La liberté d’informer une fois de plus malmenée. Jeudi 26 juin, Hocine Rouagdia, journaliste de la rédaction locale de Midi Libre Nîmes, a été entendu par les policiers de la Division de la criminalité organisée spécialisée (DCOS) de Montpellier.
Cette audition visait à contraindre le reporter nîmois à livrer ses sources suite à ses révélations concernant des soupçons de malversations financières dans le cadre de l’organisation des corridas à Nîmes. « Il lui a été indiqué qu’il était convoqué comme témoin, apparemment dans le but de savoir où il a obtenu des informations qui ont nourri son article, a précisé Me Laurent Salleles, l’avocat du journal Midi Libre. C’est une affaire d’intérêt public. »
Légitimement choquées par cette convocation qui entrave la liberté de la presse, une délégation de journalistes et syndicalistes du SNJ, ainsi que la rédactrice en cheffe adjointe de Midi Libre, Estelle Devic, ont soutenu leur collègue devant les portes du commissariat. « Le secret des sources est l’une des pierres angulaires du journalisme et de la liberté d’informer », ont-ils rappelé en soutien du journaliste à l’origine du scoop.
Publiés les 10 et 11 juin derniers, les articles de Midi Libre ont révélé que la police et le Groupe interministériel de recherches (GIR) du Gard enquêtaient sur des soupçons d’anomalies fiscales et de mouvements financiers importants en lien avec l’organisation et la gestion de spectacles taurins dans le Gard.
Le Club de la presse Occitanie s’insurge fermement contre la convocation et l’audition de Hocine Rouagdia. Il rappelle que la loi du 29 juillet 1881, modifiée le 4 janvier 2010 dans son article 2, relative à la protection du secret des sources des journalistes, stipule que « le secret des sources des journalistes est protégé dans l’exercice de leur mission d’information du public. (…) Il ne peut être porté atteinte directement ou indirectement au secret des sources que si un impératif prépondérant d’intérêt public le justifie et si les mesures envisagées sont strictement nécessaires et proportionnées au but légitime poursuivi. Cette atteinte ne peut en aucun cas consister en une obligation pour le journaliste de révéler ses sources. »
Le Club de la presse rappelle que la loi du 4 janvier 2010, dit loi Dati, a également mis la France en conformité avec la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme, dont l’article 10 défend « la liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu’il puisse y avoir ingérence d’autorités publiques ».
Le Club de la presse Occitanie apporte son soutien, plein et entier, au journaliste auteur des révélations, à la cheffe d’agence co-signataire des articles et à la rédaction de Midi Libre.