La Venise du Languedoc, appelée aussi « L’Île Singulière », est connue pour ses lieux emblématiques entre mer, étang et canaux, de la Pointe Courte au Mont Saint-Clair. Son identité, sa culture locale, ses créations populaires continuent de surprendre et de poser quelques questions « singulières » ! Une balade estivale à Sète à suivre cet été avec altermidi au fil de nos articles.
C’est ici. Non loin de la gare, et tout près des quais, le street art a un quartier typique, qui compte un nombre impressionnant de fresques. Les décors d’une vie intensément sétoise.
Cela fait près de quinze ans que les couleurs ont commencé à envahir la rue de Tunis, passage étroit et piétonnier, situé derrière les grands immeubles du quai de la République. Ce petit quartier est un vrai musée à ciel ouvert, une partie du MaCO (Musée à Ciel Ouvert) sétois, et ses habitants ont créé une association « Pour la rue de Tunis », il y a cinq ans, afin de « favoriser le bien-vivre des habitants » par des activités artistiques et culturelles.

Dans les yeux, des oiseaux et des fleurs
On retrouve sur les façades la signature des auteurs d’œuvres remarquées en centre-ville ou au Quartier Haut. La fillette au chat de Sock Wild Sketch est une habitante connue depuis 2021, rejointe par une Jouteuse au canotier rouge, de même signature, non loin du Jouteur de barque bleue du sétois Maye, qui illustre une porte depuis 2017. La Sétoise de Derf s’est installée depuis 2022 et a pour rivale Sète, la femme hybride du duo Amonalis. Brassens a invité ses copains, bien sûr. Les regards se croisent.
Le canal n’est pas loin, donc il y a des poissons, des crevettes, et surtout beaucoup d’oiseaux de toute sorte, ceux de Max Marlou Band, Les paons de 3 Birds in the Moon, ceux de Depose, rejoints par une immense Aigrette garzette de l’étang de Thau, qu’a installée SWS au coin de la rue en octobre, lors des animations de l’événement annuel « Drôles d’oiseaux ». Nawi a créé un Dogeon, entre pigeon et dodo !
La rue Fondère, qui est perpendiculaire, a vu aussi ses murs prendre vie. En 2019 le fidèle Naoui a invité La Baleine et la pieuvre, puis, avec Mazingues et Gaston Labaffe, a créé un angle de rue formidable, Histoire de mer. Tout récemment il a ajouté sur un garage ses Lettres volantes, l’an dernier Nô a fait fleurir de joyeux Tournesols, en septembre Ares a peint un jeune jouteur au regard impressionnant sur une porte de garage. On n’a pas tout vu.

D’une rue à l’autre, le musée s’amuse
Déambulations. Si l’on retourne rue de Tunis, on est attendu depuis septembre par la déesse brésilienne Yemanja de Marcio, ou Gwada, un air de Guadeloupe et l’on retrouve des incontournables, les fresques de la jeune tunisienne Mouna Fradi. Le cactus à casquette de Depose vous salue bien, comme David Selor et Mimil le Renard, et l’on est sidéré par les yeux du Lion d’Apoge. Patrick Bénejean vient d’achever son hippocampe Sète mon chez moi sétois !! since 1966. Il semble prendre vie. Et d’autres sont en train de naître.
C’est une fête pour le regard, mais pas seulement. La rue de Tunis est un monde, le cadre d’un univers festif, qui s’invente et invite à ses rites, ses animations, ses puces, vide-greniers, « Vignonades », carnavals, et il y a quelques semaines « Un jardin dans la rue ». Des activités sont proposées aux jeunes, aux enfants du CCAS, des ateliers des Beaux-Arts et du MIAM. On découvre le dessin au sol, toutes les dimensions. Les murs vous parlent.
Des artistes habitent ce quartier. La rue est une scène. Josy Corrieri et Pascal Larderet, qui avaient installé la Compagnie Cacahuète et ses spectacles vivants au « Lieu Noir », à deux pas de là, sur le Quai Rhin et Danube, ont débuté une nouvelle vie rue de Tunis, où ils ont ouvert « Le Petit Lieu » il y a dix ans. Dans cet espace culturel sont invités animations, spectacles, expositions, et à côté se trouve un endroit unique, la boutique « Discomaniaks », une caverne d’Ali Baba où Pascal propose plus de 50 000 vinyles.

Écouter humour et poésie
La rue de Tunis est en fête de nouveau. Le festival Cacahuète fait son cinéma a débuté dimanche, 100 % sétois, avec la projection de L’aventure scandaleuse de la Cie Cacahuète sorti l’automne dernier, suivi de Brassens a 100 ans. Toujours sétois, le documentaire les Filles de Sète a précédé lundi la première de The Burial, inspiré du spectacle de l’enterrement de Cacahuète, et primé au Festival du film Indépendant de Londres, catégorie meilleur film international. Ensuite, on a tout appris sur Cacahuète, ses « 25 ans d’amour et de bon goût » et découvert Prof et scies.
La fête continue ce jeudi avec le festival Voix Vives : le film Poètes… et toi sétois a invité 30 personnalités locales à dire les poésies qu’ils ont choisies. Conclusions avec « Grosse déconnade » vendredi, et soirée « C’est tout much » samedi, si ça vous dit, avant des surprises dimanche. Effet miroir iconoclaste ? Si les fresques ont des oreilles, tout le peuple graphique qui hante les rues de Tunis et Fondère risque d’être plié de rire.
Michèle Fizaine
Fin de programme du festival « Cacahuète fait son cinéma » (de 2 h à 23h30, au Petit Lieu, 23 rue de Tunis) :
Jeudi 24 Soirée spéciale Doumé et Voix-Vives : « Poètes… et toi sétois » sur une idée Cacahuète réalisée par Dominique Le Guennec, 52 min. Les Sétois disent des poésies de leur choix dans le lieu de leur choix.
Vendredi 25 Soirée Grosse Déconnade : « L’aventure Scandaleuse », Cie Cacahuète, 52 min, de Bruno Le Jean, suivi d’une sélection de films courts de Groland, et « Misère Joyeuse », moyen métrage de et avec Didier Super.
Samedi 26 Soirée « C’est tout much » : « Les Filles de Sète », 26 min, suivi du long métrage « Paulo Anarkao » durée 1h27, réalisé par Gerald, récompensé au Festival de Quend du film Grolandais 2008 (Prix Mikael Kael), Brutal d’Or au Festival Cinémabrut 2008.
Dimanche 27 Clôture du festival : Soirée Surprise.
La participation aux frais, organisée par l’association « Pour la rue de Tunis » est pour toutes les soirées de 4 €. Réservation : 06 20 71 57 42.
Photo 1 Une longue « Histoire de mer » au coin de la rue Fondère et de la rue de Tunis, pour rêver à la sétoise. Crédit photo altermidi M.F.

Série d’été. Sète en questions singulières
Aux joutes sétoises, quels sont les atouts ? – Que nous content les murs de Sète ? –
Aux joutes, quelle est la musique la plus jouée ? –
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