Le photographe mexicain Guillermo Arias (AFP) a remporté samedi à Perpignan le Visa d’or News, prix le plus prestigieux du festival Visa pour l’image, pour son travail sur les caravanes de migrants d’Amérique centrale tentant de rejoindre les Etats-Unis à travers le Mexique.
Il s’agit de la troisième fois en cinq ans qu’un photographe de l’Agence France-Presse décroche cette récompense.
Les autres nominés étaient le photographe irlandais Ivor Prickett (The New York Times) pour « La fin du califat » du groupe Etat islamique en Irak/Syrie, le Serbe Goran Tomasevic (Reuters) pour « Une autre guerre civile en Libye » et l’Italien Lorenzo Tugnoli (The Washington Post / Contrasto-Rea) pour la crise au Yémen.
« Je suis très ému, très honoré, d’être récompensé par le plus prestigieux festival de photojournalisme au monde », a déclaré Guillermo Arias à l’AFP après la remise du prix.
« Le plus important, c’est qu’on puisse donner de la visibilité à ce problème des migrants, qui est universel. Et si à travers les migrants centraméricains, on peut mettre la lumière sur tous les migrants du monde, c’est notre rôle », a-t-il ajouté.
« Mes images ne sont pas aussi dramatiques que si elles avaient peut-être été prises par un photographe occidental. Je n’aime pas l’idée de victimiser mes sujets, il y a assez de drame comme ça autour d’eux », avait-il expliqué en fin de semaine.
– « Pas de stéréotypes » –
« C’est le point de vue d’une personne qui vit sur place, qui connaît l’histoire et qui ne veut pas tomber dans les stéréotypes », a-t-il ajouté.
La première caravane de Centraméricains s’est formée et élancée il y a presque un an. Il s’agissait alors d’une méthode inédite pour émigrer en masse vers le grand voisin du nord, à la recherche d’un travail ou pour fuir la terreur que sème les narco-trafiquants et les « maras », ces redoutables gangs de la région.
Depuis, plusieurs autres convois de ce type ont suivi, provoquant la colère de Donald Trump, qui a envoyé l’armée à la frontière mexicaine pour tenter d’endiguer le flot de migrants, sans compter les tensions diplomatiques entre les Etats-Unis, le Mexique et les pays d’Amérique centrale.
Guillermo Arias succède à la Française Véronique de Viguerie, première femme à décrocher le Visa d’or Paris Match News depuis 20 ans. Elle était seulement la cinquième depuis la première édition en 1989 de cette manifestation, présentée comme la plus importante consacrée au photojournalisme dans le monde.
Les derniers lauréats de ce prix sont: le Belge Laurent Van der Stockt, couronné en 2017 pour sa couverture de la bataille de Mossoul (Irak) et deux photographes de l’AFP, le Grec Aris Messinis (2016) et le Turc Bulent Kiliç (2015), pour leurs travaux sur la crise des migrants.
D’autres prix ont été remis lors de cette 31 édition, ouverte samedi et qui s’achève le 15 septembre.
Le Visa d’or de la presse quotidienne est notamment revenu à Francesco Anselmi (Contrasto), le Visa d’or humanitaire du CICR à Abdulmonam Eassa (AFP), celui de la Région Occitanie à Frédéric Noy, le Visa d’or d’honneur du Figaro Magazine à William Albert Allard, le Visa d’or de l’information numérique France Info a primé « made in France » réalisé pour le site d’investigation Disclose.
La bourse Canon de la femme photojournaliste revient à Anush Babajanyan, le prix Pierre et Alexandre Boulat a récompensé le travail d’Axelle de Russé, le prix Camille Lepage est allé à Thomas Morel-Fort et le prix de la ville de Perpignan Rémi Ochlik à Adriana Loureiro Fernandez.
AFP 08/09/2019
Voir aussi le site de Guillermo Arias.