Avec ce moment d’anthologie au journal télévisé, ce 19 mars 1980, où Daniel Balavoine exprime librement en « prime time » la réalité de toute une génération, on peut se demander si, quarante ans plus tard, le développement considérable des mass médias a permis une avancée ? L’image qu’aujourd’hui les jeunes peuvent voir d’eux-mêmes dans les médias correspond-elle à ce qu’ils vivent ?


 

Rien n’est moins sûr, l’image des jeunes diffusées dans les médias est trop souvent négative en raison des thématiques abordées par le biais de faits divers : la drogue, la délinquance et la violence. Dans le traitement de ces sujets, la parole des jeunes est supplantée par le discours de leurs aînés, ce qui minimise, quand elle ne la déforme pas totalement, la valeur de leurs paroles.

Depuis un an, le traitement de la crise sanitaire par les médias, qui a largement suivi le plan de communication gouvernemental, n’a pas arrangé les choses. Les jeunes ont été largement stigmatisés. Considérés comme inconscients du danger, ils sont déresponsabilisés. On peut lire dans leur détresse l’absence d’intérêt de l’ensemble de la société pour les jeunes. En les coupant de toute relation sociale pour les « préserver » du virus, le remède a sans doute été pire que le mal. Et le traitement médiatique qui a rendu les jeunes potentiellement dangereux pour la société, voire pour leur propre famille a creusé le fossé entre les générations.

Les jeunes sont doublement victimes de stéréotypes. D’un côté ils en subissent de la part de leurs aînés, et de l’autre ils s’en imprègnent du fait de leur utilisation massive des médias. Cela a d’importantes conséquences, non seulement pour les jeunes mais aussi pour la société entière. Ils sont freinés dans leurs actions, limitant ainsi leur développement et celui de la société, indique le Conseil national des jeunes1.

Les médias dominants contribuent à assimiler les jeunes à des clichés, qu’ils subissent au quotidien, renforcés par l’absence d’intérêt des politiques. Il est grand temps de les écouter avant de les juger. En commençant par créer un intérêt mutuel entre les jeunes et leurs aînés plutôt qu’en instaurant la méfiance et la peur de l’autre.

Jean-Marie Dinh

 

Notes:

  1. Sous l’égide du ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, le Conseil National de la Jeunesse (CNJ) a pour vocation le développement du dialogue entre les jeunes et les institutions
Avatar photo
Après des études de lettres modernes, l’auteur a commencé ses activités professionnelles dans un institut de sondage parisien et s’est tourné rapidement vers la presse écrite : journaliste au Nouveau Méridional il a collaboré avec plusieurs journaux dont le quotidien La Marseillaise. Il a dirigé l’édition de différentes revues et a collaboré à l’écriture de réalisations audiovisuelles. Ancien Directeur de La Maison de l’Asie à Montpellier et très attentif à l’écoute du monde, il a participé à de nombreux programmes interculturels et pédagogiques notamment à Pékin. Il est l’auteur d’un dossier sur la cité impériale de Hué pour l’UNESCO ainsi que d’une étude sur l’enseignement supérieur au Vietnam. Il travaille actuellement au lancement du média citoyen interrégional altermidi.