La lettre date du 4 avril 2020.
Destinée au premier ministre, elle émane du Centre hospitalier Régional universitaire de Nancy.
Co-signataires, le professeur et président de la commission d’établissement Christian Rabaud et le maire Laurent Hénart, à ce titre président du conseil de surveillance du CHRU, y restent malgré tout très courtois.
Après avoir longuement présenté la situation dans le Grand-est, zone particulièrement touchée par l’actuelle pandémie, ils précisent : « Totalement mobilisées, les équipes ont augmenté de manière exponentielle les capacités en lits de réanimation, passant de 70 à 150 lits ouverts au service des malades ».
Ils poursuivent : « Dans ce contexte la position de l’ARS** Grand-Est énoncée ce matin dans la presse régionale, évoquant la suppression de 598 postes et 174 lits, apparaît comme totalement décalée. Evoquer de tels chiffres à l’heure où les équipes vont au bout de leur investissement personnel est à la fois déconcertant et indécent. Cela témoigne d’une absence de compréhension des réalités de terrain et d’empathie par rapport aux soignants, ce qui ne manquera pas de les blesser en plein combat ».
Encore plus loin : « Cette crise planétaire que nous affrontons nous imposera collectivement une révision complète de la politique de santé dans ce pays depuis le début du siècle, pour l’adapter aux enseignements que nous devrons en tirer. Le Copermo* tel que nous l’avons connu avec ses normes, abaques et doctrine n’est de toute évidence plus adapté ».
Appelant le premier ministre à lever toute ambiguïté sur la politique de l’Etat en matière de santé publique, cette lettre a notamment été relayée par le personnel hospitalier d’Aix-en-Provence qui soutient pleinement la démarche des responsables du CHRU de Nancy et dénonce fermement l’acharnement de l’ARS composée d’exécutants du gouvernement.
Copermo* : Comité interministériel de performance et de la modernisation de l’offre de soins ou encore Cabinet noir des suppressions de budget et des personnels des hôpitaux publics en France, tel que programmé par le gouvernement et chapeauté par l’Agence Régionale de Santé** (ARS)