Le diplodocus est une petite maison d’édition jeunesse indépendante. On y trouve des ouvrages à l’écriture singulière et aux illustrations inventives. Installée à Quissac, dans le Gard, elle connaît un succès grandissant, mais tout n’y est pas simple…


 

Floriane Charron a créé sa structure en septembre 2015, d’abord à Liouc, un petit village du Gard, puis en 2021 elle s’est installée à Quissac. Elle fut bien avant éditrice pour d’autres maisons, mais dans un contexte difficile, elle subit le chômage. Alors, passionnée par un métier qu’elle connaissait bien, elle décida de monter sa propre entreprise.

 

Que publiez-vous exactement ?

Je ne publie que pour la jeunesse, jusqu’à neuf ans à peu près. Mes choix de publications, je les fais au coup de cœur, je n’édite pas de contes, pas d’histoires sur les princesses et les chevaliers. Je préfère les histoires modernes, qui traitent de l’écologie, de l’immigration, de l’amitié, des familles monoparentales ou recomposées… Beaucoup d’écrivains nous contactent et nous envoient leurs manuscrits. On en reçoit près de mille deux cents par an ! Mais on n’en publie que six ou sept annuellement.

 

Comment choisissez-vous vos ouvrages ?

Les gens pensent qu’écrire un livre pour enfants c’est facile et ils les envoient aux éditeurs. Notre sélection est donc sévère. Il faut que ce n’ait pas déjà été vu, que ça apporte quelque chose, que ça nous plaise, que ce soit adapté aux enfants. C’est vraiment le style qui nous accroche ou pas, sa fluidité. Nous avons un comité de lecture composé d’une quinzaine de personnes de toutes professions qui nous donne son avis quand on hésite. Quand on est sûrs, on répond immédiatement avant que d’autres maisons d’édition ne le prennent.

 

Et pour les illustrations, s’il n’y en a pas ?

Parfois on contacte des illustrateurs sur un texte qui nous plaît. Avant, on disait qu’il nous fallait un texte fort, mais maintenant on sait aussi que l’illustration est très importante. D’ailleurs, parfois, les gens achètent un livre juste pour la couverture. Nous devons en tenir compte car ce sont les adultes qui choisissent. Il y a donc une partie marketing qui leur est destinée. Certains livres plaisent plus aux enfants qu’aux adultes et parfois, c’est l’inverse.

 

Avez-vous un titre qui a bien marché ?

Parmi nos succès, je vous citerai notre trilogie « couleurs jardin » (bleu jardin, rouge jardin et vert jardin), des albums tout carton destinés aux 2-5 ans pour découvrir le jardin dans toute sa variété de couleurs et sa biodiversité, des albums interactifs qui proposent à l’enfant de jouer et d’intervenir dans l’histoire. Accompagner les mésanges bleues toute une année en les aidant à fabriquer leur nid et à nourrir les oisillons, par exemple… Chaque titre est illustré par une artiste différente et se termine par une activité ou une recette. Nous avons vendu en six mois le premier tome à 1 600 exemplaires !

 

Avez-vous réalisé des publications inattendues ?

Une autre initiative originale que nous avons prise a été de racheter en Chine les droits d’un petit livre pour enfants à partir de deux ans. Nous l’avons traduit, grâce aux auteurs, et publié récemment. C’est que ce livre traite de l’apprentissage du don. En effet, un petit garçon, sur un chemin, échange son beau chapeau neuf contre une pomme, puis la pomme contre une fleur et ainsi de suite, jusqu’à une chanson pas très belle mais terriblement joyeuse. Et sur le chemin du retour il n’a plus rien à échanger, mais beaucoup de bonheur à transmettre. Un très beau travail, très bien accueilli, intitulé Un garçon sur un chemin

 

Comment se fabrique votre notoriété ?

Quelques-uns de nos livres gagnent de petits prix littéraires, d’autres ont droit à des traductions à l’étranger, certains sont cités dans la presse ou des revues spécialisées. Notre entreprise fonctionne bien et nous permet de rétribuer nos auteurs, mais pas encore de dégager des salaires pour nous. Bientôt, peut-être, on l’espère très fort !

 

Thierry Arcaix

 

 

 

Contact : floriane@le-diplodocus.fr 06 88 30 62 02 – 14, rue du Dr Rocheblave 30260 Quissac

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Thierry Arcaix a d’abord été instituteur. Titulaire d’une maîtrise en sciences et techniques du patrimoine et d’un master 2 en sciences de l’information et de la communication, il est maintenant docteur en sociologie après avoir soutenu en 2012 une thèse portant sur le quartier de Figuerolles à Montpellier. Depuis 2005, il signe une chronique hebdomadaire consacrée au patrimoine dans le quotidien La Marseillaise et depuis 2020, il est aussi correspondant Midi Libre à Claret. Il est également l’auteur de plusieurs ouvrages dans des genres très divers (histoire, sociologie, policier, conte pour enfants) et anime des conférences consacrées à l’histoire locale et à la sociologie.