Le Premier ministre Gabriel Attal visitera une ferme ce dimanche à la veille du début du « siège de la capitale » promis par certains agriculteurs qui estiment les annonces du gouvernement insuffisantes.
Dès lundi, à 14 heures, « tous les axes lourds menant à la capitale seront occupés par les agriculteurs », ont précisé samedi soir la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs du Grand Bassin parisien dans un communiqué. Les deux syndicats ont précisé que leurs membres dans plus de 12 départements entameraient « un siège de la capitale pour une durée indéterminée ». Ce n’est toutefois pas un appel des deux organisations au niveau national, qui n’ont pas encore décidé de leur stratégie pour l’avenir mais semblent engluées dans leurs contradictions. « On va prendre le week-end pour reposer les esprits et les corps » et « pour recalibrer la mobilisation de la semaine prochaine », avait déclaré plus tôt à l’AFP Pierrick Horel, secrétaire général des Jeunes Agriculteurs (JA).
Pour tenter d’éteindre la révolte montée des campagnes, où beaucoup ne parviennent plus à vivre de leur métier, le Premier ministre a dévoilé vendredi des mesures d’urgence en Occitanie, berceau de la contestation. « On ne vous lâchera pas », a-t-il lancé. Pas sûr que cet habile renversement dialectique rende le débat fertile avec les agriculteurs dont le mouvement est soutenu par 89 % des Français ainsi que les sympathisants de l’ensemble des partis politiques1.
Dans une mise en scène grotesque où le pôle communication de Matignon a jugé opportun de remplacer le pupitre de conférence par un ballot de paille, Gabriel Attal a accédé à quelques-unes des demandes les plus pressantes des manifestants, entre l’abandon de la hausse de la taxe sur le gazole non routier (GNR), des indemnités gonflées pour les éleveurs touchés par la maladie des bovins MHE, des sanctions contre trois industriels de l’agro-alimentaire ne respectant pas les lois EGAlim sur les prix. Les mesures « sont appelées à se décliner sur d’autres sujets », a promis samedi le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau.
Face aux annonces du gouvernement destinées à calmer la colère agricole, les réactions divergent entre ceux qui estiment avoir obtenu satisfaction et ceux qui pensent que le compte n’y est pas. Dans certains département la situation a connu samedi une tendance à l’accalmie et la circulation a repris sur un certain nombre d’axes routiers, comme dans les Bouches-du-Rhône où les agriculteurs devaient lever samedi soir leurs derniers barrages. Le préfet leur a promis une série de discussions locales sur des sujets comme la gestion de l’eau ou les besoins du secteur en main-d’œuvre étrangère. En Haute-Garonne, Joël Tournier, l’un des porte-parole du mouvement à Carbonne, estime avoir été entendu : « On a eu quelques réponses » même si « tout ne sera pas parfait de suite », juge-t-il pour expliquer la décision de lever le barrage emblématique sur l’autoroute A64, où la circulation a repris samedi dans les deux sens.
Dans l’Aude, terre historique de révolte des agriculteurs, certains viticulteurs disent n’avoir plus rien à perdre. Après l’explosion qui a soufflé le bâtiment de la direction régionale de l’environnement de Carcassonne, c’est la Mutuelle sociale agricole de Narbonne qui est partie en flammes vendredi, le rayon vin de Carrefour a, lui, été saccagé (toutes les bouteilles espagnoles fracassées au sol).
Dans le Gard, le président du syndicat FDSEA 30, David Sève, entend maintenir un blocage à hauteur de Nîmes. « Tant que des mesures viticoles ne sont pas annoncées, et tant que même les autres mesures ne le sont pas, on ne peut pas lever le camp », assure-t-il.
Les agriculteurs de la Coordination rurale du Lot-et-Garonne, l’un des points chauds de la mobilisation en France, ont pour leur part annoncé leur intention de « monter à Paris » à partir de lundi pour aller bloquer le marché d’intérêt national de Rungis.
Avec AFP
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