La guerre de l’information fonctionne à plein régime entre l’Union européenne et la Russie.
Alors que l’UE a déjà interdit cinq médias publics russes dont RT et Sputnik, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a annoncé, le 7 décembre dernier, vouloir suspendre quatre chaînes supplémentaires, accusées de nourrir « la machine de propagande russe »1.
Ainsi les comptes bancaires de RT France, branche française, ont été gelés. Interrogé par l’AFP, le ministère français de l’Économie avait précisé que les avoirs de la chaîne avaient été gelés en application des sanctions européennes les plus récentes et non à l’initiative de l’État français.
La Fédération européenne des journalistes, de son côté, critique la méthode, affirmant que l’interdiction de médias par les États représente un danger pour la profession. Dans un entretien donné à France 24, son secrétaire général Ricardo Gutiérrez précise :
« Les règles sont très claires dans ce domaine : si ces chaînes de télévision violent les règles de diffusion, en incitant à la haine par exemple, alors oui, elles doivent être interdites. Mais il ne suffit pas de dire que ce sont des propagandistes. Dans chaque pays, l’État doit porter plainte auprès de l’organisme chargé de la régulation des médias, à qui il revient de statuer indépendamment. Ce système est essentiel pour protéger la presse contre les interférences politiques.
Or pour RT et Sputnik, le Conseil européen a voulu aller vite et a court-circuité ces instances : ce sont les États qui ont voté directement l’interdiction en l’intégrant aux sanctions économiques contre les entreprises russes. Cette mesure crée un dangereux précédent qui représente une menace pour la liberté de la presse.
La lutte contre la propagande passe par le développement de médias de qualité, par la pédagogie, et non par des mesures répressives ou des lois anti-fake news comme celle qui a été adoptée en France. La meilleure arme reste de porter un contre-discours et de convaincre. »
« Avec cette sanction, ce sont près de 100 salariés et environ une cinquantaine de journalistes qui basculeront probablement dans le chômage », s’étaient émus dans un communiqué les sections FO (Force ouvrière) et SNJ (Syndicat des journalistes) de RT France, selon qui les comptes « sont gelés sur décision de l’État français ».
Dessin Bénédicte ( cartooning for peace Suisse)