Des dizaines de personnes se sont mobilisées, hier, dans le quartier de Papus pour dire leur opposition à la construction d’une voie entre les rues de la Vendée et de l’Yonne. Pas plus qu’elles ne veulent la destruction de deux maisons Castors en lieu et place de cette nouvelle rue. Elles avaient manifesté, le 17 avril dernier, en signe de protestation.


 

Cette fois, deux élu.e.s sont au rendez-vous, l’occasion pour les habitant.e.s de remettre plus de 200 pétitions à Philippe Perrin, responsable municipal de la voirie, et à Marine Lefèvre, maire de quartier. Manifestement, surpris, ils ne s’attendaient pas à voir un tel comité d’accueil ni d’ailleurs à parler dans un mégaphone étiqueté CGT.

Le comité de quartier Papus-Tabar-Bordelongue (Patabor) est à l’initiative de cette rencontre pour apporter des propositions alternatives à la circulation, évitant ainsi la démolition des deux pavillons et des nuisances au niveau du trafic et de la pollution. Des élu.e.s d’Archipel Citoyen sont venu.e.s apporter leur soutien ainsi que Julien Kebalo, jeune candidat aux élections départementales.

 

Limitation à 30 km/h pour la sécurité et la sérénité

 

L’adjoint à la voirie se dit à l’écoute. Claudie Fontès, vice-présidente du Comité de quartier Patabor prend la parole pour expliquer les rues encombrées aux heures de pointe, mais elle n’a pas le temps de poursuivre sa réflexion que l’élu développe la mise en place par la mairie du nouveau plan de circulation en pétales. L’image renvoie au serpent qui se mord la queue, les automobilistes seront obligés de rentrer et de sortir par le même chemin. La ville de Gand, en Belgique, a adopté cette solution permettant d’apaiser la vie de tous les quartiers. Montpellier s’y est mise.

Papus est impacté par la circulation de transit avec son axe structurant, rue de la Touraine. Des voix s’élèvent pour affirmer qu’ils n’ont pas acheté dans le coin pour voir des voitures rouler à 110 km/heure. Elles souhaitent, tel est le vœu du Comité de quartier, le passage à 30 km/heure sur cet axe pour la tranquillité et la sécurité de tous et de toutes. Aucune réponse n’est apportée par les élu.e.s sur la limitation de la vitesse.

 

« Vous pouvez empêcher la création d’une rue ici ! »

 

« Pouvoirs publics, Aménagez Langlade », indique une pancarte tenue par le Papusien Roger. Christian Gutierrez, ancien président du Comité de quartier, affirme que Franck Biasotto, ex-adjoint de Jean-Luc Moudenc, avait évoqué cette ouverture sur Langlade. « Il vous a menti. Ce projet est abandonné depuis plus de dix ans », rétorque Philippe Perrin. « J’ai pas terminé, finit par dire Claudie Fontès qui reprend la parole. Même si le projet de Langlade a été abandonné, on peut y revenir et s’il y a quelques chose que vous pouvez empêcher, c’est la création d’une rue ici, à la place de ces deux maisons, occasionnant encore plus de circulation. Il n’y a eu ni information ni consultation ». Les échanges ont lieu au milieu de la rue du Cantal, en face des maisons en question. Pour appuyer sa démonstration, la militante associative remet à l’élu les plus de 200 signatures recueillies au bas des pétitions après de multiples porte-à-porte, des discussions à même les trottoirs et des rencontres chez les voisin.e.s.

 

« On parle, on parle, mais on règle rien »

 

« Pour l’instant, rien n’a été décidé, des études sont faites, explique Marine Lefèvre. Il n’y a pas d’expropriation. C’est un projet qui sera concerté avec les habitants de Tabar. Tabar est très enclavé. L’objectif est de dédensifier la cité de Tabar. 110 logements vont être détruits, 80 construits. C’est un projet pour 2030. » Jean, propriétaire de l’une des maisons, est rassuré d’entendre qu’il pourra encore vivre, du haut de ses 82 printemps, les quelques années à venir sans se torturer l’esprit à se demander où il va bien pouvoir aller alors qu’il habite Papus depuis 28 ans. Sauf que 2030 n’est pas si loin, c’est dans 9 ans. Christian Gutierrez revient sur le problème de la sortie vers la route de Seysses : « Tout le monde nous dit que c’est trop cher d’envisager cette solution. Par contre, détruire deux maisons pour faire une route c’est pas cher ? » Marine Lefèvre se veut rassurante : « Nous étudions également la sortie vers la route de Seysses. » Un ancien du quartier n’est pas du tout rassuré : « On parle, on parle mais on règle rien. Ça sert à rien de détruire, il faut ouvrir ailleurs. À l’époque, personne ne traversait le quartier comme maintenant ».

 

La concertation doit se faire en amont et pas en aval

 

Philippe Perrin joue la partition de la concertation : « Imaginez le temps qu’on passe à concerter. Je le fais sur le vélo. Je suis là pour dire la vérité. On peut trouver des solutions. On garde l’axe structurant, il faut faire avec. On peut vous promettre de sécuriser en pétales tout ce qui ne l’est pas ». Une proposition accueillie positivement par Benoit Cazals, président du Comité de quartier, qui exige que la concertation se fasse « maintenant » en amont et pas après, comme c’est souvent le cas, parce que les habitant.e.s ont des propositions à faire. Un ancien de la cité, Édouard Pivotsky, fait remarquer l’augmentation des flux de circulation avec la décentralisation de toutes les écoles de médecine de Rangueil vers l’Oncôpole. « Si vous êtes contre les emplois… », répond Philippe Perrin, un argument qui fait bouillir une habitante très en colère : « Vous êtes un bobo, vous n’habitez pas le quartier. Avec Biasotto, on nous a fait des promesses, cette cité est devenue sale, elle est abandonnée ».

 

« Ce projet, on n’en veut pas ! »

 

Se sentant attaqué, l’élu n’apprécie manifestement pas l’évocation de son appartenance de classe, il dit qu’il vient de la campagne comme, notamment, nombre de riverain.e.s. Benoit Cazals tempère la libre expression des habitants devant laquelle « il ne faut pas se sentir attaqué ni agressé ». La même habitante exprime la même colère : « Les gens en ont marre qu’on aille contre leur volonté. On n’en veut pas de ce projet. J’ai 65 ans et je vois que ça se dégrade. La cité est en abandon, elle devient un dépotoir. On n’a aucun commerce, même pas un centre social. »

La visite du quartier se poursuit vers Bordelongue dont des immeubles devraient être détruits pour encore laisser place à une nouvelle voie de circulation. Si un référendum était organisé, devinez quel serait son résultat ?

Piedad Belmonte

 

Photo altermidi Dr Serge Meda

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Passée par L'Huma, et à la Marseillaise, j'ai appris le métier de journaliste dans la pratique du terrain, au contact des gens et des “anciens” journalistes. Issue d'une famille immigrée et ouvrière, habitante d'un quartier populaire de Toulouse, j'ai su dès 18 ans que je voulais donner la parole aux sans, écrire sur la réalité de nos vies, sur la réalité du monde, les injustices et les solidarités. Le Parler juste, le Dire honnête sont mon chemin