Sous la pression de l’extrême droite, le nouveau gouvernement du conservateur Friedrich Merz tourne définitivement la page de la politique d’accueil du pays, initiée en son temps par Angela Merkel.
À peine en place, le nouveau gouvernement allemand a durci sa politique migratoire en annonçant, mercredi 7 mai, que la plupart des demandeurs d’asile allaient être refoulés aux frontières, au moment où l’extrême droite ne cesse de progresser dans les sondages. Il s’est immédiatement attiré une mise en garde de la Pologne voisine, tandis que la Suisse a « regretté » la décision.
Quelques heures après son entrée en fonction, le ministre de l’Intérieur conservateur, Alexander Dobrindt, a annoncé qu’il annulait une directive d’un de ses prédécesseurs, datant de 2015 et émise en pleine crise migratoire européenne, au cours de laquelle l’Allemagne avait accueilli plus d’un million de réfugiés en provenance principalement de Syrie et d’Afghanistan. Concrètement, M. Dobrindt a ordonné à la police des frontières de refouler les demandeurs d’asile sans papiers, « sauf les groupes vulnérables, comme les enfants et les femmes enceintes ». « L’Allemagne doit pouvoir prendre des décisions pour réduire les chiffres de l’immigration illégale et des demandes d’asile », a-t-il ajouté, lors d’une conférence de presse à Berlin.
M. Dobrindt a tenté de rassurer les voisins de l’Allemagne, dont certains, comme la Pologne, sont déjà très critiques des contrôles qui ralentissent considérablement la circulation des travailleurs frontaliers. L’annonce de ces mesures a toutefois immédiatement fait réagir le chef du gouvernement polonais, Donald Tusk. Ce dernier a ainsi prié le chancelier, Friedrich Merz, « de se concentrer sur les frontières extérieures de l’UE » et préserver la zone Schengen, lors d’une conférence de presse commune à Varsovie. M. Merz a dit avoir informé à l’avance Emmanuel Macron et Donald Tusk de ces contrôles renforcés.
Selon des chiffres du ministère de l’Intérieur allemand, le nombre de demandes d’asile a augmenté de 2020 à 2023, puis diminué en 2024. Au total, 250 945 personnes ont demandé l’asile en Allemagne en 2024, soit une baisse de 28,7 % par rapport à l’année précédente.
Ce tour de vis sur l’immigration, est le sujet qui a dominé la campagne électorale des législatives allemandes. Déjà quelques semaines avant d’entrer en fonction, le chancelier avait annoncé qu’il en ferait l’un des dossiers prioritaires de son gouvernement, notamment pour regagner la confiance des électeurs partis vers l’extrême droite. Dans certains sondages récents, le parti Alternative pour l’Allemagne (AfD), arrivé deuxième aux législatives, s’est hissé en tête, dépassant les conservateurs. La popularité de cette formation antimigrants, classée vendredi « extrémiste de droite » par les services du renseignement intérieur, inquiète le nouveau gouvernement de Friedrich Merz.
Selon un rapport du renseignement, publié dans la presse, le mouvement pratique une « agitation continue » contre les migrants, les réfugiés et les musulmans, les présentant comme un « collectif menaçant ». Le tour de vis que vient de donner le nouveau gouvernement conservateur de Friedrich Merz semble démontrer que cette violence inacceptable produit des résultats.
avec AFP
Photo. La police intercepte des réfugiés à la gare centrale de Munich. Source Wikimédia commons