Margaret Mead4).

Dans l’ordre : Berlin, Royaume-Uni, Irlande, MLF en France, Italie, Genève, Bruxelles.

Puis vient le tour de la Grèce et de Madrid au milieu des années 1970. enfin le Danemark et l’Islande créent leur propre mouvement.

En 1982 ont lieu les Grands Colloques de Bonn5, où 12 pays européens membres de l’UE vont créer des solidarités au-delà des frontières, orchestrés par une femme exceptionnelle, douée d’un grand pouvoir de conviction : Fausta Deshormes Lavalle6.

En 1995, les suédoises et les finlandaises, depuis longtemps rompues au féminisme d’État, permettent un lobbying au sein du LEF (Ligue Européenne des Femmes), qui amènera au Traité d’Amsterdam en 1996, intégrant aux principes de l’Union Européenne le défi du Gender Mainstream7.

Le Deuxième Sexe

Une bombe à retardement que ce « Deuxième Sexe » de Simone de Beauvoir. Peu le lisent, beaucoup la connaissent, elle, et lorsqu’elle rédige le Manifeste des 3438 en 1971, Beauvoir est déjà relativement âgée. Son tour de passe-passe extraordinaire pour cette tribune est de passer d’un « on » à un « je » pour faire apparaître un « nous ». C’est une révolution. 343 noms : une bombe. Il sort aujourd’hui des tribunes de 100 noms tous les jours. Mais l’impact n’est pas le même. Beauvoir dit « je » au nom de toutes. Révolution politique et littéraire. Les femmes ne doivent pas parler d’elles-mêmes. Car elles ne savent faire que cela.

Il faudra attendre 1992 pour que le « Deuxième Sexe » soit lu par toutes dans le monde : nombre de versions expurgées, avec des traductions parfois idéologiques et à contre-sens, ont enfermé jusqu’alors ce livre dans une littérature mineure. Or, ce livre est essentiel au combat féministe qu’ont entrepris « celles de la deuxième vague » et après elles, celles de la Troisième.

Il faudrait un article pour citer les ouvrages majeurs de la sociologie féministe européenne (notamment française et italienne) qui ont repensé la place des femmes à tous les endroits de la société.

Les américaines ont été majeures dans les années 1960 à 1980 pour l’évolution de la pensée féministe. La troisième vague leur revient. Mais cette pensée n’est présente dans nos vies européennes que depuis très peu de temps (en tout cas en termes de revendications) — une vingtaine d’années tout au plus. Elle influence en grande partie cette quatrième vague, autour du corps et du choix, ainsi que dans l’approche éco-féministe de l’action politique, même si cette notion est pensée en tout premier lieu par Françoise d’Eaubonne9 en 1974.

1890 – 2024

À l’ère du numérique, et avec la déferlante #MeToo, nous vivrions la quatrième vague du mouvement, celle de l’intime. Alors qu’il y a 140 ans, les pionnières se battaient pour leur place au travail, dans les Arts, leur droit à passer le bac, à voter.

Cette quatrième vague, fortement relayée grâce aux réseaux sociaux, fait avancer le schmilblick — obligations de mise en place de formations pour les entreprises, les parlementaires, les cadres de certaines fonctions publiques ; publicités métropolitaines contre les discriminations, distribution de protections menstruelles dans les établissements scolaires et universitaires ; you tubeureuses, podcasts, articles de fond dans la presse mainstream et de dossiers d’investigation dans la presse indépendante, livres de chercheuses affichant des ventes record ; enfin textes de lois, avancées constitutionnelles, débats à tous les étages autour, notamment, des réalités physiologiques des femmes (voir les deux essais d’Élise Thiébaut10, « Ceci est mon Sang » et tout récemment, comme en réponse aux allégations d’Emmanuel Macron sur la ménopause, « Ceci est mon Temps »11, paru au Diable Vauvert en mars dernier).

Les corps et les mots des femmes, autrement dit, leur présence, voici les outils et les armes des femmes au combat pour leurs droits, et qui pourraient résumer l’histoire du féminisme. C’est parce qu’elles quittent leurs intérieurs pour se rendre à des endroits interdits, s’y dévoiler parfois, y prendre la parole, qu’on les voit. Essayer de les faire taire, de les neutraliser, il n’y a rien de plus simple : il suffit de les menacer, de les contraindre par la force, de les invisibiliser.

Mais elles reviennent toujours : grandes lectrices, par leurs écrits ou leurs lectures, grandes bourgeoises, par le réseau et l’appui de leurs maris, grandes visionnaires, par leurs idées, grandes forcenées, par leur expérience de l’étude, de l’Art ou de la guerre, et, grandes intuitives parce qu’opprimées, grandes organisatrices parce que recluses dans un foyer, elles comprennent la force de l’engagement par les alliances, la mobilité, la revendication par l’action, la stratégie à long terme. Avec comme armes leur corps et leurs mots, parfois le fusil ou la flamme, mais plus rarement, car le pacifisme doctrinaire (réaliste) est un des maître-mots du féminisme, avec le refus de la confrontation et la recherche du dialogue, ou la lutte antifasciste, l’anti-capitalisme et l’anti-patriarcat mais surtout le refus et la dénonciation de la violence comme pratique sociale (armée, église, universités, usines, bureau, famille, espace public — aujourd’hui celui-ci est double : sur internet et dans la rue). Leurs affiches montrent leur unification loin des médias et de la pub’, et leurs actions iconoclastes sont souvent dotées d’humour.

Il y a plus d’un siècle, des poignées de femmes brillantissimes et courageuses dans les pays d’Europe arrivaient à résister et s’allier peu ou prou, malgré les deux guerres, qui ont éradiqué les plus engagées, les moins protégées d’entre elles.

Aujourd’hui, iels sont des milliers de toute condition interconnecté.e.s et débattent et agissent comme toujours : avec force et désaccord, en toute sororité, avec leurs armes de toujours face aux discours en réaction qui changent peu, car les peurs et angoisses face aux succès des combats féministes restent les mêmes : la féminisation de la société, la confusion des sexes menant à la décadence.

Et toujours, en sourdine, le même discours : la violence des féministes, la folie ou l’hystérie des féministes, la dictature des féministes, les chasses aux sorcières des féministes, le « clivant » des féministes. Et des femmes pacifistes, aux seins nus, se font embarquer manu militari, quand on voit des policiers protéger des rassemblements de haine.

Ce n’est pas nouveau.

Ce qui est patent, c’est, d’une part, le sentiment de groupes en arrêt : un esprit réactionnaire indigent qui tente de s’organiser au sein d’une élite masculine encore en place, intergénérationnelle (la défense de Julien Bayou12, l’affaire Depardieu13, l’échec de la loi sur le congé menstruel malgré le simulateur de règles douloureuses infligé aux parlementaires) et au sein des jeunes générations en perte de repères familiaux, politiques, par un retour au masculinisme décomplexé et violent, au milieu, un groupe s’accrochant à certains privilèges ou négociant leur place dans le monde ;

d’autre part, un mouvement : des centaines de petits groupes papillonnent autour de fondations, d’associations vénérables côtoyant de toutes nouvelles prenant du poids, de syndicats ripolinés, d’artistes de tout poil émergents ou confirmés, d’étudiant·es de grandes écoles et de militant·es de la base de toujours et nouveaux venus, ne lâchant rien, s’organisant, réclamant des droits, s’en référant à des écrits ou à leur expérience, et dont il est difficile de croire, ce mouvement, qu’il s’arrêtera un jour.

Demain

Il existe aujourd’hui une extension du contentieux. Mais il nous faut un véritable état des lieux systémique, des statistiques fiables et recoupées, et ce au niveau national et européen.

Le chemin est long et personne n’est dupe, mais la tendance actuelle au débordement des mots — pancartes, slogans, tribunes, hashtags, chansons, romans — laisse penser que tant que personne ne bâillonnera, tranchera des doigts, arrachera des langues ou lobotomisera, le flot de cette vague-ci pourrait bien continuer de creuser un lit qu’il sera difficile d’assécher.

Car les armes du féminisme, ce sont bien en premier lieu les mots : contre le silence et contre les tabous, la prise de parole est comme un acte de défi mais elle est aussi et surtout un acte de réparation et de soin, une manne nécessaire inextinguible qui finit par atteindre des oreilles inespérées..

Claire Engel

Notes:

  1. Marie Anne Hubertine Auclert, (1848-1914), est une journaliste, écrivaine et militante féministe française qui s’est battue en faveur de l’éligibilité des femmes et de leur droit de vote. Fervente républicaine, elle condamne un régime qui n’a pas su aller au bout de sa propre logique, un régime dans lequel le suffrage universel demeure un idéal à atteindre. Tout au long de sa vie, elle en pointera les paradoxes législatifs. Outre l’indépendance économique des femmes, le droit à l’éducation, ou encore l’égalité dans le mariage et le divorce, Hubertine Auclert milite sur la place publique et dans la presse pour les droits politiques des femmes, qu’elle considère comme la pierre angulaire de tous les autres droits.
  2. Gabrielle Duchêne (1870-1954) est fondatrice de « l’Office français du travail féminin à domicile » (1913) ; durant la Première Guerre mondiale, fondatrice du Comité intersyndical contre l’exploitation de la femme dont elle fut la secrétaire adjointe ; présidente de la section française du Comité international des femmes pour la paix permanente fondée en 1915 et secrétaire de la section française de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté ; secrétaire du Comité mondial de lutte contre la guerre et le fascisme.
  3. Simone de Beauvoir (1908-1986) publie en 1949 Le Deuxième Sexe, un essai philosophique et féministe, qui devient la référence du féminisme moderne et la révèle comme une grande théoricienne du mouvement de libération de la femme. S’indignant de voir la femme traitée comme un objet érotique, elle décrit une société où la femme est maintenue dans un état d’infériorité et prône l’égalité dans la différence et l’émancipation de la femme. Son analyse de la condition féminine à travers les mythes, les civilisations, les religions, l’anatomie et les traditions fait scandale, et tout particulièrement le chapitre où elle parle de la maternité et de l’avortement, assimilé à un homicide à cette époque. Quant au mariage, elle le considère comme une institution bourgeoise aussi répugnante que la prostitution lorsque la femme est sous la domination de son mari et ne peut en échapper. (Wikipédia)
  4. Figure américaine de l’anthropologie, ethno-graphe, enseignante et intellectuelle engagée, Margaret Mead (1901-1978) cherche à montrer – en tout état de cause elle affirme – que les traits de caractère et le comportement des hommes et des femmes résultent de conditionnements sociaux. On dirait aujourd’hui qu’être homme ou bien qu’être femme est une “construction sociale”. Mead s’inscrit ainsi dans la catégorie des penseurs pour lesquels la relativité des cultures est fondamentale. Combattant l’idée d’un “éternel féminin”, elle passe pour une icône du culturalisme. Selon elle, hommes et femmes jouent à être des hommes et des femmes, mais ils ne sont pas intrinsèquement différents. L’anthropologue a de la sorte baptisé “sexe social” ce que maintenant nous entendons par “genre”. (cairn.info)
  5. Les 17 et 18 mai 1982, la conférence de Bonn réunit 40 associations. Si des oppositions internes sur la façon de s’organiser et un certain euroscepticisme empêchent la création d’une ONG, les participantes se félicitent que ce colloque contribue « à la connaissance réciproque des citoyennes européennes, à la découverte de la solidarité au-delà des frontières, et à l’espoir dans la dimension européenne plutôt que dans les solutions nationales ». (LEF)
  6. Fausta Deshormes La Valle (1927-2013) journaliste italienne engagée sur les questions européennes a été nommée, en 1976, chef du « Bureau d’information des femmes » créé par la Commission européenne. Elle a été à l’origine de nombreuses initiatives pour impliquer les femmes dans le débat sur l’égalité des genres et l’intégration européenne.
  7. le gender mainstreaming est : « la (ré)organisation, l’amélioration, l’évolution et l’évaluation des processus de prise de décision, aux fins d’incorporer la perspective de l’égalité entre les femmes et les hommes dans tous les domaines et à tous les niveaux, par les acteurs généralement impliqués dans la mise en place des politiques ». (Conseil de l’Europe)
  8. Le manifeste des 343 est une pétition parue le 5 avril 1971 dans Le Nouvel Observateur, appelant à la légalisation de l’avortement en France, en raison notamment des risques médicaux provoqués par la clandestinité dans laquelle il est pratiqué. Selon le titre paru à la une du magazine, il s’agit de « la liste des 343 Françaises qui ont le courage de signer le manifeste “Je me suis fait avorter” », s’exposant ainsi à des poursuites pénales pouvant aller jusqu’à l’emprisonnement. Le manifeste ouvre la voie à l’adoption, quatre ans après, de la loi Veil, qui dépénalise l’avortement.
  9. Françoise d’Eaubonne (1920-2005) est une autrice et militante française. Ses engagements reflètent l’histoire intellectuelle française au xxe siècle, puisqu’elle s’engage notamment en faveur de la Résistance, du Parti communiste, des droits des femmes et des homosexuel∙le∙s, et contre le colonialisme, la psychiatrie, les sectes… Féministe convaincue, elle est aussi la mère de la pensée écoféministe.
  10. Élise Thiébaut, (1962) est journaliste écoféministe et autrice. Elle a publié plusieurs livres sur les menstruations, un essai sur la place des femmes dans l’histoire et a écrit une biographie de Françoise d’Eaubonne, pionnière de l’écoféminisme. Elle anime une newsletter bimensuelle et a créé la collection Nouvelles Lunes aux éditions Au diable vauvert. Elle collabore à la revue La Déferlante (revue des révolutions féministes).
  11. Élise Thiébaut nous invite à « ne plus vivre pour l’espèce, mais pour l’esprit ».
  12. Le député, ex-leader d’EELV Julien Bayou a quitté le groupe écologiste et a démissionné du parti Les Écologistes suite à l’accusation par son ex-conjointe de “violences psychologiques” et de sa plainte portée pour “harcèlement moral” et “abus frauduleux de l’état de faiblesse”. Des députées et députés du groupe demandaient dans une lettre ouverte une « sanction » contre Julien Bayou. « Le groupe ne peut dénoncer un système d’oppression fondé sur la silenciation permanente des femmes victimes de violences s’il reproduit exactement les mêmes schémas », s’alarmaient-ils. Ils craignaient alors que le groupe ne s’en remette uniquement à la justice, alors qu’« on connaît son incapacité structurelle à condamner les violences faites aux femmes ».
  13. Depuis la révélation de l’affaire Depardieu en 2018, vingt femmes ont accusé l’acteur de violences sexuelles et sexistes (…) notamment sur le tournage de onze films sortis entre 2004 et 2022. En 2024, deux autres femmes ayant travaillé sur le tournage du film « Les Volets verts » ont accusé le comédien d’agressions sexuelles. Celui-ci, qui dément tout comportement pénalement répréhensible, a été envoyé par une décision d’avril 2024 devant le tribunal correctionnel. Une affaire qui révèle aussi une forme de complaisance française face à #MeToo. (Mediapart)