Plan pour Marseille, investissements France 2030 ou Contrat d’Engagement Jeune : l’Assemblée nationale s’apprête à voter en première lecture mardi le projet de budget 2022, complété au fil des débats et des annonces présidentielles, et jugé « électoraliste » par les oppositions.
Les députés se prononceront en fin d’après-midi sur ce dernier budget du quinquennat, recettes et dépenses comprises, lors d’un vote solennel après la séance de questions au gouvernement. Le projet de loi de finances (PLF) va poursuivre son parcours au Sénat avant la navette parlementaire et son adoption définitive avant Noël.
Après le « quoi qu’il en coûte » durant la crise sanitaire, le gouvernement défend un budget de « normalisation » et d’investissements pour « accompagner la reprise ». Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire loue la croissance retrouvée, 6,25 % prévus en 2021 et 4 % en 2022, et la baisse du chômage.
Au coup d’envoi des débats début octobre, les oppositions ont critiqué un parcours de « golf », un « budget à trous » suspendu aux annonces d’Emmanuel Macron, taxé d’être déjà en campagne pour un second mandat.
Entre la présentation du projet de budget et la fin de son examen en première lecture au Palais Bourbon, 11,8 milliards de dépenses supplémentaires ont été ajoutées, pour porter la prévision de déficit à 5 % du PIB en 2022, avec un solde négatif de 155 milliards d’euros.
La méthode a souvent hérissé l’opposition, tout particulièrement l’adoption relativement rapide de « l’amendement le plus cher de la Ve République » (Valérie Rabault, PS). Il s’agit d’une promesse de 34 milliards d’euros d’investissements pour décliner en plusieurs années le plan d’investissements France 2030 annoncé par Emmanuel Macron pour « réindustrialiser » le pays et « décarboner » l’économie.
En 2022, la première tranche de ce plan représente 3,5 milliards d’euros seulement, mais droite et gauche voient dans la mesure le symbole d’un budget « électoraliste » qui « enjambe » l’élection présidentielle.
« Nucléaire » et « avion bas carbone »
« C’est surtout sur le fond que cet amendement est historique. Sur du moyen terme, du long terme, on a acté que la France allait investir 34 milliards d’euros sur des filières d’avenir comme le nucléaire ou l’avion bas carbone », répond le rapporteur général du budget, Laurent Saint-Martin (LREM).
« C’est majeur parce que si nous nous arrêtions après le “quoi qu’il en coûte” et le plan de relance, on n’aurait fait que la moitié du chemin », estime le député.
Autre ajout, quelque 550 millions pour le Contrat d’Engagement Jeune présenté par le président de la République le 2 novembre.
Le dispositif proposera aux jeunes de moins de 25 ans les plus éloignés de l’emploi et des études une allocation pouvant aller jusqu’à 500 euros par mois en échange de 15 à 20 heures de formation et d’accompagnement. Il doit viser « au moins 400 000 jeunes en 2022 ».
L’opposition de gauche, qui plaidait pour une extension du RSA aux 18-24 ans, juge la mesure « tardive » et « insuffisante ».
Face à la flambée des prix de l’énergie, l’Assemblée nationale a en outre validé le « bouclier tarifaire » du gouvernement : gel des tarifs réglementés du gaz et limitation à 4 % du tarif réglementé de l’électricité. L’indemnité inflation de 100 euros figure pour sa part dans le budget rectifié pour 2021.
Le gouvernement a encore complété ce PLF (projet de loi de finances) 2022 par son plan pour Marseille, dont 30 millions de subventions et 100 millions d’avances remboursables dès 2022 pour les transports.
Ou par des mesures pour les harkis, avec une première tranche de 50 millions d’euros dès 2022 pour concrétiser le projet de loi de « réparation » promis à ces Algériens ayant combattu aux côtés de l’armée française durant la guerre d’Algérie.
Côté dépenses ministérielles, le gouvernement assume des hausses pour le régalien (Armées, Intérieur, Justice), grand gagnant de ce cru 2022.
Le Haut Conseil des finances publiques (HCFP) regrette un effort de désendettement insuffisant. Et l’opposition de droite fustige une « euphorie dépensière ».
À Bercy, on laisse entendre qu’une croissance supérieure aux attentes en 2021 pourrait permettre d’engranger de « 3 à 5 milliards d’euros » de recettes supplémentaires, qui « iraient à la réduction du déficit et de la dette », selon Bruno Le Maire.
AFP