dimanche 22 septembre 2024
-- Promotion Club Partenaires --
Promo-Partenaires-Altermidi-CIMM

Les auteurs de la maison d’édition La Fabrique réclament la levée des poursuites contre le responsable des droits étrangers

0

Un collectif d’auteurs de La Fabrique demande la levée des poursuites engagées contre le responsable des droits étrangers après son arrestation, à Londres le 17 avril. Une procédure pour obstruction à une enquête antiterroriste a été engagée contre lui parce qu’il a refusé de fournir ses codes d’accès à ses appareils informatiques.


 

Extrait de la tribune du collectif

À Lire dans Le Monde

Historiens, philosophes, militants, écrivains, psys, juristes, enseignants, universitaires, économistes, journalistes, nous avons tous et toutes en commun d’avoir publié à La Fabrique1. Nous sommes attachés à cette maison d’édition, fondée il y a vingt-cinq ans par Éric Hazan, dont le catalogue est à la fois riche et exigeant.

Nous avons appris avec consternation l’interpellation de son responsable des droits étrangers, Ernest Moret, à Londres le 17 avril, alors qu’il se rendait à la London Book Fair, un rendez-vous littéraire majeur en Europe, pour y faire connaître le catalogue de la maison. Cette foire n’est pas seulement un événement commercial. La présence d’éditeurs comme La Fabrique y est un contrepoids essentiel à la surexposition de l’édition industrielle à l’échelle internationale.

Ernest a été arrêté2 à la sortie de son train en gare de St Pancras, à Londres, dans le cadre d’une législation antiterroriste, l’annexe 7 de la loi de 2000 sur le terrorisme. Cette disposition, dénoncée en Grande-Bretagne par des associations des droits humains, permet d’« arrêter, d’interroger, de fouiller et, si nécessaire, de détenir des personnes [sans] aucune autorisation préalable ni aucun soupçon ». Elle permet en outre de saisir des appareils électroniques et d’en récupérer les données sans la moindre justification.

Ernest s’est vu confisquer son téléphone et son ordinateur professionnel. Lors de son interrogatoire, il a notamment été questionné sur les « auteurs antigouvernementaux à La Fabrique ». Il lui a été demandé de fournir ses codes d’accès à ses appareils informatiques, ce qu’il a refusé de faire. De ce fait, il est désormais sous le coup d’une procédure pour obstruction à une enquête antiterroriste.

Il faut prendre un peu de recul pour mesurer le danger que représente une telle procédure, pour nous, auteurs et autrices liés à cette maison, et pour les libertés démocratiques en général. Nous avons là une législation particulièrement liberticide — l’une des plus dures en Europe — qui permet de lancer une enquête antiterroriste « sans soupçon »

 

Notes:

  1. Maison indépendante, La Fabrique se fait connaître par la publication d’essais engagés politiquement, qui se veulent « ancrés politiquement à gauche de la gauche, mais sans céder à aucun esprit de chapelle, sans être inféodés à aucun groupe ni parti ». Outre la présence de nombreux textes de philosophes et de penseurs du monde entier, le catalogue compte notamment en son sein de nombreux essais sur le conflit israélo-palestinien. C’est également l’éditeur des trois ouvrages du Comité Invisible : L’Insurrection qui vient (2007), essai visant à expliquer la nécessité d’une insurrection et de sa possible inéluctabilité, À nos amis (2014), et Maintenant (2017).
  2. Il a été libéré sous caution le lendemain, mais sera auditionné un mois plus tard.