Les membres de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) réunis en congrès à Marseille ont appelé, vendredi 10 septembre, à agir « radicalement » sur les causes de la perte de biodiversité.


 

Le Congrès mondial de la nature est organisé par l’Union internationale de conservation de la nature (UICN). « Le Congrès de l’UICN sert de parlement irremplaçable et inclusif  pour les questions environnementales mondiales, et c’est une instance où les gouvernements, les ONG et les Peuples autochtones ont tous une voix. Les décisions prises ici à Marseille vont orienter l’action contre les crises de la biodiversité et du climat pour la décennie à venir, qui sera cruciale. Collectivement, les Membres de l’UICN envoient un message puissant à Glasgow et à Kunming : “l’heure du changement fondamental, c’est maintenant” », a déclaré le Dr Bruno Oberle, Directeur général de l’UICN.

Il s’est conclu vendredi en fixant l’ordre du jour de la conservation de la nature pour la décennie à venir et au-delà. Le Congrès de l’UICN a instamment appelé les gouvernements à mettre en œuvre une reprise post-pandémie fondée sur la nature, en investissant au moins 10 % des fonds mondiaux dans la reprise de projets liés à la nature et a adopté une série de résolutions et d’engagements visant à lutter de manière urgente contre les crises interconnectées du climat et de la biodiversité.

Au total, les plus de 1 500 Membres de l’UICN ont adopté 148 résolutions et recommandations, 39 au terme de votes lors du Congrès à Marseille et 109 par vote électronique en ligne avant la manifestation. Parmi les décisions prises au Congrès figurait une résolution demandant à l’UICN de créer une Commission sur la crise climatique, pour compléter les six Commissions existantes de l’Union.

Lors de la séance de clôture du Congrès de l’UICN, les États, ONG, et Organisations des peuples autochtones membres de l’union ont adopté le Manifeste de Marseille, où figure notamment l’engagement à mettre en œuvre le premier plan d’action mondial autodéterminé des peuples autochtones.

 

Les engagements annoncés

 

Au nombre des engagements annoncés par des acteurs étatiques et non-étatiques à l’occasion du Congrès de l’UICN, on relève notamment :

  • L’engagement de la France de parvenir à 30 % d’aires protégées au niveau national d’ici 2022 et de protéger fortement 5 % de ses aires maritimes méditerranéennes d’ici 2027 ;
  • Le Salvador, le Belize, le Pakistan, le Chili et la région Sud de la France se sont engagés à restaurer au total 5,5 millions d’hectares, portant ainsi le total des engagements pris dans le cadre du Challenge de Bonn à plus de 215 millions d’hectares ;
  • À l’initiative des États de l’océan Indien occidental, l’UICN et ses partenaires s’engagent à appuyer la création et la mise en œuvre de l’initiative « Grand mur bleu », un réseau régional d’un type nouveau visant à développer une économie bleue régénératrice à l’intention de 70 millions de personnes, tout en conservant et restaurant la biodiversité marine et côtière.

Le Congrès de l’UICN s’est focalisé sur trois thèmes principaux : le cadre post 2020 pour la conservation de la biodiversité, qui sera adopté par les parties à la Convention des Nations Unies sur la Biodiversité cette année même ; le rôle de la nature dans la reprise mondiale post-pandémie ; et la nécessité de transformer le système financier mondial et d’orienter l’investissement vers des projets positifs pour la nature.

 

Le cas français

 

En ouverture du congrès de l’UICN sur la biodiversité, le président de la République française a annoncé vouloir placer 5 % des eaux méditerranéennes françaises sous protection forte et promis de faire avancer la réduction des pesticides. Tandis que les organisations environnementales dénoncent le manque de moyens réellement alloués à la protection de la nature.

Cet été, un nouveau rapport du Groupe international d’experts sur le climat (GIEC) a confirmé que le système de production capitaliste est directement responsable de la fonte des glaciers, de la montée du niveau des mers, des feux qui se multiplient.

En France, les politiques d’affaiblissement des services publics montrent le désengagement de l’État : le ministère de la Transition écologique est démembré, l’ONF privatisée…

Le Forum syndical international des transitions écologiques et sociales, co-organisé en juin par 130 organisations venues des 5 continents, dont la CGT, a adressé un appel unitaire à l’ensemble des forces sociales engagées dans la construction d’une transformation écologique et sociale.