Le 25 juillet 2020, Bruno Candé, comédien né en Guinée-Bissao est abattu à Moscavide, banlieue de Lisbonne, par un ancien combattant de la guerre coloniale en Angola (1961-1975) âgé de 76 ans qui souffrait de stress post-traumatique. Selon des témoins cités par des quotidiens portugais, il aurait déclaré avant de tirer : « Retourne dans ton pays sale nègre… en Angola, j’en ai tué plusieurs, des comme lui ».


 

Suite à ce meurtre, des rassemblements de protestations contre le racisme grandissant se sont déroulés dans plusieurs villes entraînant des contre-manifestations de l’extrême droite, début août.

C’est dans ce contexte tendu qu’un collectif nommé Nova Ordem de Avis-Resistencia Nacional a menacé de mort des militants antiracistes par le biais d’un courrier électronique envoyé début août à SOS racisme Portugal, « Nous vous faisons savoir qu’un délai de 48 heures a été fixé pour que les dirigeants antifascistes et antiracistes nommés dans cette liste quittent leurs fonctions politiques et sortent du territoire national… Août sera le retour du nationalisme ».

Sur la liste figurent entre autres trois élues et figures de l’antiracisme à l’Assemblée portugaise, Beatriz Gomez Diaz, Mariana Mortágua et Joacine Katar Moreira. Mamadou Ba, président de SOS racisme, également cité, avait déjà reçu des menaces de mort et une balle à son domicile début 2020.

Le président de l’Assemblée et la majorité des partis ont condamné les menaces jugées intolérables. Le président de la République Marcelo Rebelo de Sousa a recommandé la tolérance zéro vis-à-vis du racisme, tout en appelant au calme « pour ne pas radicaliser la vie politique ». L’enquête est en cours.

Quelques jours après l’envoi du message, une douzaine d’individus habillés de noir avec torches et masques blancs se sont rassemblés en bas des locaux de SOS racisme pour une veillée aux allures  « Ku Klux Klanesque ». Ce groupuscule nommé Resistancia Nacional, qui réunit d’anciens membres de Nova Ordem, du Social Partido Nacional Renovador et des Portugal Hammer Skins, a déclaré ne pas être responsable des menaces de morts. Ils revendiquaient simplement en bons patriotes leur amour du Portugal.

 

Justice pour Bruno Candé. Capture d’écran.

Début septembre, 75 organisations de la société civile européenne et une vingtaine d’eurodéputés ont signifié leur soutien aux militants menacés.

Dans leur communiqué, les associations s’inquiètent de la recrudescence cette année au Portugal et en Europe des attaques violentes à caractère raciste, des actes de vandalisme, des menaces de mort par l’extrême droite, notamment à l’encontre des militants antiracistes et antifascistes qui ne se sentent pas protégés par les autorités.

Elles exigent d’urgence une « réponse institutionnelle » de la part des autorités portugaises et de l’Union européenne face à la gravité des faits.

Joacine Katar Moreira, quant à elle, réclame des actions plus fermes de la part de l’exécutif socialiste et s’inquiète avec les associations des conséquences d’un certain laxisme : « Nous sommes tous en danger lorsque l’extrême droite se sent impunie ».

Avec sources Mediapart

Photo. André Ventura, le leader du parti d’extrême droite Chega, lors d’une manifestation à Lisbonne le 27 juin 2020 : DR AFP / Patricia de Melo Moreira.