Après une expérimentation de six mois dans six collèges audois, le département de l’Aude vient de généraliser l’installation de distributeurs de serviettes périodiques gratuites dans tous les établissements que la collectivité gère. Un dispositif qui, au-delà de lutter contre la précarité menstruelle des jeunes filles, source d’absentéisme chronique, œuvre pour l’égalité femme/homme.

À compter du lundi 6 mars, et alors que la Journée internationale des droits des femmes est célébrée ce mercredi 8 mars, chaque collège public audois s’est vu doté d’un distributeur de serviettes périodiques gratuites. Installés dans les sanitaires des filles, ils sont laissés, en libre-service et en toute discrétion, à l’attention des collégiennes.

Ce déploiement, réalisé à l’échelle départementale en ce retour des vacances d’hiver, fait suite à une expérimentation menée au printemps 2022 dans 6 collèges du territoire, sélectionnés afin de constituer un échantillon représentatif des adolescentes audoises :

  • Collège avec internat : Joseph-Delteil de Limoux
  • Collège rural : Pierre-et-Marie-Curie de Rieux-Minervois
  • Collège urbain : Cité de Narbonne
  • Collège R.E.P. réseau d’éducation prioritaire – zone sensible : Jules-Verne de
    Carcassonne
  • Collège à effectif médian : Blaise-d’Auriol de Castelnaudary
  • Collège précurseur : Joseph-Anglade de Lézignan-Corbières

À l’issue de cette expérimentation, il s’avère que la présence de distributeurs de serviettes périodiques dans les établissements a un impact indirect positif puisqu’il favorise la libération de la parole autour des règles, sujet parfois tabou entre les adolescents, mais aussi dans certaines familles. Ce dispositif offre également aux équipes enseignantes et d’encadrement un prétexte pour aborder le thème plus large de la sexualité mais aussi le risque de syndrome de choc toxique menstruel (SCT)1, rare mais gravissime.

Afin d’offrir une sécurité optimale, les serviettes périodiques distribuées sont certifiées Bio et OEKO-TEX®. Tous les collèges seront désormais équipés et fournis régulièrement par la collectivité qui, se basant sur les statistiques nationales pour évaluer les besoins, a passé
commande pour 75 000 unités par an, pour un budget de près de 20 000 euros pour la première année (incluant la mise en place des distributeurs).

Chaque année, l’absentéisme pour précarité menstruelle touche environ 12 % des jeunes filles, en France. Faute de serviettes périodiques, elles se voient contraintes de rester chez elles, le temps de leurs menstruations. Une injustice, source d’absentéisme, de décrochage scolaire et d’inégalité d’accès à l’éducation, que le département de l’Aude avait à cœur d’éradiquer en se positionnant comme collectivité pilote en la matière.

Notes:

  1. Le choc toxique staphylococcique est une maladie aigue rare mais grave pouvant survenir au cours des règles lors d’utilisation de dispositifs vaginaux (tampons, coupes menstruelles) chez des patientes souvent jeunes, en bonne santé et porteuses de la bactérie S. aureus ( staphylococcus aureus ou staphylocoque doré) productrice de TSST-1 (toxine du choc toxique staphylococcique) au niveau vaginal. Cette bactérie est présente de façon naturelle chez l’espèce humaine, en particulier dans le nez, la gorge, le vagin, au niveau du périnée, sur la peau, etc. Mais chez certaines personnes prédisposées, à faible immunité, la bactérie peut se multiplier, engendrant alors une infection et fabriquant des toxines.