Depuis 1986, des librairies montpelliéraines se réunissent afin de proposer une manifestation littéraire gratuite dans l’espace public, en plein cœur de ville. La Comédie du Livre – 10 jours en mai, considéré comme le deuxième rendez-vous littéraire national après le Festival du Livre de Paris, qui ouvre ses portes aujourd’hui rend accessible à tous la littérature. 330 auteurs et autrices viendront à la rencontre des lecteurs du 09 au 18 mai. Le salon réunissant libraires, auteurs et éditeurs se tiendra du 16 au 18 mai sur la Promenade du Peyrou.


 

Maylis de Kérangal.© Francesca Mantovani. Éditions Gallimard

Cette 40e édition nous invite à un mariage mixte entre musique et littérature orchestré par Maylis de Kerangal en collaboration avec l’Orchestre National de Montpellier et son chef Roderick Cox. L’écrivaine a eu carte blanche pour concocter cette soirée exceptionnelle, point d’orgue de l’anniversaire du festival, à découvrir samedi 17 mai à 19h à l’Opéra Comédie.

La Comédie du Livre met à l’honneur David Foenkinos qui sera présent pour un entretien le vendredi 16 mai à 19h au Centre Rabelais où il évoquera l’ensemble de son œuvre et son nouveau roman Tout le monde aime Clara (Gallimard).

Pour la deuxième année consécutive, le Grand Prix de l’Imaginaire sera décerné le samedi 17 mai à 18h au Centre Rabelais en compagnie de sa présidente Joëlle Wintrebert et d’une trentaine d’écrivains et écrivaines de science-fiction et fantasy, consacrés ou émergents.

Au-delà d’une riche programmation pour la jeunesse, le directeur littéraire de La Comédie du Livre, Régis Penalva, a souhaité se tourner tout particulièrement vers les nouvelles voix et l’édition indépendante de création littéraire. Deux maisons sont mises en avant.

Irvine Welsh- © Steve Double. Édition Au Diable Vauvert

Les éditeurs indépendants mis en avant

Au Diable Vauvert, née il y a 25 ans, s’est installée avec sa directrice Marion Mazauric dans un territoire de liberté, en Camargue. Elle porte de grands auteurs et autrices de la pop-culture, du féminisme, de la science-fiction, des styles urbains et des nouvelles voix littéraires françaises irrévérencieuses. Ses lecteurs.rices pourront notamment rencontrer Irvine Welsh, le célèbre auteur de Trainspotting ou encore James Morrow le vendredi 16 mai à 17h à l’espace Albertine Sarrazin autour de son nouveau roman Le Monde et vice versa, une satire rétrofuturiste biopunk, qui joue avec nos angoisses climatiques tout en raillant les misères, absurdités et prétentions de la condition humaine.

De même, la maison d’édition francophone Zoé, est l’une des rares (hors Québec) à fêter ses 50 ans en étant décentralisée de Paris. Située en Suisse sous la direction de Caroline Couteau, elle accompagne des auteurs.rices tel.les que la plasticienne Gabriella Zalapì qui sera présente pour une rencontre avec Eduardo Halfon, prix Médicis étranger 2024 pour Tarentule, le samedi 17 mai à 10h30 à l’espace Albertine Sarrazin. À cette occasion Gabriella Zalapì évoquera son roman d’apprentissage Ilaria ou la conquête de la désobéissance qui nous fait voyager en Italie, à travers les yeux d’une enfant de huit ans enlevée par son père. À lire aussi aux éditions Zoé les œuvres complètes du poète Gustave Roud.

La présence des librairies indépendantes demeure l’ADN du salon et invite à découvrir leurs propositions. Seize d’entre elles sont au rendez-vous parmi lesquelles : Arg !, Azimuts, Le Bookshop, La Cavale, En traits libres, Fiers de Lettres, La Géosphère, Gibert Montpellier, le Grain des Mots, La Mémoire du Livre, Nemo, L’Opuscule, Planètes Interdites, Sauramps, Scrupule, Le Toucan Rêveur.

Parmi les nombreux événements à ne pas manquer du festival, on peut mentionner Les lectures électriques qui auront lieu dimanche 18 mai à 11h30, 14h et 15h30 à la faculté de médecine proposées par l’artiste de scène Laurie Bellanca. Cette performance est une création sonore quasi radiophonique, à partir de lectures à voix haute de fragments de textes, qui vise à articuler la littérature à notre présent à travers un trajet hypothétique entre les ouvrages.

Le lundi 12 mai à 19h au MO.CO. Panacée, nous pourrons retrouver le dessinateur de presse et auteur du récent ouvrage Méditerranée, histoires d’un continent kaléidoscope (Futuropolis) Aurel pour une expérience improvisée musicale et dessinée avec le contrebassiste et compositeur Renaud Garcia-Fons.

Gabriella Zalapì © Roman Lusser. Éditions Zoé

 

Lien entre journalisme d’enquêtes et littérature

Enfin, au sein de La Comédie du Livre – 10 jours en mai ont lieu des festivals à part entière. Nous retrouverons pour la troisième fois Plumes de presse sur le site Saint-Charles de l’Université Paul-Valéry, à quelques pas du Peyrou. À travers trois journées, sa créatrice Marie-Ève Thérenty propose de faire du lien entre le journalisme d’enquêtes et la littérature du réel en invitant des journalistes et auteurs·rices. Le mercredi 14 mai une journée dédiée aux polars, le jeudi 15 mai à la bande dessinée reportage, et le vendredi 16 mai c’est la non-fiction et le journalisme d’enquête qui est au cœur du programme. Parallèlement, des activités ludiques sont proposées telles qu’une exposition sur la presse populaire des années 50 avec la possibilité de s’inscrire à deux visites sous format “murder party”, un atelier d’écriture pour créer une intrigue policière à partir de faits divers, ou une participation au jeu de société « Poison Ville » crée par Gallimard.

Le Diagonal organise quant à lui la 3e édition du cycle littérature et cinéma D’un regard l’autre qui prend la forme de cinq séances de documentaires suivis d’échanges avec des cinéastes et des écrivains. Les cinéphiles pourront notamment assister le dimanche 18 mai à 11h à l’avant-première de Javier Cercas et l’imposteur ainsi qu’à la rencontre entre sa réalisatrice, Catherine Bernstein, et l’écrivain Mathias Énard.

Simultanément à La Comédie du Livre, l’association Kamishibaî organise le week-end du 17 et 18 mai au Vigan la 12e édition des Éclats de lire avec des lectures en plein air, des apéros et goûters, ainsi qu’un stand de la librairie La Géosphère.

Tous ces ingrédients et bien d’autres font de ce quarantième anniversaire une grande fête du livre polymorphique incontournable.

Sapho Dinh

Photo1 La Comédie du livre une belle et longue histoire : Jean Joubert et Frédéric Jacques Temple en 1994.

Avatar photo
Titulaire d'un master en anthropologie, je me suis penchée sur les questions de migration et de transmission culturelle par le recueil de récits de vie. Mon travail a porté sur les identités vécues de femmes sibériennes. Afin d'ouvrir un dialogue avec les citoyen.ne.s, j'ai par la suite assuré la fonction de médiatrice auprès des publics dans le cadre d'un festival de danse contemporaine réunissant des artistes de différents pays d'Europe de l'Est. La pratique journalistique répond à mon désir de découverte, de partage, de réflexion commune pour rendre visible en usant de différents supports et modes de langage.