Tandis que le gouvernement joue le pourrissement et les intérêts particuliers. La mobilisation contre la réforme des retraites dure maintenant depuis 25 jours. La tempête a gagné l’Opéra de Paris, un symbole qui a poussé le gouvernement à agir ponctuellement mais sans succès. Le refus d’accepter de petits avantages individualisés renforce l’identité collective et républicaine du mouvement.

La grève qui touche l’Opéra a entraîné l’annulation de plusieurs spectacles et les pertes s’élèvent à 8 millions d’euros, selon les chiffres communiqués par l’institution au début de la semaine. Le 24 décembre, des danseuses du corps de ballet de l’Opéra ont exécuté des tableaux du Lac des cygnes sur le parvis de Garnier, accompagnées de l’orchestre symphonique, pour dénoncer une réforme qui selon elles « met en danger » leur métier.

L’image a fait le tour du web, suscitant les commentaires attendris des internautes : le corps de ballet de l’Opéra de Paris improvisant, la veille de Noël sur le parvis du Palais Garnier, une courte séquence du « Lac des Cygnes ». Il y avait en revanche moins de monde sur scène le lendemain après-midi quand le ballet « Le Parc » a été annulé à 45 minutes seulement de la représentation.

Le gouvernement a proposé aux danseurs de l’Opéra de Paris, en grève contre le projet de réforme des retraites, que le nouveau texte entre en vigueur seulement « pour les danseurs recrutés après le 1er janvier 2022 ». C’est une lettre, consultée par l’AFP et révélée par Les Echos, du ministre de la Culture, Franck Riester, et du secrétaire d’État aux Retraites, Laurent Pietraszewski, en date du 23 décembre et adressée au directeur général de l’Opéra de Paris, Stéphane Lissner, qui en fait état. Dans ce courrier, le gouvernement propose par ailleurs d’élaborer « un dispositif de reconversion professionnelle » pour les quelques danseurs qui s’arrêteront chaque année (six par an en moyenne sur les cinq dernières années). 

Outre le fait que les concessions obtenues par certaines professions rendent la réforme des retraites, dite universelle, illisible, ces petits accommodements opportunistes apparaissent de plus en plus clairement comme une tentative de manipulation. De quoi cimenter la volonté de l’ensemble des français qui demandent l’abandon pur et simple de la réforme.

Dans un texte publié sur Facebook par plusieurs danseurs de l’Opéra, ces derniers opposent une fin de non-recevoir au gouvernement. « Il nous est proposé d’échapper personnellement aux mesures, pour ne les voir appliquées qu’aux prochaines générations. Mais nous ne sommes qu’un petit maillon dans une chaîne vieille de 350 ans. Cette chaîne doit se prolonger loin dans le futur : nous ne pouvons pas être la génération qui aura sacrifié les suivantes », écrivent-ils.

Comme le dit l’historien spécialiste des conflits sociaux, Stéphane Sirot, à France Inter où la grève a été déclenchée depuis plus d’un mois : « La trêve qu’a voulu décréter le gouvernement durant la période des vacances, il se l’applique à lui-même alors que la grève ne se l’applique pas à elle-même parce qu’il n’existe pas de grève qui fait une pause pendant quinze jours et qui redémarrait après la trêve des confiseurs ».

Les tentatives de divisions vont très probablement se poursuivre puisque le gouvernement a repoussé les négociations au 7 janvier tout en faisant savoir qu’il resterait sourd aux réelles demandes qui lui sont faites.  Pour l’heure on ne distingue pas de porte de sortie. À moins de trois mois des élections Municipales le Président Macron est dans l’impasse. Les Français sont de plus en plus conscients du processus de manipulation à l’oeuvre, si bien que la spirale du pourrissement et de la séparation, qui tient lieu de partition gouvernementale, pourraient bien renforcer la mobilisation début 2020.

Jean-Marie Dinh avec AFP

 

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Après des études de lettres modernes, l’auteur a commencé ses activités professionnelles dans un institut de sondage parisien et s’est tourné rapidement vers la presse écrite : journaliste au Nouveau Méridional il a collaboré avec plusieurs journaux dont le quotidien La Marseillaise. Il a dirigé l’édition de différentes revues et a collaboré à l’écriture de réalisations audiovisuelles. Ancien Directeur de La Maison de l’Asie à Montpellier et très attentif à l’écoute du monde, il a participé à de nombreux programmes interculturels et pédagogiques notamment à Pékin. Il est l’auteur d’un dossier sur la cité impériale de Hué pour l’UNESCO ainsi que d’une étude sur l’enseignement supérieur au Vietnam. Il travaille actuellement au lancement du média citoyen interrégional altermidi.