Depuis 20 mois Gaza est sous les bombes, les déplacements, la famine, un nettoyage ethnique de toute une population. Depuis 20 mois Abu Amir – coordinateur des équipes soutenues par l’ Union Juive Française pour la Paix – organise la résistance et la continuité de la vie aussi dignement que possible. Depuis 20 mois Abu Amir écrit, témoigne, analyse dans des textes envoyés au début plusieurs fois par semaines, actuellement plusieurs fois pas jour. Depuis 20 mois l’écriture et sa diffusion restent le lien de vie et de résistance entre eux et nous, c’est une nécessité essentielle de le maintenir ! Leur avenir est aussi le nôtre.
Ce texte a été transmis par Abu Amir le 7 Mai, il diffuse un peu d’espoir, on en a besoin !
« À une époque où les vérités se révèlent, Israël ne peut plus cacher son vrai visage derrière les masques de la diplomatie et de la désinformation médiatique. Ses politiques racistes et ses pratiques coloniales ont été mises à nu, notamment à travers son agression continue contre Gaza, où le monde entier a été témoin du génocide et du nettoyage ethnique dont est victime le peuple palestinien.
Israël s’est longtemps appuyée sur le soutien de certains gouvernements occidentaux, qui lui ont fourni une couverture politique et militaire, ignorant délibérément les droits de l’homme et le droit international. Mais ces gouvernements ne représentent pas leurs peuples, qui sont descendus massivement dans les rues à travers le monde pour exprimer leur rejet de l’agression et leur solidarité avec les Palestiniens.
Les peuples ne se laissent plus berner. Les caméras dirigées, les rapports embellis et les déclarations politiques froides ne peuvent plus dissimuler la vérité. Aujourd’hui, au cœur de la guerre menée contre Gaza, le véritable visage d’Israël est aussi clair que le soleil : une entité sauvage, assoiffée de sang, sans pitié, qui ne reconnaît d’autre loi que celle de la force.
Outre les scènes de massacres de masse et d’extermination systématique, des déclarations racistes scandaleuses ont été prononcées par des ministres du gouvernement israélien – des propos qui ne cachent plus leurs intentions, mais les proclament ouvertement : appel à la déportation totale des habitants de Gaza, les considérant comme « non-humains », évoquant « l’extermination » des populations pour atteindre une « pureté » géographique, et utilisant des expressions appelant à raser les villes sur la tête de leurs habitants. Tout cela ne relève pas d’initiatives individuelles, mais d’une méthodologie officielle, diffusée dans les médias et encouragée par le sommet de la hiérarchie politique et militaire.
Et là, les peuples ont compris. Il ne s’agit plus d’un simple « conflit de frontières » ou d’un « différend politique », mais d’un projet réel de nettoyage ethnique, mis en œuvre par un État qui se considère au-dessus de toute responsabilité, au-dessus du droit international, et même de l’humanité elle-même. Israël ne voit dans les autres peuples que des serviteurs, des esclaves, des entités sans droit à l’objection. Celui qui la critique est accusé d’antisémitisme, celui qui dénonce ses crimes est traqué et réduit au silence. Israël a tenté pendant des décennies de se présenter comme un État démocratique, une oasis au milieu du désert, mais à Gaza, elle a révélé sa véritable nature : un État d’apartheid, un État d’extermination, un État qui tue et justifie, qui détruit et sourit, qui ôte des vies et accuse les victimes d’en être responsables.
Face à cette barbarie, les peuples se sont levés. De tous les continents, les gens sont descendus dans les rues pour Gaza, pour la justice, pour l’humanité. D’immenses manifestations ont rempli les places, malgré la répression, malgré les menaces, malgré les tentatives de les empêcher. Et dans ces foules, les voix se sont élevées : « Nous ne restons pas silencieux », « Gaza n’est pas seule », « Nous ne serons pas des témoins mensongers ». Les peuples – de Tokyo à Toronto, de Rabat à Londres – ont décidé de retirer la légitimité morale à une entité qui se nourrit de la mort et tire sa force du silence de ses alliés.
Ces manifestations ne sont plus un simple acte de solidarité symbolique, mais sont devenues un mouvement de conscience mondiale, qui affirme clairement qu’Israël n’est plus un État à critiquer, mais un État à juger. Le silence n’est plus une option, car les massacres ne sont pas des hypothèses, mais des faits documentés par l’image et le son.
La différence aujourd’hui, c’est que les peuples ne croient plus les récits de leurs gouvernements qui justifient le soutien à Israël au nom de la légitime défense. Les peuples ont vu les enfants brûlés, les mères qui ont perdu leurs enfants, les hôpitaux détruits sur les malades. Ils ont vu la mort, non comme une simple nouvelle, mais comme un crime en direct. Et ils se lèvent, un par un, face à la tyrannie médiatique et politique, pour faire entendre la voix de la vérité : ce qu’Israël fait n’est pas de la légitime défense, mais une extermination méthodique, un racisme insolent, et un mépris flagrant du droit et de la conscience humaine.
Oui, le temps des gouvernants peut durer, et leur alliance avec Israël peut se renforcer, mais les peuples demeurent, et leurs voix s’accumulent, se transforment avec le temps en vagues irrésistibles. Et c’est cela que craint réellement Israël : perdre sa capacité à contrôler l’opinion publique, passer du statut de « victime » qu’elle revendique, à celui de bourreau indéfendable.
Et au final, quand les peuples parlent, tout faux silence s’effondre, tous les murs de la propagande s’écroulent… et l’Histoire revient dire sa parole : nul injustice ne dure, et nul État ne pourra survivre au tribunal des peuples lorsque la vérité sera connue. »
Mais la visite de Donald Trump en Arabie Saoudite le 13 Mai et son retour au Moyen Orient pose beaucoup de questions sur la qualité de l’accord prévu à cette occasion.
A ce propos Abu Amir écrit : « Ce qui aggrave encore la situation, c’est que l’escalade meurtrière actuelle ne semble pas être le fruit du hasard. Elle est plutôt organisée et soigneusement planifiée. Un sentiment général domine parmi les citoyens et les observateurs : l’armée israélienne cherche délibérément à accélérer le rythme des massacres dans les jours précédant la visite du président américain Donald Trump dans la région. Les données sur le terrain indiquent une volonté israélienne claire de parvenir à un « maximum de résultats militaires » et à « alourdir le coût du sang palestinien » avant toute trêve attendue qui pourrait la forcer à interrompre temporairement les tueries. Le sang n’est plus un simple corollaire de la guerre, il est devenu un objectif en soi, un chiffre ajouté au tableau de bord sécuritaire, un message envoyé à l’extérieur indiquant que Gaza ne se relèvera pas, même si la guerre prend fin…
Selon des fuites concordantes de sources américaines et israéliennes, cette visite s’inscrit dans un contexte de manœuvres frénétiques visant à imposer une trêve durable dans la bande de Gaza, ouvrant ainsi de nouvelles fenêtres vers une normalisation avancée entre l’Arabie Saoudite et Israël. Une fois de plus, les Palestiniens se retrouvent à jouer le rôle du « joueur silencieux » dans un grand jeu politique qui se déroule au-dessus de leurs têtes et se négocie en coulisses, sous un titre non déclaré : « le calme contre la normalisation …
À Gaza, il n’y a pas un jour sans massacre, ni une nuit sans tragédie. Et si le monde ne se mobilise pas maintenant, ce qui reste de ce peuple sera enseveli sous les cendres, bien avant que ne soit annoncée la trêve ou divulgué le contenu de l’accord. Gaza ne réclame aujourd’hui que son droit à la vie. Y a-t-il quelqu’un pour l’écouter ? Quelqu’un pour empêcher le prochain massacre… avant qu’il ne devienne une simple brève dans un journal télévisé éphémère ? »
Photo : scolarisation des enfants dans l’école » Premier pas » à Nusseirat organisée par les équipes soutenues pas l’ UJFP. Crédit Photo UJFP