Depuis le 10 décembre 2019, l’usine d’Alumine de Gardanne est sous la protection du tribunal de commerce de Marseille. Altéo demande l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire pour baisse brutale de commandes depuis l’été 2019.
Ses ventes auraient enregistré jusqu’à -30% en novembre 2019. En période d’observation pour six mois renouvelables, Altéo opte pour le jeu de la montre avant le 31 décembre 2019, délai préfectoral octroyé pour une mise en conformité aux normes environnementales.
1000 emplois dont 480 directs sont aujourd’hui menacés.
L’histoire en bref
Fin 2015, l’usine avait été contrainte de cesser le rejet de ses boues rouges en mer, chargées d’arsenic et de cadmium. Elle s’était alors dotée d’un filtre high-tech (30 millions d’euros), laissant échapper un effluent liquide en mer toujours nuisible pour la faune et la flore sous-marine. Des traces d’arsenic notamment, avaient été décelées. Plusieurs plaintes ont été déposées, dont une par l’association ZEA.
Altéo a alors investi 7 millions d’euros dans un procédé de traitement des eaux, utilisant du gaz carbonique pour piéger les résidus de métaux lourds. 99,98 % des métaux lourds seraient filtrés. Restent 0,02% auxquels l’usine devait remédier d’ici la fin de l’année.
Parallèlement les rejets solides de bauxite stockés sur le site de Mange Garri, à Bouc-Bel-Air, suscitent la colère depuis plusieurs mois déjà. En augmentation considérable, ils entraînent une pollution inédite et un accroissement des problèmes de santé chez des riverains. Une personne serait même décédée des suites d’un cancer foudroyant.
En mars 2019, une information judiciaire a été ouverte par le pôle santé du tribunal de grande instance de Marseille pour « infraction à la législation sur les installations classées » suite à une plainte par une association de riverains, un pêcheur et ZEA.
Cette plainte pour mise en danger de la vie d’autrui, a entraîné un arrêté préfectoral qui ordonne à l’entreprise de réaliser avant décembre 2020 des travaux à Mange-Garri. Des travaux lourds auxquels s’ajoutent le nécessaire contrôle des envolées de poussières dans une région connue pour son vent.
Leader mondial des alumines de spécialité, Altéo fabrique des matériaux de construction comme le carrelage. L’usine intervient également dans les composants de produits high-tech, écrans de smartphone ou encore batteries de véhicules électriques. 70 % de son chiffre d’affaires, soit 242 millions d’euros, émane de l’international couvrant 90 % des besoins français.
La prochaine audience au tribunal de commerce aura lieu le 23 janvier 2020 pour Altéo.