La publication dans un hors-série du Figaro d’un entretien-fleuve avec l’essayiste Pío Moa, pour qui les gauches sont entièrement responsables du déclenchement de la guerre civile en Espagne en 1936, suscite l’indignation de nombreux historien.
Le 25 juillet dernier, le journal publie un entretien fleuve de Pío Moa, un journaliste espagnol, historien autodidacte très contesté de l’autre côté des Pyrénées, dans lequel il développe sa thèse selon laquelle « tout ce qui a été écrit » concernant cette période est « faux ». Selon lui, la guerre civile n’incombe pas à Franco, qui dirigera l’Espagne pendant près de quatre décennies à travers une dictature militaire sanglante, et au soulèvement des généraux. Elle est plutôt le fruit de la radicalisation de la gauche à l’époque. En d’autres termes : « Le coup d’État militaire du camp national a été une réaction de légitime défense face au chaos » souhaité et organisé par la gauche. Ce sont ces mots, repris par la rédactrice en chef du Figaro, Isabelle Schmitz, dans une vidéo publiée sur Twitter le jeudi 11 août, qui suscitent des réactions indignées.
« Ma première impression ? », répond Pierre Salmon, enseignant-chercheur, spécialiste de la guerre civile espagnole à Arrêt sur images, « un mélange de révolte par rapport à certains arguments qui sont scandaleux, et une surprise de la part du Figaro, qui est un journal sérieux, pour avoir donné la parole à Pío Moa ». Le chercheur Nathan Rousselot, qui étudie cette période, se dit « affligé de voir ce ramassis de contre-vérités et d’éléments de la propagande franquiste. C’est triste de voir qu’en France un journal comme le Figaro lui fasse de la publicité ».