Depuis que les articles d’altermidi sur Gaza sont hebdomadaires c’est à dire depuis à peu près un an, c’est le 46 ième et chaque semaine c’est à partir d’un angle d’un des textes envoyés dans la semaine, par Abu Amir – le correspondant à Gaza de l’ UJFP- qui en envoie tous les jours parfois plus, que s’écrit l’article . Cette semaine il est peut-être plus que temps d’explorer le «  Que Faire » que nous citoyen.ne.s français.e.s nous avons à notre portée, à notre détermination, à nos forces pour que cesse ce génocide, cette famine et qu’enfin le respect du droit international agisse et voit le jour! Lutter contre la passivité voir la complicité de nos gouvernements.


 

La situation actuelle à Gaza et en Cisjordanie nous la connaissons toutes et tous, elle est documentée au jour le jour par des journalistes risquant leur vie et devenus des cibles qu’Israël assassine impunément. Plus de 220 journalistes ciblés et tués par Israël depuis Octobre 2023 selon Reporter sans frontières. Cette guerre qui dure maintenant depuis presque deux ans et qui profite en silence à toutes les grandes puissances, tandis que les Palestiniens demeurent les plus grands perdants et en paient le prix fort et définitif . Que pouvons nous faire nous société civile pour arrêter ce massacre puisque nos états ne le font pas.

Beaucoup d’actions ont eu lieu, par exemple à Montpellier et dans toute la région Occitanie il ne se passe pas une semaine sans une manifestation ou une action de soutien et de dénonciation de ce qui se déroule sous les yeux du monde entier. Manifestations, rassemblements, réunions publiques d’information, actions de boycott, pétitions tous azimuth, ciné-débats, occupations, tout cela est fait sans discontinuer. Plus engagées et déterminées ce sont les grèves de la faim de Justice, les marches mondiales sur Gaza qui ont eu lieu avant l’été, puis les flotilles internationales dont la dernière est en cours avec de nombreux bateaux qui sont partis de différents ports nombreux de la méditerranée et des délégations de plus de 50 Pays : une armada citoyenne inédite pour une solidarité internationale !

Comment soutenir et protéger cette dernière initiative afin qu’elle atteigne son objectif, briser le blocus et surtout comment fédérer toutes les forces, associations, mouvements, partis et syndicats qui agissent chacun.e parfois trop de leur côté, pour unir toutes les composantes du mouvement de solidarité à la Palestine dans une action pleine et entière jusqu’à la réussite !

Pour traiter cet aspect, nous avons rencontré une militante de L’UJFP , Sonia Fayman avec qui nous avons eu un entretien sur les initiatives qui ont commencé Place de la Bastille et qui ont pour objectif de perdurer tant que le génocide ne cessera pas.


Questions à Sonia Fayman

 

Quelles sont les différences de votre initiative rapportées à d’autres types de mobilisation ?

Bastille 1 c’était l’idée de faire à Paris quelque chose de nouveau, prendre possession de l’espace public car il y avait et il y a toujours urgence à agir face à l’aggravation continue de la situation à Gaza. Donc Bastille 1 c’était à partir du 8 Août en plein été installer un campement place de la Bastille et ne pas en décoller, espérer durer, c’est pour cela que sans prévenir ou demander l’autorisation à la Préfecture nous nous engagions spontanément et provoquions une situation nouvelle dans le Mouvement de solidarité à la Palestine. Des campements, il y en a eu ailleurs mais pas à Paris, avec un collectif pluriel qui a été obligé de travailler ensemble malgré ses divergences ponctuelles ou profondes, dans une visibilisation de la solidarité effective avec Gaza et de la dénonciation publique du génocide. A l’initiative de l’ UJFP et sous sa responsabilité nous avons contacté personnellement chaque responsable ou représentant.e d’un courant du mouvement de solidarité et pour le campement Bastille 1 nous étions 12 courants ou associations différent.e.s.

UJFP, BDS, ATTAC, FI, NPA, EuroPalestine , CRLDHT, FTCR, Thousand Madleens, Apel-Égalité, Global Sumud Flotilla, Appel des mères pour Gaza, Agir pour la Palestine.

Pourquoi La Bastille ?

C’est un lieu éminemment symbolique à Paris, très passant pour les piétons et les voitures, également comme un écho des rond points des gilets jaunes et maintenant il existe un côté dallé uniquement piéton et bien ombragé où nous nous sommes installés.

Comment avez vous fonctionné ?

C’était en plein été avant le 8 Août mais ce n’était plus possible d’attendre, donc on a pris contact personnellement avec chaque force du mouvement, puis nous avons fait un suivi et des relances, le seul vrai ratage que l’on peut souligner c’est l’absence total des forces syndicales et pour certains comme Urgence Palestine une réponse évasive sans participation. Ce qui a été important c’est que malgré les nombreuses divergences et difficultés d’agir ensemble cette proposition a amélioré de façon durable les liens entres les différentes parties du mouvement de solidarité, nous avons expérimenté en présence sur le terrain des liens nouveaux entre nous. Côte à côte pour Bastille 1 nous avons planté nos tentes, installer nos kakemonos avec une phrase spécifique à chaque force en présence, nous avons passé la journée puis une nuit avant d’être délogés le lendemain en fin de journée. Mais nous avons été visibles et nous sommes devenus le collectif Bastille! A partir de là différentes réunions de bilans en visio ont permis de consolider cette expérience et d’envisager d’autres étapes. Le collectif israélien pour des sanctions Israeli Citizens for International Pressure, a proposé un Bastille 2 autour de la lecture des noms, prénoms et âges des enfants tués à Gaza. Cela s’est fait pendant trois jours, initiative déclarée en préfecture cette fois ci entre 11H et 19H pour une lecture continue, publique et sonorisée des enfants tués par Israël. Alors que lors de Bastille 1 la presse a été pratiquement absente elle s’est mobilisée lors du Bastille 2 avec un article et une vidéo dans l’Humanité ainsi qu’une vidéo documentaire réalisée par Parole d’ Honneur, La Bastille pour Gaza.

A partir du Bastille 2 le collectif s’est aggrandi puisque maintenant nous sommes 22 forces du mouvement, rejoint essentiellement par des associations maghrébines dont ATMF.

Quels sont les réactions, les échos , que vous avez pu remarqué autour de ces évènements ?

Nous avons eu des provocations de quelques chrétiens évangéliques mais pour le coup à ce moment là, la police est intervenue. Les passants ont souvent été attentifs et sont restés écouter un moment la litanie égrenée des noms des enfants morts mais je dirai que l’effet le plus important a été le resserrement des liens entre les différentes forces du mouvement de solidarité qui ne travaillaient plus ensemble, ça c’est essentiel pour le présent et l’avenir !

Alors Bastille 3 ?

L’ actualité c’est la réussite et la protection des différentes flotilles – Global Sumud Flottila/ Thousand Madleens – ce sera l’action du Bastille 3. Soutenir, accompagner, protéger et populariser avec des éléments visuels, audios , des directs, rendre compte de la multiplication des bateaux et élargir la visibilité de cette solidarité. Il n’y a que nous à terre qui puissions permettre la réussite de cette action contre le blocus dont deux bateaux, l’ Alma et le Family Boat ont déjà subi des attaques dans le port de Tunis les 8 et 9 Septembre.1

Le mercredi 10 Septembre un communiqué officiel déclarait : « «Sous les yeux du monde entier, la Global Sumud Flotilla s’apprête à quitter Tunis. Il s’agit d’une nouvelle phase importante du mouvement qui rassemble des participants venus de tout le Sud, notamment du Maghreb, d’Afrique et d’Asie du Sud-Est. Après plusieurs jours d’entraînement intensif et de préparation, nous sommes prêts à prendre la mer et à acheminer l’aide là où nos gouvernements ont échoué. C’est à ce moment précis que nous devenons véritablement la Flottille mondiale Soumoud.»

Il est à noter qu’ hormis un certain nombre de personnalités politiques, journalistiques ou du monde de la Culture faisant partie des équipages, des syndicalistes sont également présents et ceux de Gênes ont fait une déclaration de soutien aux équipages italiens très remarquée et très engagée :  « Le Collectif autonome des travailleurs des ports (Calp), affilié à l’Unione Sindacale di Base (USB), a annoncé soutenir la flottille et vouloir « bloquer toute l’Europe  et  bloquer toutes les cargaisons vers Israël » si la communication avec la flottille était interrompue plus de 20 mn. »

Les deux semaines qui viennent vont être déterminantes dans tous les pays sur notre capacité à soutenir cette initiative solidaire mondiale, pacifique dans le cadre d’un objectif commun : briser le siège illégal de Gaza par la mer, ouvrir un couloir humanitaire et mettre fin au génocide du peuple palestinien en cours. Présent.e.s déterminé.e.s autant que celles et ceux qui sont sur les bateaux !

Brigitte Chalande

Photo1. Gaza : mobilisation à Paris place de la Bastille. Crédit photo UFPJ

Notes:

  1. La Tunisie a ouvert une enquête après une attaque de drones contre un bateau de la « Global Sumud Flotilla » dans la nuit de mardi à mercredi dans les eaux tunisiennes. Le ministère tunisien de l’Intérieur a affirmé qu’il s’agit d' »une agression préméditée ».
Brigitte Challende
Brigitte Challande est au départ infirmière de secteur psychiatrique, puis psychologue clinicienne et enfin administratrice culturelle, mais surtout activiste ; tout un parcours professionnel où elle n’a cessé de s’insérer dans les fissures et les failles de l’institution pour la malmener et tenter de la transformer. Longtemps à l’hôpital de la Colombière où elle a créé l’association «  Les Murs d’ Aurelle» lieu de pratiques artistiques où plus de 200 artistes sont intervenus pendant plus de 20 ans. Puis dans des missions politiques en Cisjordanie et à Gaza en Palestine. Parallèlement elle a mis en acte sa réflexion dans des pratiques et l’écriture d’ouvrages collectifs. Plusieurs Actes de colloque questionnant l’art et la folie ( Art à bord / Personne Autre/ Autre Abord / Personne d’Art et les Rencontres de l’Expérience Sensible aux éditions du Champ Social) «  Gens de Gaza » aux éditions Riveneuve. Sa rencontre avec la presse indépendante lui a permis d’écrire pour le Poing et maintenant pour Altermidi.