En discussion depuis 2005, l’Algérie a déclaré le 9 août 2020 vouloir réévaluer son accord d’association avec l’Union européenne qui prévoit l’entrée en vigueur d’une zone de libre-échange (ZLE) début septembre.


 

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a en effet demandé au ministre du Commerce Kamel Rezig de « procéder à une évaluation (…) du dossier sur l’accord d’association avec l’Union européenne (UE) qui doit faire l’objet d’une attention particulière, faisant valoir nos intérêts pour des relations équilibrées », selon un communiqué publié à l’issue d’un Conseil des ministres.

La mise en place de la ZLE est la cible de critiques de dirigeants politiques, d’économistes et de patrons algériens, qui dénoncent une balance commerciale Algérie-UE largement en défaveur de l’Algérie. Dans un pays où les entreprises publiques qui génèrent encore près de la moitié de la valeur ajoutée industrielle sont moribondes.

Dans leur accord d’association, l’UE et l’Algérie avaient prévu d’ouvrir leurs marchés de manière réciproque. L’accord prévoyait au départ une période de transition de 12 ans accordée à l’Algérie pour éliminer progressivement ses droits de douane sur des produits industriels et une possibilité d’appliquer une libéralisation sélective concernant les produits agricoles. En 2012, cette période de transition a été allongée et portée à 15 ans, jusqu’au 1er septembre 2020, pour certains produits comme l’acier, les textiles, les produits électroniques et l’automobile.

Cependant, l’Algérie a demandé à de nombreuses reprises de renégocier le texte, estimant que l’accord lui est largement défavorable. En effet, l’économie algérienne est peu compétitive et n’est pas parvenue à exporter ses produits hors hydrocarbures, perdant de ce fait d’importantes recettes.

 

« Un désastre pour l’économie nationale »

 

L’UE se positionne comme étant le principal partenaire commercial de l’Algérie. Ses exportations vers le pays maghrébin sont composées essentiellement d’équipements industriels et de transport, ainsi que de produits agricoles. De son côté, l’Algérie est le troisième exportateur de gaz vers l’UE, après la Russie et la Norvège.

Selon le président de l’Association nationale des exportateurs algériens, Ali Bey Nasri, l’Algérie a importé pour 283 milliards de dollars (240 milliards d’euros) de biens depuis l’UE entre 2005 et 2017. Le montant de ses exportations, quant à lui, n’a atteint que 12 milliards de dollars, essentiellement des dérivés du pétrole, pour la même période. Bey Nasri a ainsi estimé que la ZLE sera « un désastre pour l’économie nationale ».

 

Le peuple algérien dans la rue. Photo DR

 

Le pouvoir algérien doit également faire face à une crise profonde qui l’oppose à la jeunesse algérienne qui porte actuellement la contestation dans le pays. Tant que la rente pétrolière et gazière permettait d’acheter la paix sociale à coûts de subventions, tout le système tenait, ce qui n’est plus le cas. Le pays qui traverse un profond malaise économique et social doit reconstruire une identité collective jusqu’alors conçue à partir d’une négation de la dignité humaine.

Outre ce déséquilibre commercial, l’Algérie regrette que l’UE ait négligé, selon elle, de respecter la partie de l’accord relative aux transferts de technologies et à la circulation des personnes. Le pays demande également à l’Union européenne d’inciter les entreprises européennes à investir en Algérie.

Avec AFP