Françoise Nyssen, ministre de la Culture, présente ce matin sa réforme de l’audiovisuel public. Le but est de s’adapter aux nouveaux usages comme les programmes à la demande, et de faire des économies. Les orientations présentées ce matin par Françoise Nyssen sur le chantier de l’audiovisuel public sont très attendues. En décembre, Emmanuel Macron avait qualifié l’audiovisuel public de « honte de la République ». Ce qui s’annonce ne devrait donc pas être uniquement cosmétique.
Objectif : économies
Les différentes entités de l’audiovisuel public sont déjà engagées dans des plans d’économies. Mais la réforme envisagée devrait en permettre davantage, entre 250 et 500 millions d’euros d’ici à 2022. Pour cela, des synergies entre les groupes vont être organisées.
Gouvernance
Gabriel Attal, député des Hauts-de-Seine (LREM) en charge du dossier à l’Assemblée, est pour une holding qui aurait un directeur non exécutif qui chapeauterait des directeurs exécutifs. C’est conforme avec ce que voulait Emmanuel Macron lors de sa campagne : un président commun à toutes les entités. Mais à en croire Le Journal du Dimanche , cette idée, politiquement difficile à défendre, serait abandonnée.
Fusion de chaînes ?
Le nombre de chaînes à France télévisions est aussi posé : une fusion entre France 4 et France 5 ? Ou bien la suppression d’une chaîne (France O ? France 4 ?) ou encore le statu quo ? Le rapprochement de France 3 et des locales de France Bleu est une hypothèse sérieuse bien que le sujet soit extrêmement sensible.
Cinq chantiers
Politiques et professionnels du secteur planchent depuis des mois sur cinq chantiers identifiés par la ministre de la Culture : la reconquête du jeune public, les coopérations internationales, l’offre de proximité, une offre commune en ligne et des synergies de ressources.
Pour Aurore Bergé, députée LREM, c’est l’attention du jeune public qui est clé. « Alors qu’on parle d’éducation à l’information, de prolifération de fake news, notre audiovisuel public doit être un moteur. »
Un Netflix européen
« Cette réforme, c’est d’abord celle des contenus », rappelle Aurore Bergé. Donc, ce que l’on regarde à la télévision. La réforme prendra donc acte que la télé se regarde de plus en plus en différé et tentera de rattraper l’énorme retard du chantier numérique. Faut-il élargir la période de sept jours où le replay est gratuit ? Faut-il permettre à France télévisions de rivaliser avec les grandes plateformes de visionnage. Delphine Ernotte, présidente de France télévisions, défend l’idée d’une plateforme publique, un genre de Netflix européen qui serait adossé à Orange, et la création d’un studio destiné à produire de nouvelles fictions.
Qui nomme le patron ?
Le CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel) est l’instance qui nomme les dirigeants de l’audiovisuel public. Cela pourrait, à terme, ne plus être le cas. Emmanuel Macron est favorable à ce que ce soit les conseils d’administration des groupes qui puissent le faire.
L’audiovisuel public est-il réformable ?
« Il a déjà su se réformer », plaide Aurore Bergé. Mais toujours dans la douleur. Les syndicats, notamment à France télévisions, sont déjà inquiets de ce qui va être annoncé ce matin.
Source Le Dauphiné 04/06/2018