Du Nord au Sud en passant par Paris la mobilisation fut importante. Face à l’inertie des politiques et des grandes structures syndicales qui affichent des divisions multiples, les bases, qui ont des revendications communes, se positionnent de plus en plus pour l’union et la convergence des luttes.


 


De cette massive et belle journée de mobilisation, syndicale, mais pas que, un constat ressort : les politiciens et les syndicats critiqués pour l’ambiguïté de leur positionnement par rapport au gouvernement, mais aussi pour leurs divisions multiples non constructives, ne font plus cohésion et leur base le fait savoir.

« Si les revendications sont communes pourquoi ne pas agir ensemble ? » : le mot d’ordre « l’Union fait la force » s’impose comme une évidence pour beaucoup, après des années de protestations fortement réprimées et qui « n’ont menées à rien, voire pire ».

La lutte semble prendre une tournure différente et les actions nombreuses, diverses et variées se multiplient : manifestations « sauvages » , blocages d’infrastructures, de dépôts de bus, ports, lycées, occupations d’hôpitaux, de lieux publics, de ronds-points, intrusion dans des ministères, soutien aux piquets de grève, occupations de ronds-points, AG suivies en nombre croissant…

Les jeunes, et c’est bien cela qui semblent inquiéter nos gouvernants, sont de plus en plus nombreux à se mobiliser. Ils rejettent en bloc, avec une joyeuse insolence, « l’avenir pourri qu’on leur propose », « ce monde qui court à sa perte et bousille le vivant », « le capitalisme inhumain qui ne génère que souffrance et misère », « les guerres et les génocides », « le racisme », « l’extrême droite » et « le colonialisme »…

À Paris, il a fallu beaucoup de détermination pour se rendre à la manifestation, la majorité des correspondances de métro et principales stations, dont Bastille lieu du rendez-vous, ayant été fermées. Pourtant, trois lignes automatisées fonctionnaient.

Le cortège « de tête » fut d’une ampleur inédite. Des milliers de personnes, moyenne d’âge 20-40 ans, ont défilé — pour donner une idée — sans arrêt de République vers Nation plus de 4 heures durant. Elles n’ont pas emboîté le pas aux politiciens et aux dirigeants syndicaux, mais ont fait le choix de rejoindre la banderole unitaire « grève générale, bloquons tout ».

Santé, Transports, Culture, Éducation, lycéens et étudiants, associations et ONG, Sans papiers, Antifascistes, mouvement LGBT, Anticolonialistes… tous ont crié ou chanté en fanfare leur colère, leurs revendications communes mais aussi leur soutien à la Palestine  : « Tous ensemble, Macron démission, taxons les riches, plus de justice sociale, siamo tutti antifascisti, Palestine, c’est l’humanité qu’on assassine… »

 

 

Tous ont crié ou chanté en fanfare leur colère, leurs revendications communes. Crédit photo altermidi

 

 

Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, a fait, pour le 20h télévisé, un point de la journée, diffusé en boucle sur toutes les chaînes. Une journée qui, selon lui, s’est bien passée grâce a la présence des forces de l’ordre, le ministère de l’Intérieur ayant permis ainsi de garantir la liberté de manifester. Les rassemblements ont été moins suivis « dans les grandes agglomérations mais plus dans les petites, en Province », et la mobilisation s’est avérée moins importante que lors de réforme des retraites avec 500 000 participants dans toute la France, indique le ministère de l’Intérieur.

« La France n’a pas été bloquée », a-t-il déclaré, faisant état de 700 actions de blocages, de 140 actions de déblocage, tout en mentionnant la présence de 7 400 dangereux black blocks.

À Paris, Mr Retailleau comptabilise « 50 000 manifestants, grâce à la météo qui était de la partie », insiste-t-il. Un calcul qui ne fait pas l’unanimité, les avenues et les rues adjacentes étaient bondées de monde de République à Nation.

Le ministre fait part de 309 interpellations, de 134 gardes à vue, pour le moment, les rassemblements sporadiques se poursuivant, et de 26 policiers blessés. Mais Bruno Retailleau ne fournit aucune information sur certaines violences policières qui ont eu lieu notamment à Marseille, Paris, Nantes, Rennes et Montpellier. Les vidéos et témoignages diffusés sur les réseaux — informations vérifiées et reprises par l’AFP et d’autres médias —  font, pourtant, plus que froid dans le dos.

Pour les syndicats, cette journée qui a  mobilisé 1 million de personnes dans les rues est un succès et un avertissement fort au gouvernement. Ils doivent se réunir ce vendredi pour décider de la suite du mouvement. 

 

Paris, mobilisation du 18 septembre. Crédit photos altermidi

 

 

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