Augmentation générale ou revalorisations ciblées sur les agents les moins bien payés ? Le gouvernement reçoit lundi à Paris les huit syndicats de fonctionnaires pour leur dévoiler les mesures salariales qu’il envisage afin d’amortir le choc persistant de l’inflation.
Face à la flambée des prix (5,1 % sur un an en mai, selon l’Insee) et tout particulièrement des produits alimentaires (+14,1 %), les syndicats, soudés par leur opposition commune à la réforme des retraites, réclament unanimement une augmentation générale, d’une ampleur variable selon les organisations.
Alors qu’un agent public sur cinq est payé au salaire minimum, « les replâtrages parcellaires ne sont plus à l’ordre du jour », a averti vendredi par communiqué la CGT, premier syndicat du secteur public. « Une revalorisation générale d’au moins 10 % » des salaires est nécessaire, ajoute auprès de l’AFP Céline Verzeletti, patronne de la fédération CGT des fonctionnaires d’État.
Les organisations syndicales devraient être fixées lundi à 14h30 sur les intentions du gouvernement. Ces dernières semaines, l’exécutif a semblé décidé à faire un geste pour les fonctionnaires les moins bien rémunérés mais a entretenu le flou sur d’éventuelles mesures générales qui bénéficieraient à l’ensemble des 5,7 millions d’agents publics.
Le ministre de la Fonction publique, Stanislas Guerini, a déjà reçu les syndicats un par un fin mai. « On est ouverts à de longues discussions » dans le cadre de la réunion plénière, indique à l’AFP l’entourage du ministre, qui espère pouvoir s’accorder avec les syndicats dès lundi et annoncer dans la foulée les mesures retenues. « On a entendu » la volonté d’augmentation générale des syndicats, assure-t-on au ministère. Mais dans un contexte budgétaire contraint, « les efforts (…) doivent être concentrés sur le pouvoir d’achat notamment des bas salaires », ajoute-t-on de même source.
Des mesures ciblées sur les agents les plus mal rémunérés ne seraient pour autant « pas forcément incompatibles » avec une augmentation générale. Le traitement des agents de l’État, des collectivités et des hôpitaux a déjà été revalorisé de 3,5 % à l’été 2022, un geste dont le coût pour les finances publiques a été chiffré à 7,5 milliards d’euros en année pleine.
Renouer le dialogue
Du côté des collectivités, qui emploient 2 millions de fonctionnaires, « il n’y a pas beaucoup de marge de manœuvre sur les budgets », déjà ficelés depuis des mois, assure à l’AFP Philippe Laurent, le porte-parole de la Coordination des employeurs territoriaux.
Pour M. Laurent, une augmentation générale « autour de 2 % », assortie de mesures pour les plus bas salaires, serait appropriée. « On ne peut pas continuer à courir après le Smic comme on le fait depuis de trop nombreuses années », insiste Gaëlle Martinez, déléguée générale de Solidaires Fonction publique (6e syndicat).
Quel que soit l’arbitrage salarial retenu, ce dernier risque d’être inférieur aux attentes des syndicats, souvent demandeurs d’une revalorisation à deux chiffres. Plus forte que les précédentes, la hausse de 3,5 % de l’été dernier n’a pas entraîné une « augmentation équivalente du pouvoir d’achat des agents publics », a regretté vendredi Le Sens du service public, un think tank essentiellement composé de cadres du secteur. Il s’agissait d’une « forte revalorisation » mais elle est intervenue « dans un contexte d’inflation importante et après dix années de gel » des salaires des fonctionnaires (hormis une hausse en deux temps d’1,2 % à la fin du quinquennat de François Hollande), note le groupe de réflexion.
Au-delà des salaires, le gouvernement veut renouer durablement le dialogue avec les syndicats, qui ont un temps boycotté les réunions officielles au ministère pour protester contre le report à 64 ans de l’âge légal de départ à la retraite. Stanislas Guerini espère ainsi leur soumettre rapidement un projet d’accord sur le financement par l’État des frais de prévoyance de ses agents. Des dispositifs d’aide au logement des fonctionnaires pourraient également être annoncés dans les prochaines semaines.
Avec AFP