Sète verrouillée, Montpellier déterminée, Toulouse en ébullition colère massive à Marseille. Mercredi 10 septembre, la contestation s’est intensifiée dans plusieurs villes du sud de la France. À l’appel du mouvement « Bloquons tout », des milliers de personnes ont battu le pavé pour dénoncer une politique jugée ultralibérale, injuste et sourde à la voix du peuple. Une journée marquée par des blocages, des slogans forts, des affrontements avec les forces de l’ordre, mais surtout une convergence des colères.


Un pouvoir obstiné, un peuple à bout

Depuis les élections législatives anticipées et l’annonce de la nomination de Sébastien Lecornu, un proche du chef de l’État, comme Premier ministre, la tension n’a cessé de grimper. En choisissant la continuité, Emmanuel Macron ignore non seulement le message des urnes, mais alimente un profond sentiment de déni démocratique. Une attitude perçue comme méprisante, voire provocatrice, dans un contexte social déjà explosif.

« Aujourd’hui, c’est la démocratie qui est bloquée par Macron, pas les routes. Il n’écoute personne, pas même les urnes. Je suis là pour dire que ça suffit », déclare un manifestant à Toulouse.

Une politique ultralibérale aux conséquences sociales ravageuses

La mobilisation du 10 septembre ne se limite pas à une réaction politique : elle est aussi l’expression d’un ras-le-bol social généralisé. À Marseille, Montpellier ou encore Toulouse, les manifestants ont dénoncé les effets concrets d’une austérité budgétaire qui étrangle les services publics.

« Je suis accompagnante d’élèves en situation de handicap. J’ai un emploi essentiel, mais on ne me permet même pas de vivre dignement de mon travail », confie une manifestante à Marseille.
« On voit les classes surchargées, le manque de profs, la souffrance à l’hôpital. C’est ça, le résultat des coupes budgétaires décidées loin de nos réalités », renchérit une professeure de lycée venue de Nîmes.

 

Les politiques gouvernementales sont perçues comme favorisant les plus riches, au détriment de la majorité. Le message inscrit sur une pancarte vue à Sète résume l’ambiance : « Moins de cadeaux aux riches, plus de jours fériés »

À Sète, les manifestants ont réussi à bloquer les trois accès à la ville. Dès l’aube, des groupes se sont positionnés à la Pointe Courte, à l’entrée du port et sur la route de Marseillan. Une action symbolique, revendiquée comme pacifique mais ferme, avec des slogans sans équivoque : « Faisons société sans l’État », « Peuple uni, changeons le système ».

À Montpellier, environ 7 000 personnes ont manifesté dans les rues, malgré une présence policière importante. Le cortège, rythmé par des chants et des slogans, a été émaillé de tensions, notamment autour du rond-point des Prés-d’Arènes. Plusieurs établissements scolaires et universitaires étaient bloqués.

À Lodève dans l’Hérault, des militants ont même planté des salades et des oignons sur un rond-point, symbole d’une autre agriculture possible, résiliente et déconnectée du productivisme imposé.

À Toulouse, la journée a été marquée par des affrontements sporadiques, des blocages (université Paul Sabatier, route de Narbonne), et des interpellations. Sur le rond-point de Jolimont, une manifestante résume la colère ambiante :

« Je vois chaque jour des familles qui choisissent entre acheter des médicaments et payer leur loyer. C’est ça, la France de Macron. Il faut que ce mouvement continue, ou on sombrera. »

À Marseille, plusieurs milliers de personnes ont défilé dès le matin dans une ambiance tendue mais déterminée. Si les opérations de blocage ont été limitées en durée et en ampleur, la manifestation en centre-ville a rassemblé un cortège dense, où les cris de révolte ont résonné fort contre les politiques du gouvernement.

« Macron a mis le pays à genoux. On n’a plus rien, plus de services publics, plus de respect. Même le droit de vote ne sert plus à rien face à son mépris », s’indigne une manifestante marseillaise.

Les revendications allaient de la lutte contre la pauvreté et la casse des services publics à l’opposition farouche aux projets écocides comme l’autoroute A69 ou la loi Duplomb. Le sentiment d’un pays abandonné par ses élites était omniprésent.

« Je bosse dans l’éducation, je vois l’impact de leurs choix tous les jours : manque de profs, classes surchargées, élèves qui décrochent. Ils détruisent l’avenir sous nos yeux », confie un enseignant croisé sur le Vieux-Port.

Un nouveau rassemblement était prévu dans la soirée, preuve que la colère à Marseille ne faiblit pas et que l’appel à « tout bloquer » continue de résonner puissamment dans la cité phocéenne.

Un mouvement en construction, mais inévitablement durable

Malgré la diversité des profils et des revendications, le mouvement « Bloquons tout » peine encore à se structurer durablement. Syndicats, collectifs citoyens, Gilets jaunes, étudiants, travailleurs précaires… tous cherchent la forme d’organisation qui pourrait permettre d’aboutir à une véritable alternative politique. Mais une chose semble claire : la colère ne retombera pas. Pas sans réponses, pas sans justice sociale, pas sans changement.

Montpellier déterminé et pacifique Crédit Photo altermidi
La répression comme seul horizon ?

Face à cette contestation grandissante, la réponse du pouvoir reste répressive. À Toulouse comme à Montpellier, les forces de l’ordre ont procédé à plusieurs interpellations, parfois pour de simples distributions de tracts ou blocages symboliques.

« Ils nous menacent de garde-à-vue juste pour avoir levé une barrière de péage. C’est ça leur démocratie ? », s’indigne un manifestant toulousain.

Cette stratégie de tension pourrait bien accélérer la chute d’un président déjà très affaibli politiquement. Le recours systématique à la force, l’absence de dialogue, le mépris affiché pour les voix dissidentes ne font qu’enraciner la défiance.

Macron, président d’une République à l’agonie

Alors que le pays traverse une crise économique, sociale et démocratique, le président Emmanuel Macron semble plus isolé que jamais. Sa surdité face aux alertes du terrain et son obstination à poursuivre une politique rejetée par une large partie de la population nourrissent une situation inflammable.

De Marseille à Toulouse, en passant par Sète, Montpellier et les petites villes de l’arrière pays, les rues parlent. Et elles disent : « ça suffit ». Si le président ne change pas de cap, il risque de n’avoir bientôt plus de mandat à défendre, ni de majorité à convoquer.

le mépris affiché pour les voix dissidentes ne font qu’enraciner la défiance. Crédit altermidi

Photo 1 Montpellier 10 sept 25 face à face. Crédit Photo altermidi Jmd