Extrait du Communiqué publié par les journalistes du SNJ-CGT Radio France, avec qui nous sommes solidaires, à l’occasion du remplacement du nom France Bleu par ICI
Le compte à rebours fatidique a pris fin. Depuis 6h hier matin, dans les 44 stations locales de Radio France, « ICI » a remplacé « France Bleu ». Martelée depuis deux mois à longueur d’antenne, la nouvelle “marque” sonne pourtant toujours aussi creux pour le SNJ-CGT Radio France et une majorité des personnels. Sacrifier le nom solidement implanté et identifié de « France Bleu » pour plaire à la tutelle, dépenser 3,8 millions d’euros en 2024 pour le nom et le nouveau site quand chaque rédaction locale manque de bras pour faire de la radio et du reportage de terrain, et prétendre avoir l’adhésion des salarié.e.s quand tous les choix sont imposés d’en haut : nous dénonçons une nouvelle fois ces parti pris cyniques qui affaiblissent la radio locale en prétendant la renforcer.
ll ne suffit pas de se proclamer « d’ICI » pour l’être : la proximité se construit au quotidien et dans la continuité, certainement pas en supprimant tous les journaux du soir, comme c’est déjà le cas dans de trop nombreuses stations, pas plus qu’en réduisant la voilure sur les extérieurs ou en diffusant des programmes pré-enregistrés. L’exemple le plus éclatant de ces ambitions manquées, en ce 6 janvier, est à retrouver dans l’application ICI, partagée avec France 3. Depuis le début des vacances de Noël, sur la page d’accueil, impossible de savoir qui, de la radio ou de la télé, est à l’origine des articles publiés. France Bleu comme France 3 ont disparu : seuls subsistent des logos bien discrets une fois l’article ouvert. Comment tolérer ce nouvel effacement sans préavis de l’entité radio ? Les rédactions de France Bleu ont-elles soudainement fusionné avec celles de France 3 sur le web? Et comment justifier les doublons qui continuent de proliférer, malgré nos multiples alertes sur le sujet ?
En ce 6 janvier, le “rapprochement” tant vanté ressemble chaque jour davantage à une fusion qui avance masquée et que nous dénonçons depuis le début du projet. Rappelons que pour ses éditions nationales, France 3 conserve son nom dans ce mariage forcé. Les mots ont un sens, tout comme leur choix, qui n’est jamais innocent. Amputer le nom « France » de nos radios locales n’est pas une décision anodine : elle nous éloigne symboliquement des autres antennes de l’entreprise Radio France, et prépare les esprits à une possible scission effective, si demain le contexte le permettait.