La fermeture annoncée du Café Central, haut lieu du jazz madrilène, ravive les inquiétudes face à une gentrification qui redessine la capitale espagnole au détriment de ses repères culturels les plus forts.

Le Café Central jouera ses dernières notes début 2026. Ce club de jazz mythique, installé depuis 1982 sur la Plaza del Ángel, est rattrapé par une spéculation immobilière qui s’impose désormais comme la bande-son de Madrid. Plus qu’une simple fermeture, c’est un choc pour les habitants : ce lieu où ont retenti plus de 14 500 concerts et qui a accueilli 1,3 million de spectateurs est devenu, au fil des décennies, une institution reconnue jusqu’à la revue américaine DownBeat, qui l’a classé parmi les meilleurs clubs de jazz du monde. Sa disparition s’inscrit dans une transformation plus large de Madrid, aujourd’hui engagée dans une course pour se définir comme « ville globale ». Mais cette ambition, portée par la hausse des loyers commerciaux et la standardisation des espaces, met en péril les lieux historiques qui formaient le tissu culturel et l’identité singulière de la ville. Le Café Central, contraint de préparer un déménagement incertain, apparaît désormais comme l’un des symboles les plus frappants d’une gentrification qui, en effaçant ses lieux emblématiques, menace l’esprit de la ville.