L’édition 2020 du Festival international du roman noir (FIRN) qui devait se tenir à Frontignan début juin se déroulera les 11, 12 et 13 septembre. Une décision prise mi-avril sans connaître le cadre légal qui s’imposerait à la rentrée à l’organisation d’une manifestation accueillant 50 auteurs dont 30% d’étrangers et près de 10.000 personnes dans une quinzaine de lieux sur 6 communes différentes.


 

Les contraintes sanitaires persistantes contraignent le FIRN à s’adapter et à proposer cette année aux auteurs et aux lecteurs une nouvelle formule résistante et résiliente, in vivo avec des balades littéraires à la découverte du territoire de Thau et in visio avec des entretiens inédits et des lectures exclusives.

 

Un rôle de « passeur »

Malgré les contraintes et les incertitudes le FIRN existera car les organisateurs du festival, avec le soutien des partenaires, notamment financiers, ont fait le choix de ne pas annuler purement et simplement cette édition mais de l’adapter à la situation.

Un choix fait en cohérence avec la thématique 2020 Résistance(s) !/Résilience ? retenue dès octobre 2019. Une thématique qui désormais fait la une et gronde comme un tonnerre. La voie du roman et la voix des auteurs doivent plus que jamais être empruntées et entendues pour comprendre ce qui nous arrive individuellement et collectivement. Cette 23e édition du FIRN y contribuera donc presque autant (nous le souhaitons) que les 22 précédentes, même si la convivialité et le bonheur issus des regards et des paroles échangées en toute simplicité entres tous les festivaliers lors de ce grand rassemblement national autour des littératures noires se teinteront de la mélancolie de l’absence physique et de l’espoir de retrouvailles prochaines.

Le cadre légal qui s’impose à tous, les protocoles nécessaires à la lutte contre la propagation du virus, les grandes difficultés de déplacement des auteurs — notamment ceux qui vivent à l’étranger — sont antinomiques avec un festival de littérature culturellement exigeant et fondamentalement populaire, où les gens discutent avec les meilleurs auteurs du moment, partagent, boivent et mangent ensemble, qu’ils se connaissent depuis 25 ans ou 25 minutes… car le FIRN c’est aussi ça.

Mais le FIRN, qui s’est toujours inscrit en responsabilité dans une chaîne du livre et de la lecture publique, se doit de jouer son rôle de « passeur » auprès de ses acteurs — auteurs et lecteurs en tout premier lieu, mais aussi éditeurs et libraires — qui subissent directement ou indirectement les conséquences de la crise actuelle.

Le festival a donc inventé des petites formes, attentives à l’écoute et à l’œuvre, à tenter ne pas vouloir faire nombre au détriment du sens, à l’image de Frontignan, ville résiliente, sortie de la crise industrielle pour se reconstruire, et du territoire de Thau, en invitant 54 auteurs à raconter l’humanité, ses faiblesses et ses forces, et nous redire que sous la couleur du noir se cache un formidable espoir. La majorité le fera sur la Toile, 9 d’entre eux, vivant en Occitanie ou venus d’Espagne, seront avec nous.

 

Programme local et global

Festival international atypique, qui a reçu des centaines d’auteurs issus des 6 continents sur les places et dans les cafés d’une ville moyenne d’Occitanie, le FIRN a toujours fait sienne la dualité féconde du local et du global.

Le FIRN est un festival international dont en moyenne un auteur sur trois est étranger. Cette année ce sont 7 nationalités différentes qui seront représentées. Outre l’invité d’honneur, le romancier culte Joe R. Landsale, 3 autres auteur.e.s canadienne et américains étaient attendus physiquement. Ne sachant pas à l’avance quelle serait leur possibilité de se déplacer et de pouvoir rencontrer réellement un public, également incertain, il a été décidé de les solliciter pour des interventions à distance en vidéo.

Parmi les auteurs invités, ceux qui vivent en Occitanie — Mouloud Akkouche, Charles Aubert, Lilian Bathelot, Thierry Crouzet, Serguei Dounovetz, Olivier Martinelli, Michel Moatti et Benoit Séverac — vont inviter le public sur leur territoire, géographique et intime, le temps de balades littéraires et gourmandes. Ces auteurs guideront le public dans leur univers pour se raconter, lire des extraits de leur roman et dialoguer. Des ventes de livres et dédicaces seront proposées à l’issue de ces balades.

Des balades littéraires fluviales, sur le canal du Rhône à Sète, seront également organisées sur le bateau électrique ECOTHAU, au départ du quai Jean-Jacques Rousseau, à Frontignan, lieu d’un grand déballage de bouquins et romans noirs d’occasion le samedi 12 septembre, avec la complicité des Compagnons du livre.

Les romans du FIRN seront présents dans votre librairie préférée, et particulièrement en Occitanie auprès de nos partenaires : La plume bleue (Frontignan), Prose Café (Frontignan), la Nouvelle librairie Sétoise (Sète), la Cavale (Montpellier) et Série B (Toulouse).

Ces balades ne seront pas les seules occasions de rencontres et d’interactions in vivo. En amont de la manifestation des Siestes noires, des séances de lectures d’auteurs invités seront proposées par les médiathécaires du Bassin de Thau. Dans le cadre de l’action l’Art dans la rue portée par la Ville, l’artiste peintre et laqueuse Aurélia Gritte proposera à partir de début septembre aux passants du cœur de ville de Frontignan ses interprétations graphiques, en grand format sur les vitrines des commerces locaux, des premières ou dernières phrases des romans des auteurs invités…

Le vendredi 11 septembre une Nuit « Lansdale fait son cinéma… » sera proposée gratuitement au CinéMistral avec la projection de deux films culte adaptés de son œuvre (Bubba Ho-Tep de Don Coscarelli avec Bruce Campbell et Cold in July de Jim Mickle avec Michael C. Hall et Don Johnson, Sam Shepard) et une intervention vidéo de l’auteur américain.  Le même jour, une rencontre littéraire avec l’auteur catalan, Carlos Zanon, qui a repris les aventures de Pepe Carvalho, le héros de Montalban, sera organisé avec la librairie La Cavale à Montpellier.

Pour le public des ados (à partir de 10 ans), deux spectacles seront proposés gratuitement :  Ronge ton os par la Cie L‘Awantura, un spectacle original qui se situe au croisement du spectacle vivant, de la bande dessinée, du concert et de la vidéo le mercredi 9 septembre à la médiathèque Montaigne à Frontignan. Le public jeunesse sera également convié, le samedi 12 septembre place de la Vieille Poste à Frontignan pour Projet XVII : Mary Shelley – Frankenstein, une lecture musicale et scénographiée du conte horrifique de Mary Shelley en partenariat avec la librairie associative Prose Café.

La dictée noire, moment très attendu du festival, sera proposée cette année encore mais avec une jauge réduite.

Cette 23e édition sera également l’occasion de la publication de Killer bees, une nouvelle dont l’action se passe à Frontignan par un auteur qui connaît bien la ville et qui est un des fidèles du festival : Sergei Dounovetz.  Ce texte mellifère sera offert à chaque festivalier.

Même si le virtuel prendra cette année une nouvelle place dans la manifestation, ce sera sans mettre à distance le réel. Il y aura, une fois encore, beaucoup de passerelles créées pour réduire les fractures, sociales et numériques, et rester un festival convivial de littérature populaire, exigeant et qui n’existe que par et pour les gens.

 

Le détail du programme

Voir aussi : Consigne de survie se plonger dans le noir, BD des Pinçon-Charlot. La violence en col blanc,