Le placement en rétention administrative de l’influenceur algérien surnommé Doualemn, interpellé à Montpellier, a été prolongé a annoncé hier Gérald Darmanin, sur LCI. Attisée par le ministre de l’intérieur et le garde des sceaux, l’affaire prend une tournure politique.
Âgé de 59 ans, l’influenceur algérien avait été interpellé dans l’Hérault après des signalements du maire de Montpellier et du préfet pour une vidéo publiée sur TikTok. Dans laquelle, il « appelait à donner une sévère correction, à frapper un homme semblant résider en Algérie », selon le parquet.
Maîtres Jean-Baptiste Mousset et Marie David-Bellouard déplorent une décision qu’ils considèrent comme ayant été « rendue dans une situation politique et diplomatique tendue et dont notre client fait les frais. »
« La détermination particulièrement féroce dont a fait preuve le ministre de l’Intérieur à l’encontre de Doualem s’inscrit dans un contexte ultra-répressif des personnes étrangères », ont déclaré les avocats de l’influenceur via un communiqué de presse.
Placé mardi au centre de rétention administrative de Nîmes, « Doualemn » a été expulsé jeudi après-midi vers l’Algérie d’où il a été renvoyé en France le soir même, l’Algérie l’ayant « interdit de territoire », selon le ministère de l’Intérieur.
En réaction, le ministre français de l’intérieur Bruno Retailleau a affirmé vendredi que « l’Algérie cherche à humilier la France ».
Des accusations rejetées samedi par l’Algérie dont le ministère des Affaires étrangères affirme que « l’extrême droite revancharde et haineuse, ainsi que ses hérauts patentés au sein du gouvernement français, mènent actuellement une campagne de désinformation, voire de mystification, contre l’Algérie. »
Le ministre de la justice Gérald Darmanin a annoncé dimanche sur LCI vouloir « supprimer » l’accord intergouvernemental franco-algérien de 2013 qui permet à la nomenklatura algérienne de se rendre en France sans visa, dans le contexte d’aggravation des tensions entre les deux pays.
« Il y a un accord de 2013 qui est un accord gouvernemental qui permet à ceux qui ont un passeport officiel, un passeport diplomatique algérien, il y en a des milliers », de « venir en France sans visa pour pouvoir circuler librement », a-t-il précisé.
« Toucher les dirigeants ou la plupart des dirigeants algériens qui ont la position de décision d’humiliation, comme l’a évoqué le ministre de l’Intérieur (Bruno Retailleau), ça me paraît plus intelligent, plus efficace et ça peut se faire très rapidement », a développé le garde des Sceaux.
« Il faut supprimer cette facilité », a-t-il affirmé. Cette « mesure de rétorsion » ne toucherait pas « les 10 % de nos compatriotes qui ont des liens de sang, de sol, de culture, y compris les Pieds-Noirs », a ajouté Gérald Darmanin. Un message qui trouve sans nul doute écho chez les nostalgiques de l’Algérie française.
Avec AFP