Pour « Vivre sa jeunesse », HIATUS fait le choix de l’écouter. Le choix de ne rien savoir rien croire rien penser presque rien. Juste de quoi être là, à côté, et faire entendre trois voix qui cherchent et trouvent les mots pour vivre leur vie. Les voix de Timothée 22 ans, Rachel 15 ans et Rija 23 ans.
Pour le N°9 du trimestriel altermidi magazine, HIATUS leur donne la parole en attendant les autres …
TIMOTHÉE
(extrait)
Dans un café à Sète, enregistré sur mon téléphone.
Hiatus : Quand je te dis que j’aimerais t’interroger… que le thème c’est « Vivre sa jeunesse »… tu me dis « OK. Mais je ne sais pas ce que j’ai à dire ».
Timothée : C’est que ça peut être difficile d’être jeune dans la société actuelle. Parce que je trouve qu’il y a un manque extrêmement dangereux d’écoute, de ce que disent les jeunes, de ce qu’ils ressentent. Et ceci est d’autant plus paradoxal que les jeunes sont les citoyens de demain… L’avenir littéralement. C’est extrêmement dangereux de ne pas tenir compte de tout ce qu’ils ont à dire. De ne pas tenir compte du progressisme dont souvent ils font l’éloge.
H : T’as le sentiment toi qu’être jeune… La première chose que tu me dis c’est… ne pas être écouté ?
T : Ouais. On pourrait parler, d’ailleurs ça se dit, d’âgisme. Oui, on nous prend à la légère. On nous dit qu’on est complètement dégénéré, abruti par les écrans.
H : Justement ton rapport à l’écran, c’est quoi pour toi ?
T : Quand je disais ça j’avais dans la tête la phrase récente d’Emmanuel Macron sur les émeutiers qui disait que « c’étaient des jeunes qui avaient trop joué aux vidéos ». Ce genre de propos pour moi c’est horrible. Ça se sert d’idées reçues sous-jacentes. Il se sert de ça pour décrédibiliser des mouvements qui ont une légitimité.
H : Pour discréditer la parole jeune à la racine ?
T : Exactement.
H : Mais toi qui te rends compte que tu es dans cette société-là, qu’est-ce qui te permet de vivre ta jeunesse si elle n’est pas écoutée ?
T : La jeunesse est en colère…
