Dans l’Hérault, le conseil départemental prévoit de très larges coupes dans le financement de la culture en réduisant drastiquement le soutien aux acteurs culturels. En première ligne de cette politique budgétaire, le secteur du spectacle vivant qui fera les frais de cette décision si elle est adoptée, organise une vaste mobilisation en intersyndicale avant le vote du budget1.
« Nous n’acceptons pas cette décision qui constitue une défaite de la pensée. Cette prise de position politique va mettre un secteur en très grand danger de disparition, sacrifier un rempart majeur contre la radicalisation des esprits, priver le public héraultais de spectacles, de concerts, d’expositions, de manifestations dans les salles et l’espace public, et de festivals tout au long de l’année », font valoir dans un communiqué commun une dizaine d’organisations syndicales.
Les syndicats qui représentent les professionnels du spectacle vivant couvrent une grande diversité de métiers et de statuts. Ils incluent des artistes, des techniciens, des administrateurs, des producteurs, etc. Ils recouvrent par ailleurs une variété de statuts juridiques, entre intermittents du spectacle, travailleurs permanents, contractuels ou encore indépendants. Ces différences entraînent des intérêts parfois divergents, ce qui rend souvent difficile de fédérer un mouvement commun.
Pour ces raisons, la dynamique syndicale collective sans précédent qui s’est rapidement constituée après l’annonce, dans Libération, de la nouvelle de suppression des budgets est à prendre au sérieux. Elle démontre l’importance de l’enjeu pour le secteur. Le retrait annoncé par le département de l’Hérault tombe en effet alors que le ministère de la Culture lui-même subit lui aussi une nouvelle coupe de 50 millions d’euros après les 100 millions de décembre dernier. Dès lors, la question de la pérennité des missions de service public de la culture se pose plus que jamais.
L’art vivant dans un angle mort
Aux coupes budgétaires du ministère de la Culture s’ajoutent l’impact de la baisse des dotations aux collectivités locales, en particulier pour leurs compétences facultatives. C’est-à-dire celles qui ne sont pas imposées par la loi mais qui relèvent de la libre décision des collectivités (culture, sport, logement social, développement économique, santé, etc.).
« Ce que doit l’État au département de l’Hérault, dans le cadre des “restes à charge” des aides à la personne, équivaut chaque année à 20 ans du budget culture du Département », fait valoir Le président du département Kléber Mesquida pour expliquer son choix. Il souligne également une réduction du soutien de la Région : « la Région Occitanie nous a déjà annoncé la suppression de 100 000 euros de subvention pour notre programmation culture. »
« On ne pourra pas se substituer aux baisses de l’État », a prévenu de son côté la présidente de la Région Occitanie Carole Delga. Dans le contexte national de crise budgétaire et de flottement politique inédit depuis la dissolution, sans prévisibilité de leurs ressources, les collectivités territoriales réduisent leurs investissements. Ce que l’on peut comprendre, mais les choix budgétaires souvent décidés de manière unilatérale, souffrent d’un manque de coordination et d’analyse sur les conséquences sociales et politiques des décisions prises.
Les collectivités territoriales gèrent un maillage dense d’équipements publics dans lequel la culture et notamment le spectacle vivant est souvent considéré comme non productif, en deux mots non essentiel. Dans le communiqué diffusé le 30 janvier, l’intersyndicale régionale du spectacle vivant énumère les conséquences de la coupe budgétaire annoncée dans l’Hérault en termes de plan social, de réduction de l’offre artistique, de fermeture de lieux intermédiaires et de mise à l’arrêt d’une partie de l’action culturelle en direction des établissements scolaires, de santé ou socio-culturels. Autant de domaines où les recherches sur la création de valeur ajoutée du spectacle vivant apparaissent délaissées. Un chemin préférable pour sortir de l’impasse demanderait aux responsables politiques d’y regarder de façon plus attentive.
Jean-Marie Dinh
Illustration Sergio Aqindo
Lire le communiqué de presse Intersyndicale employeur·euse·s et salarié·e·s
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