La suggestion du CSR hérisse les syndicats. Si Frédéric Sève, chargé du dossier à la CFDT, reconnaît qu’« à terme, il va falloir repenser l’équilibre du système », pour la centrale de Belleville, à Paris, cela « ne veut pas dire faire des économies à l’aveugle » mais « avec un souci de justice ». « Il y a une grande inégalité devant l’espérance de vie comme devant le prolongement d’activité, juge-t-il. On ne peut pas imposer le même effort sans tenir compte de cela. »
Catherine Perret, numéro deux de la CGT, affirme, elle, que « le CSR propose toujours le même refrain ». « Faire travailler les gens plus longtemps, la bonne blague, alors que les seniors sont hors de l’emploi bien avant 60 ans et que la jeunesse se désespère de trouver un emploi », critique-t-elle. Quand on « exclut toute augmentation des contributions patronales (…), quand on ne peut raisonnablement pas diminuer les pensions des retraités qui subissent (…), la seule solution évidente serait d’augmenter l’âge de départ à la retraite », déplore également Michel Beaugas (Force ouvrière).La solution, à ses yeux, serait de « mieux répartir les gains de productivité des salariés en leur permettant de partir dès qu’ils le peuvent à la retraite avec un bon niveau de pension ».
Pour Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef, la proposition de retarder la liquidation des droits des assurées ne constitue pas non plus « une surprise »: « Tout le monde sait que c’est la solution la plus efficace. » Le patron des patrons plaide depuis un moment pour une mesure d’âge afin de remettre les comptes dans le vert mais pas « tant que la crise sanitaire et sociale dure ». Quant à Eric Chevée (CPME), il rappelle que sa confédération « a toujours porté l’idée d’un relèvement des droits à 63 ans ainsi que celle d’une réforme systémique apportant plus de justice sociale. Aujourd’hui, on voit bien, compte tenu de la crise, que l’échéance de la réforme systémique s’éloigne ».« Mais à titre conservatoire pour préserver l’avenir, un relèvement de l’âge de départ ne choquerait pas », veut-il croire.
Avec Reuters
Dessin Delucq