Emmanuel Macron a annoncé la reconnaissance officielle de l’État de Palestine par la France, appelant à un cessez-le-feu à Gaza et à une relance du processus de paix. Si le discours se veut historique, il reste marqué par de nombreuses ambiguïtés : aucune mesure concrète n’accompagne cette déclaration symbolique, alors que le gouvernement israélien continue d’ignorer toute solution à deux États.
Reconnaissance officielle de l’État de Palestine, condamnation claire de la guerre à Gaza, appel à la paix : Emmanuel Macron a voulu marquer les esprits lors de son discours à l’ONU, ce lundi 22 septembre. La France reconnaît désormais l’État de Palestine. Ce geste mené lors d’un sommet organisé par la France et l’Arabie saoudite apparait symbolique et tardif. Applaudi à l’Assemblée générale des Nations unies, il s’inscrit néanmoins dans une dynamique internationale positive : 142 États soutiennent désormais cette reconnaissance. Pourtant, derrière l’annonce solennelle, les limites de l’engagement français sont flagrantes.
Emmanuel Macron cherche manifestement à laisser une empreinte positive sur la scène diplomatique internationale, après avoir conduit la France dans une impasse. Depuis le début de la guerre menée par Israël contre le Hamas, Paris s’est distingué par une prudence excessive, voire un alignement tacite sur des positions israéliennes intransigeantes. La reconnaissance de l’État palestinien intervient tard, alors que plus de 65 000 morts sont à déplorer à Gaza, et sans qu’aucune mesure concrète ne vienne la renforcer.
Aucune sanction économique contre Israël n’est évoquée dans le discours du chef de l’Etat. Aucun gel des ventes d’armes françaises, pourtant massives, à Tel-Aviv n’est envisagé. Cette absence de leviers réels limite la portée du message, surtout face à un gouvernement israélien d’extrême droite qui s’est publiquement opposé à toute solution à deux États. Macron lui-même le sait : « Rien ne sera possible sans (…) les autorités israéliennes », a-t-il concédé.
Le président français évoque un plan de paix : cessez-le-feu, libération des otages, transition sécuritaire à Gaza sous l’égide d’une autorité palestinienne renouvelée. Il propose même l’ouverture, un jour, d’une ambassade française en Palestine. Mais là encore, les conditions posées – libération de tous les otages, cessez-le-feu établi – rendent l’engagement hypothétique. En appelant à « la paix, plus exigeante que toutes les guerres », Macron formule une vérité. Mais c’est une vérité que son propre gouvernement n’a cessé de fuir depuis un an.
À l’ONU, le président français a voulu apparaître comme un artisan de paix. Cette tentative, historique sur le plan diplomatique, reste une parole suspendue, sans rupture avec les contradictions françaises. À ce stade, il s’agit plus d’un geste symbolique isolé que d’un véritable changement de cap. L’histoire dira si cette main tendue aura suffi à peser dans un conflit que la France, jusqu’à présent, s’est gardée d’influencer.
Photo. Emmanuel Macron s’exprime devant l’Assemblée générale de l’ONU à New York, le 22 septembre 2025. (AFP)