Une partie de la jeunesse marocaine manifeste quotidiennement depuis samedi 27 septembre réclamant des réformes du système éducatif et des services de santé publique. Ces mobilisations font suite au décès de huit femmes enceintes dans un hôpital public d’Agadir. Des scènes de violence émaillent les rassemblements qui se tiennent dans plusieurs communes du royaume.


 

Le collectif GenZ 2121, réclame des réformes du système éducatif et des services de santé publique. Plus de 200 manifestants ont été interpellés dans la capitale au cours des trois derniers jours.

Mardi 30 septembre au soir, un jeune homme a été grièvement blessé, à Oujda, dans l’est du pays, après avoir été renversé par un fourgon des forces de l’ordre. Diffusée sur les réseaux sociaux, une vidéo virale montre l’estafette bleue filer à toute allure, gyrophares allumés, sur une place de la ville, avant de percuter de plein fouet un manifestant, de lui rouler dessus et de poursuivre sa route.

Jusque tard dans la nuit, des scènes de violence ont émaillé les rassemblements qui se tenaient dans plusieurs communes du royaume. A Inezgane, en banlieue d’Agadir, des dizaines de jeunes ont bravé les forces de sécurité à coups de projectiles, tandis que des voitures ont été renversées dans la cité proche d’Ait Amira. D’autres vidéos font état d’affrontements, de véhicules calcinés et de commerces pillés ailleurs dans le pays.

 


 

 

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Interpellation des manifestants dimanche 28 septembre. Photo AFP

 

 

Des dizaines de jeunes ont été interpellés dimanche 28 septembre au Maroc pour le deuxième jour consécutif, lors de manifestations réclamant « une réforme du système éducatif et des services de santé publique », selon un journaliste de l’AFP et une association de défense des droits humains.

À Rabat, les forces de l’ordre ont empêché des groupes de jeunes de se rassembler en plusieurs points du centre-ville, où des dizaines de personnes ont été interpellées.

Ces rassemblements, à l’appel d’un collectif appelé « GenZ 212 » — dont les fondateurs sont inconnus —, avaient déjà été marqués samedi par des dizaines d’interpellations. Hakim Sikouk, président de la section de Rabat de l’Association marocaine des droits humains (AMDH), a fait état dimanche de « plus de 100 interpellations à Rabat et de dizaines d’autres à Casablanca, Marrakech, Agadir et Souk Sebt ».

Selon Hakim Sikouk, les « plus de 70 » jeunes arrêtés la veille à Rabat ont été « tous relâchés ». Une fois leur identité vérifiée, ils sont libérés progressivement, avait-il précisé samedi. L’AFP n’a pas réussi à joindre la police et les autorités n’ont fait aucun commentaire.

Ces interpellations inhabituelles ont été condamnées par l’Association marocaine des droits humains (AMDH), par une autre organisation marocaine des droits humains ainsi que par deux formations de l’opposition, le Parti justice et développement (islamiste) et la Fédération de la gauche démocratique.

 

Un appel à manifester sur la plateforme Discord

Le groupe GenZ 212 avait lancé son appel sur la plateforme Discord, se présentant comme « un espace de discussion » autour de « questions comme la santé, l’éducation et la lutte contre la corruption », clamant « son amour pour la patrie ».

Au Maroc, les inégalités sociales restent un problème majeur qui touche principalement les jeunes et les femmes. Ces protestations interviennent dans un contexte tendu après le décès récent dans un hôpital public d’Agadir de huit femmes enceintes admises pour des césariennes, selon les médias. Le directeur de l’hôpital et plusieurs responsables locaux ont été limogés, une enquête interne a été diligentée et des investissements annoncés.

Le 14 septembre, des heurts ont opposé des policiers et des manifestants dénonçant des conditions précaires dans cet établissement (manque d’équipements et de médicaments), selon des vidéos sur les réseaux sociaux. Une semaine plus tard, deux sit-ins à Tiznit, au sud d’Agadir, et à Essaouira ont été interdits et une douzaine de personnes, dont des membres de l’AMDH ont été interpellés puis relâchés.

Avec AFP

Photo 1 AFP archives

 

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Notes:

  1. Lancé sur la plateforme Discord, et se présentant comme un « espace de discussion », le collectif GenZ212 dit représenter la génération née entre 1996 et 2010, soit environ 8 millions de personnes au Maroc. Parmi ses revendications principales : plus de moyens pour l’éducation et la santé et une lutte accrue contre la corruption. Autre particularité du mouvement : il se veut apolitique et insiste sur le fait qu’il ne remet pas en cause la monarchie.