Comptage.
Les marches des libertés contre le texte de loi sécurité globale et les violences policières ont rassemblé samedi en France 500 000 manifestants selon les organisateurs, 133 000 selon un comptage du ministère de l’Intérieur effectué hier à 18 heures.
Auparavant, le ministère avait fait état de 46 000 manifestants à Paris et recensé au total 18 interpellations dont neuf dans la capitale, ainsi que « 37 blessés » parmi les forces de l’ordre après des heurts avec des manifestants.
François Hollande demande le retrait de la loi « sécurité globale » pour l’« honneur »
Un président devrait dire ça…
Dans un entretien filmé accordé au journal la Montagne, l’ancien président de la République demande à la majorité présidentielle le retrait de la proposition de loi « sécurité globale », de nouveau contestée dans la rue partout en France samedi. « Aujourd’hui, s’il y a de l’honneur, il doit se trouver dans le retrait du texte et pas dans son maintien », affirme François Hollande dans cette interview. Le prédécesseur d’Emmanuel Macron rappelle s’être résolu en mars 2016 « à ce type de décision, notamment avec la déchéance de nationalité ». Et l’ex-chef de l’État de justifier : « Il y a plus d’honneur à retirer un texte quand il heurte les consciences et divise la société qu’à le maintenir, pour un gouvernement ou un président de la République, quand le risque c’est de créer de l’incompréhension et des violences ».
Jadot demande aussi le retrait de la loi « sécurité globale » et le départ de Lallement
Intervention.
De concert avec Jean-Luc Mélenchon ou Olivier Faure, Yannick Jadot demande ce samedi, journée de mobilisation pour les « libertés », que soit retirée la proposition de loi « sécurité globale ». Au micro de BFMTV, il exige également le départ de Didier Lallement, sous le feu des critiques après une semaine émaillées de violences policières. « Ce que j’attends, c’est que le président de la République entende toutes les organisations — la commission européenne, la commission des Droits de l’homme des Nations unies, le Conseil constitutionnel, la défenseure des Droits —, toutes celles et tous ceux qui sont garants de l’Etat de droit et des libertés fondamentales, et qu’il retire cette loi de Sécurité globale, qui est liberticide », vient de déclarer l’eurodéputé EE-LV depuis le cortège parisien. L’élu écologiste estime, par ailleurs, qu’en pleine crise sanitaire et économique, Emmanuel Macron « provoque une crise démocratique et institutionnelle ». En cause : la création, annoncée par l’exécutif, d’une commission qui devait revoir le texte, provoquant l’ire du Parlement, et un rétropédalage du Premier ministre.
Mélenchon demande une «refonte» de la police et le départ de Didier Lallement
« Marche des libertés ».
Il demande la démission de Didier Lallement, sous le feu des critiques après une nouvelle semaine émaillées de violences policières sur fond de contestation de la loi « sécurité globale ». Présent à la « Marche des libertés » actuellement en cours à Paris, Jean-Luc Mélenchon réclame ce samedi le départ du préfet de police de Paris ainsi qu’une « refonte » de la police. « Il est temps de procéder à une reprise en main générale de la police et, pour être encore plus clair, à une refonte de la police », vient de déclarer à des journalistes le chef de file de la France insoumise à quelques journalistes. Et le député de Marseille d’ajouter : « Beaucoup de monde s’est rendu compte que quelque chose a pourri à l’intérieur de la police du fait du sentiment qui a été donné à des éléments violents, stupidement recrutés dans la police, qu’ils seraient toujours couverts. »
Des producteurs, réalisateurs et directeur de l’information s’insurgent d’un « droit à la censure » de la police sur leurs reportages
Liberté de la presse.
Ils sont directeurs et directrices de l’information, producteurs ou productrices de magazine télévisé, présentateurs ou présentatrices mais aussi réalisateurs et réalisatrices et s’insurgent tous ce samedi dans une tribune contre le « droit à la censure » de la police sur leurs reportages. « Les tentatives de contrôle de nos tournages par les pouvoirs publics (police, justice, administration pénitentiaire, gendarmerie notamment) n’ont jamais été aussi pressantes », écrivent, entre autres noms, Marc-Olivier Fogiel, Yann Barthès, Laurent Guimier, Elise Lucet, Marie Drucker ou Laurent Delahousse. Un exemple de « cette dérive » selon ces professionnels de l’information audiovisuelle : « Avant d’autoriser à filmer des policiers dans l’exercice de leur fonction, le service de communication de la police nationale exige désormais un droit de validation du reportage avant diffusion. » Les signataires demandent donc à cet égard la fin des « convention de tournages » « qui portent atteinte au droit de la presse » dans un contexte d’inquiétudes croissantes des rédactions comme l’illustre la contestation contre la loi « sécurité globale ».
Le Sénat entend clarifier l’article 24 controversé, dit Larcher
Réaction.
Le président LR du Sénat Gérard Larcher s’est dit satisfait que la commission créée par Jean Castex ne réécrive plus le controversé article 24 de la proposition de loi sur la « sécurité globale », et prévenu que la Chambre haute allait le « clarifier ». « Sans doute la commission des Lois (du Sénat), mais c’est à elle d’y travailler, va clarifier le texte de cet article 24, mais aussi d’autres articles. Sans doute les sénateurs vont-ils insérer ce nouveau délit dans le Code pénal, mais sans toucher à la loi sur la presse », a affirmé le président du Sénat dans Le Parisien. Pour Gérard Larcher, cette commission indépendante, dont la création avait provoqué l’indignation du président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, « n’a aucun intérêt ». « Ce rétropédalage de vendredi soir participe à la confusion du débat », a estimé le président de la Chambre haute.
« Marche des libertés » : 46 000 manifestants à Paris, selon le ministère de l’Intérieur
Mobilisation.
Selon le ministère de l’Intérieur, qui a contribué au comptage de la « Marche des libertés » contre la loi « sécurité globale », 46 000 personnes ont défilé ce samedi après-midi dans les rues de la capitale de République à Bastille. A cela s’ajoute, les milliers de manifestants recensés dans plusieurs grande villes de France, toujours selon les préfectures locales. Nos reportages à Strasbourg et dans la capitale auprès des opposants au texte, en particulier contesté pour son article visant à pénaliser la diffusion d’images de policiers.
À Bordeaux, contre la loi « sécurité globale », du jamais vu depuis les gilets jaunes
Mobilisation.
C’est selon les journalistes de l’AFP la plus importante mobilisation depuis les gilets jaunes. À Bordeaux, au moins 6000 personnes, selon la préfecture, ont défilé ce samedi contre la loi « sécurité globale ». L’article 24 du texte, qui pénalise la diffusion de l’image de policiers, était la mesure la plus contestée. « Nous sommes là par rapport à la loi qui interdit de filmer les policiers. On ne peut plus filmer et après on ne pourra plus écrire ? Ne plus rien dire ? Cette loi ce n’est qu’un début », s’est par exemple insurgée selon l’agence Mathilde Fonteneau, une infirmière bordelaise venue en famille. Pour Muriel Demguillem, ancienne journaliste et syndiquée au SNJ, « l’heure est grave pour les journalistes comme pour les citoyens, c’est la liberté d’informer qui est mise en cause ».
À Rennes, au moins 4000 personnes contre le tour de vis sécuritaire, des heurts en fin de cortège
Manif.
Dans la cité bretonne, plusieurs milliers de manifestants — entre 4000 et 5000 selon les sources — ont défilé ce samedi midi contre la proposition de loi « sécurité globale » et le tour de vis sécuritaire. Si des incidents minimes entre manifestants et forces de l’ordre ont éclaté en fin de parcours, la manifestation, déclarée par le club de la presse Bretagne, est partie sous un grand soleil dans une ambiance festive. « Faites l’amour à la caméra », « Ministère de la honte », « Qui nous protège de la police ? », « Darmanin Lallement démission » pouvait-on lire sur des pancartes brandies les manifestants rennais. Le précédent rassemblement, le 21 novembre, avait réuni à Rennes un peu plus d’un millier de personnes.
À Montpellier, plusieurs milliers de manifestants pour « défendre la démocratie »
« Sécurité globale ».
Ils ont répondu à l’appel nation à manifester pour les libertés dans plus de 70 villes de l’Hexagone. À Montpellier, plusieurs milliers de personnes, étudiants, retraités, journalistes — entre 3 800 selon la préfecture et 5 000 personnes selon les organisateurs — ont défilé samedi en fin de matinée pour « défendre la démocratie » et demander le retrait de la proposition de loi dite de « sécurité globale ». Une mobilisation en hausse par rapport à la semaine passée et galvanisée par de nouvelles affaires de violences policières. « Plus de flics que de médecins, sens des priorités », « Démocratie floutée », pouvait-on lire sur les pancartes des manifestants montpelliérains, indique l’AFP. Dans le cortège, Jean-Marie Dinh, journaliste à Montpellier et membre du Syndicat national des journalistes SNJ-CGT, estime que « le rapport de force est en train de s’inverser » entre le gouvernement et les opposants au texte dont de nombreux médias et militants des droits humains.
Martine Aubry, Karima Delli et Fabien Roussel dans le cortège lillois
Manif.
« Liberté, égalité, filmez ! » : entre 1 000 et 1 500 personnes se sont rassemblées ce samedi matin à Lille pour le retrait de la loi « sécurité globale », selon les organisateurs et un comptage de l’AFP. La préfecture a dénombré 400 manifestants. « On se fait frapper pendant les scènes coupées ! », « floutage de gueule », pouvait-on lire notamment sur les pancartes brandies face à la préfecture, au milieu de drapeaux des syndicats notamment de journalistes ou encore de la Ligue des droits de l’Homme. Plusieurs personnalités politiques étaient présentes, dont la maire de Lille Martine Aubry, le patron des sénateurs socialistes Patrick Kanner, la députée européenne EE-LV Karima Delli, le secrétaire national du PCF Fabien Roussel ou encore le député LFI Ugo Bernalicis.
Le président du Conseil constitutionnel rappelle le respect de l’État de droit
Article 24.
Le président du Conseil constitutionnel Laurent Fabius rappelle que « l’État de droit, c’est-à-dire une justice indépendante, les grands principes de liberté, d’égalité, d’association, la séparation des pouvoirs, doit toujours être respecté », dans le contexte explosif de contestation de l’article 24, pénalisant la diffusion de l’image des policiers. « L’état du droit est parfois débattu, parfois il est modifié et il doit être contrôlé. Mais l’État de droit, c’est-à-dire une justice indépendante, les grands principes de liberté, d’égalité, d’association, la séparation des pouvoirs, doit toujours être respecté », déclare Laurent Fabius dans un entretien au Parisien paru samedi.
Interrogé pour savoir si l’article 24 de la proposition de loi « sécurité globale », qui pénalise la diffusion de l’image de policiers, restreint la liberté de la presse, il répond que « le Conseil constitutionnel ne donne pas de conseils, il prend des décisions qui s’imposent à tous » et n’intervient « donc pas en amont ». Mais, ajoute-t-il, « la liberté d’opinion, la liberté de la presse, la liberté de manifestation sont, pour le Conseil, des libertés fondamentales. Nous verrons, après le vote final du Parlement, quel sera le contenu exact de cet article ».
Source Libération 28 novembre 2020