Quatre mots résument la vie de plus de deux millions de personnes à Gaza : Faim Peur Mort et Déplacement. Que fait le gouvernement français face à ce génocide perpétré sous les yeux du monde entier depuis 22 mois maintenant : il met les solidaires français en Garde à vue et détruit le campement des solidaires pour Gaza installé depuis le 8 Août Place de la Bastille à Paris.
Depuis 2016 existe avec l’Union Juive Française pour la Paix un groupe Gaza, auquel je participe, qui réunit des solidaires en lien quotidiennement avec une équipe soutenue par l’UJFP à Gaza. Ce lien, ce travail, cette collaboration a permis la mise en place d’un travail avec les paysans et les pêcheurs de Gaza dont le contenu est largement détaillé dans le livre « Gaza Mort Vie Espoir ».
C’est cette collaboration qui a permis de par son existence et son histoire de soutenir une résistance collective, certes minoritaire, mais obstinée qui montre que Gaza n’est pas morte, que Gaza résiste, que Gaza œuvre au vivant et à la dignité. Nourrir le camps des paysans toutes les semaines, continuer à instruire les enfants dans deux écoles, soutenir les femmes dans des ateliers psychologiques et répondre au coup par coup à des demandes précises de soutien matériel dans des camps de déplacé.e.s ; les compte rendus de ces actions nourrissent nos articles qu’ils soient quotidiens ou hebdomadaires.
Mais une des tâches essentielle c’est aussi d’organiser la résistance, le soutien et la solidarité en France, et depuis plusieurs mois la réflexion du groupe Gaza a été d’impulser une dynamique permettant de fédérer tout l’arc de soutien à la Palestine contre le génocide à Gaza. Quand Israël a fermé les points de passage de l’aide alimentaire début mars, des personnalités à l’initiative de l’ UJFP ont lancé un appel pour le passage immédiat de l’aide alimentaire.
Ensuite la situation devenant insupportable et gravement détériorée nous ne pouvions plus, nous citoyen.ne.s du monde, continuer à regarder un génocide se dérouler sous nos yeux sans rien faire ; il fallait agir, nous n’avions pas le choix.
C’était le sens de l’initiative lancée par l’UJFP début août pour un campement Place de la Bastille réunissant toutes les forces du mouvement de solidarité. Ci-dessous le texte adressé au mouvement :
« Le génocide s’amplifie. Nous devons l’arrêter.
Les meurtres quotidiens et l’organisation de la famine nous imposent d’aller au-delà des manifestations quotidiennes et de trouver des modes d’action nouveaux.
Notre responsabilité, c’est le gouvernement français. Les déclarations actuelles ne mettent pas fin à la complicité de la France avec Israël génocidaire. Des sanctions sont attendues.
L’UJFP propose à l’ensemble du mouvement de solidarité une action collective spectaculaire qui commencera le 8 août. Elle s’adresse à tout le monde. Nous n’avons pas le choix, tout doit être tenté pour arrêter le carnage. »
Le campement s’est mis en place le vendredi 8 Août en fin de journée avec des tentes identifiées pour chaque partie prenante — UJFP, AFPS, BDS, ATTAC, 4ACG, LFI, Euro Palestine — avec des Kakemonos pour les slogans et revendications. Il a passé la nuit et est resté le samedi 9 Août jusqu’en fin d’après midi pour exiger « l’ouverture pleine et entière de la frontière et de tous les points de passage à Gaza et l’entrée de l’aide humanitaire conformément au droit international, la fin des ventes d’armes à Israël et des relations économiques avec ce pays et pour dénoncer l’Union Européenne qui maintient l’accord commercial avec cet État voyou ».
Au bout de 24 heures l’État français a réagi comme a son habitude depuis que le génocide est en cours : criminaliser le mouvement de solidarité, démanteler le campement et emmener quatre personnes en garde à vue. Seule Sarah Katz est restée 24 heures en garde à Vue. Sarah est une militante de l’UJFP et d’ISM (International Solidarity Movement). Elle a vécu 2 ans à Gaza entre 2011 et 2014. Elle était sur la Flottille de la Liberté en 2018. Elle avait été kidnappée par la marine israélienne en eaux internationales sans la moindre protestation du gouvernement français. Voir le communiqué de l’UJFP le 9 Août.
Plus que jamais tous.tes avec la population de Gaza ! »
Pour terminer cet article je ne peux que redonner la parole à Abu Amir avec un bout de son dernier texte le 9 Août :
« Faim, Peur Mort et Déplacement, ces quatre mots résument la vie de plus de deux millions de personnes, dont la majorité a été contrainte d’abandonner leurs maisons et leurs terres pour se retrouver dans des camps de déplacement temporaires, installés sur moins de 25 % de la superficie originelle de la bande de Gaza, la portion qui n’a pas encore été touchée par la machine de guerre israélienne. Ces camps, censés constituer un refuge sûr, se sont en réalité transformés en cauchemar quotidien : pénurie de nourriture, absence de services, menace permanente d’expulsion, de bombardement ou d’invasion. Des milliers de familles se retrouvent aujourd’hui sans autre abri que des tentes, des coins de maisons détruites ou des écoles surpeuplées. Elles vivent dans des conditions humanitaires désastreuses, privées des besoins essentiels : eau potable, nourriture, soins de santé, éducation. À cela s’ajoute l’absence totale de sécurité psychologique et sociale, en particulier pour les femmes et les enfants. »
Brigitte Challande