Les musiciens viennent de Montpellier, Nîmes, Lyon, Paris, Avignon, Aix-en-Provence, Carcassonne, Agde, Sète, Perpignan, et les concerts débutent le 2 février à Clermont-l’Hérault et se terminent à Girona en Catalogne Sud le 17, passant par Lavérune, Avignon, Argelliers pour ce festival annuel. Les basses sont encore à la hausse. De grands moments à ne pas rater.


 

De plus en plus grave chaque année ! Avec son fondateur le contrebassiste Jean Ané, Mardi Graves prépare l’accord parfait. Il suffit de voir son affiche où un contrebassiste, face à la mer, s’écrie « C’est beau l’Hérault ! », et jette au vol ses partitions, pour comprendre qu’on rend hommage à Ravel dont on fête le 150e anniversaire de la naissance. Clin d’œil au tableau de Courbet « Le bord de mer à Palavas », et bien sûr au Boléro qui sera une des pièces les plus jouées cette année. Le dessin est signé par Pierre Samson, le dessinateur satirique toulousain qui a illustré Fluide, Hara Kiri, Libé’, et fondé le Satiricon et le webmag Urtikan.

 

La contrebasse, ça déménage…

L’affiche de Pierre Samson, clin d’œil à Ravel et à Courbet

Mardi Graves tient la route depuis 1993, et son inventeur Jean Ané réunit plus d’une centaine d’artistes, des fidèles, des compositeurs : « On a beaucoup de succès, des dons. On continue, car les gens te poussent ! » Un festival de découvertes surprenantes… On se souvient des œuvres du regretté Jean-Marc Boudet, tromboniste et compositeur plein d’humour, on a suivi aussi « la contrebasse voyageuse » de Thierry Petit, l’octobasse de Nicola Moneta, qui mesure près de 4 m, les œuvres inconnues de Bottesini, une « Quête du Graav », et bien d’autres aventures… « Beaucoup de délires ! », confirme le soliste de l’Orchestre de Montpellier, qui rappelle les premières rencontres de la flûte, de la clarinette avec la contrebasse, le concours international de basses…

Les musiciens viennent de Montpellier, Nîmes, Lyon, Paris, Avignon, Aix, Carcassonne, Agde, Sète, Perpignan, et les concerts débutent le 2 février à Clermont-l’Hérault et se terminent à Girona en Catalogne Sud le 17, passant par Lavérune, Avignon, Argelliers. Les masterclass, au nombre de sept, attirent les jeunes des conservatoires de la région, et ils participent au concert du dimanche. Le Chai du Terral de Saint-Jean-de-Védas reste l’emblématique centre de gravité.

 

Le Boléro et ses héros

Le grand concert de cette Année Ravel, « C’est beau l’Hérault », est donné trois fois, avec programmes et interprètes différents. Saint-Saëns et Grieg sont invités, et Bizet est de la fête, puisque 2025 fête aussi les 150 ans de sa naissance ! Au Boléro de Bottesini, au lied de Charles Chaynes s’ajoutent des créations mondiales. Le 4, dans les « 90 % de matière grave », on peut découvrir « La bestiole exploratrice » de Jean-Marc Fouché que le compositeur définit comme un « court-métrage musical animalier », écrit pour contrebasse et trombone. Claude-Henry Joubert propose une peu de vocalitude avec Nicolas Rivenq, dans « Tyran Cruel, Aimable Dieu », présenté comme une « Cantate pour baryton fervent et contrebasse accorte ». Enfin triomphe le « Bel Hérault » de Bernard Langlois qui sollicite les bois pour mettre Ravel la tête à l’envers, sur le thème « HÉRAULT », qui suit les notes correspondant aux lettres du mot – la# mi ré# la sol# mi fa.

 

 

NEOM, rêve musical d’un cauchemar humain

Gravité absolue : le soliste Jean Ané donne le ton (Ph. OONMO).

On retrouve cette association des notes et des lettres dans « Fata Morgana I » de Matthieu Ané, trio en quatre parties réunissant clarinette, contrebasse et piano, créé à Darmstadt l’an dernier. C’est la première en France. Si « Fata Morgana » évoque la Fée Morgane, le terme désigne aussi un phénomène optique de combinaisons de nuages ou d’images.

Une œuvre fatale est en cours. Le mot « NEOM » en est le motif musical (sol, mi, la, fa). Énigmatique ? Matthieu Ané explique sa démarche : « Le titre de l’œuvre dénonce de manière détournée le projet de construire une ville futuriste du nom de NEOM au milieu du désert d’Arabie Saoudite. Neom est un projet fou : une ville flottante sur la mer Rouge, un lac artificiel et des stations de ski dans les montagnes du Hedjaz, des tunnels pour traverser les montagnes du désert et un aéroport d’une capacité de 100 millions de passagers par an. Et surtout THE LINE, une mégapole futuriste aux deux façades en miroir, en ligne droite sur 170 km. Objectif : 1 million d’habitants en 2030, 9 millions en 2045. »

Images, mirages, un désastre à découvrir, en attendant un épisode II.

 

 

Sous le signe du serpent

Serpent en liberté, sous les doigts d’Harumi Baba-Dath.

C’est une certitude : « On trempe dans les graves ! » D’entrée, c’est parti avec « Cat Baix », l’ensemble d’une bonne dizaine de contrebasses fondé à Perpignan, qui vit de beaux succès, puis on découvre le trio « A few years later », et le duo peu ordinaire d’euphonium1 et d’accordéon « Smoking Mouse ». Stagiaires et professeurs sont dirigés le 9 par Émilie Postel-Vinay, auteur de super manuels d’étude : « On va repartir les oreilles en feu… », prévient Jean Ané. Côté pédagogie et causerie, on fait confiance à Claude-Henry Joubert pour célébrer Ravel et évoquer la transmission musicale — les jeunes sont fanas de sa partition « La frisée et les lardons »…

La fête des contrebasses réunit Bernard Cazauran, Olivier Thiéry, Tom Gélineaud, Cédric Carlier, Théotime Voisin, Thierry Barbé, Gal.la Navarro, Quentin Wattencourt, Emmanuel Massat, Claude Cardonnet, Claude Roger, Mathieu Salas, Brice Soniano et son ensemble… Cette équipe unique au monde invite bois et cuivres, fidèles complices. Place d’honneur pour un instrument rare : Harumi Baba-Dath, qui enseigne au CRR (Conservatoire à rayonnement régional) de Perpignan, met en valeur le serpent2, instrument de légende, actuellement devenu rare. Belle occasion de le découvrir : le Nouvel An lunaire, célébré mercredi, place justement l’année 2025 sous le signe du Serpent de Bois !

Michèle Fizaine

 

Demandez le Prograve !

DIMANCHE 2  17h : Musiques de films par « Cat Baix »,
Dominicains de Clermont-l’Hérault

MARDI 4  20h : « 90 % de matière grave », créations
Château des Evêques de Lavérune (Entrée libre)

MERCREDI 5  14h et 19h30 : Masterclass et récital de Cédric Carlier, contrebasse CRR d’Avignon (Entrée libre)

JEUDI 6  18h30 : « C’est beau l’Hérault ! », Année Ravel,
Salle Vert Paradis d’Argelliers (Entrée libre)

VENDREDI 7
de 9h à 11h30 : « La pédagogie dans tous ses états » avec Claude-Henry Joubert Cité des Arts à Montpellier
et à 18h30 et 20h : Brice Soniano Ensemble
Gazette Café à Montpellier

SAMEDI 8 : au Domaine et Chai du Terral, à Saint-Jean de Védas
11h masterclass contrebasse
16h serpent,
17h euphonium
15h causerie « Maurice Ravel rêveur amical »
18h30 trio « A few years later » (sur réservation)
20h Grand Concert « C’est beau l’Hérault ! », Année Ravel (10 et 15 €)
22h30 Bass Bar Brice Soniano Ensemble

DIMANCHE 9 : au Chai du Terral à Saint-Jean-de-Védas
11h masterclass tuba
14h contrebasse
16h « Le concert du Dimanche » (sur réservation).

MARDI 11  20h : « C’est beau l’Hérault ! », Année Ravel, concert donné en hommage à Christian Portanier, et au bénéfice de la restauration de l’orgue des Saints-François. 10 et 15 €
Salle Molière de l’Opéra Comédie de Montpellier.

MERCREDI 12  16h : « À la découverte du cor et de la contrebasse »
Médiathèque de Saint-Jean-de-Védas.

LUNDI 17  16h : masterclass de contrebasse avec Jean Ané
au conservatoire de Girona en Catalogne.

Site : ICI

 

Photo 1 Formation rare, un orchestre de contrebasses, comme Cat Baix, autour de Jean Ané (au centre).

 

Notes:

  1. L’euphonium, ou tuba ténor, est un cuivre à la tessiture grave très populaire auprès des solistes du fait de son timbre distinctif. Utilisé principalement au sein de fanfares et d’orchestres d’harmonie, l’euphonium présente une perce conique qui lui confère une voix plus veloutée que celle du saxhorn baryton.
  2. Le serpent est un instrument à vent grave, à perce conique et dont l’embouchure est appelée « bouquin », de la famille des cuivres. L’instrument présente une forme serpentine, particularité qui lui a donné son nom. Il est percé de six trous, ce qui permet de jouer toute l’échelle chromatique dans un registre proche de la voix de baryton (située entre le ténor et la basse).
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J’ai enseigné pendant 44 ans, agrégée de Lettres Classiques, privilégiant la pédagogie du projet et l’évaluation formative. Je poursuis toujours ma démarche dans des ateliers d’alphabétisation (FLE). C’est mon sujet de thèse « Victor Hugo et L’Evénement : journalisme et littérature » (1994) qui m’a conduite à écrire dans La Marseillaise dès 1985 (tous sujets), puis à Midi Libre de 1993 à 2023 (Culture). J’ai aussi publié dans des actes de colloques, participé à l’édition des œuvres complètes de Victor Hugo en 1985 pour le tome « Politique » (Bouquins, Robert Laffont), ensuite dans des revues régionales, et pour une série de France 2 en 2017. Après des études classiques de piano et de chant, j’ai fait partie d’ensembles de musique baroque et médiévale, formée aux musiques trad occitanes et catalanes, au hautbois languedocien, au répertoire de joutes, au rap sétois. Mes passions et convictions me dirigent donc vers le domaine culturel et les questions sociales.