À Montpellier, une évaluation des impacts sanitaires démontre que le plan de protection de l’atmosphère se traduit par une diminution tangibles des décès liés à la pollution de l’air. L’étude révèle cependant des disparités sociales préoccupantes avec un taux de mortalité des populations les plus défavorisées supérieur de 45 % comparé aux groupes les moins défavorisés.


 

La mortalité liée à la pollution de l’air ambiant reste un risque conséquent en France avec 40 000 décès attribuables chaque année aux particules fines. « J’ai connu du soufre et du plomb dans les carburants. Et ça paraissait complètement fou que l’on n’ait plus de soufre dans les carburants ! Aujourd’hui on n’en a plus !… Donc des progrès, on arrive à en faire. […] Je pense que les normes de l’OMS sont atteignables », déclare Dominique Tilak, Directrice Générale Atmo Occitanie1 en conférence de presse, lundi 28 octobre. Un adulte en bonne santé a besoin de 15 000 litres d’aire par jour et chaque minute nous respirons 10 litres d’air. On comprend vite que la qualité de l’air est une question de vie ou de mort, un enjeu sanitaire prioritaire. 

 

Droit à un environnement sain

Adoptée en décembre 1996, la « loi Laure » marque un tournant en matière de droit à un environnement sain en France. Elle pose comme principe fondamental que « chacun a le droit de respirer un air qui ne nuise pas à sa santé », faisant de l’air un bien commun dont l’État est le garant. Bref ! Cette loi impose aux autorités publiques une série d’obligations pour surveiller et améliorer la qualité de l’air, avec la mise en place de plans de protection de l’atmosphère (PPA) dans les zones à forte pollution. À Montpellier c’est le cas. « Nous travaillons avec un outil intégré » qui dispose « d’un inventaire des sources de pollution atmosphérique », précise Dominique Tilak. En comptant sur le réseau de mesures Atmo et les modèles de dispersion qui vont permettre avec les données météo et les transformations chimiques de la pollution, de « reconstituer heure par heure, jour par jour la pollution atmosphérique ». La directrice ajoute que « cette méthodologie nous permet de travailler sur l’ensemble de la région Occitanie, et là nous avons travaillé à l’échelle du PPA de Montpellier ».

 

Une décennie d’implication pour la qualité de l’air

Le plans de protection de l’atmosphère de Montpellier se traduit par une décennie d’amélioration de la qualité de l’air avec des impacts tangibles sur la santé. En octobre 2024, Atmo Occitanie, en partenariat avec l’ARS Occitanie et le CREAI-ORS (Centre Régional d’Études et d’Informations pour la Santé et le Handicap), a publié une évaluation des impacts sanitaires (EQIS) liés à l’amélioration de la qualité de l’air sur l’agglomération de Montpellier. Cette étude révèle des progrès significatifs entre 2009 et 2019, notamment une réduction des concentrations de particules fines (PM2,5) de 16 % et du dioxyde d’azote (NO2) de 23 %, entraînant « une baisse notable des taux de mortalité et de morbidité associés à la pollution atmosphérique », note Patrice Poinat, médecin en santé publique et médecine sociale.

 

Recul des décès

Restons sur les chiffres : les effets bénéfiques de cette amélioration se manifestent par une diminution de 19 % des décès attribuables aux PM2,5 chez les plus de 30 ans, passant de 113 décès pour 100 000 habitants en 2009 à 92 en 2019. Pour le NO2, la mortalité a chuté de 40 %, passant de 25 décès à 15 pour 100 000 habitants. Aussi, les cas de cancers du poumon et d’accidents vasculaires cérébraux (AVC) attribués aux PM2,5 ont respectivement baissé de 22 % et 11 %. Les jeunes âgés de 0 à 17 ans ont également bénéficié de cette amélioration de l’air. La modélisation des études démontre que les nouveaux cas d’asthme attribuables aux PM2,5 ont chuté de 43 %, réduisant l’incidence de 608 cas pour 100 000 habitants en 2009 à 347 en 2019. Reste que l’étude montre qu’un alignement des niveaux de pollution sur les recommandations de l’OMS (5 µg/m³ pour les PM2,5 et 10 µg/m³ pour le NO2) pourrait encore éviter 92 décès et 347 cas d’asthme par an pour 100 000 habitants.

 

Des disparités sociales préoccupantes

Sur ce Plan de Protection Atmosphérique (PPA) de Montpellier, l’étude semble aussi révéler des disparités sociales préoccupantes. Les populations les plus défavorisées, exposées à des niveaux de pollution plus élevés (+18 % pour les PM2,5), affichent un taux de mortalité supérieur de 45 % comparé aux groupes les moins défavorisés. Cette vulnérabilité accrue découle de facteurs socio-économiques, incluant des conditions de vie et de logement défavorables, un accès réduit aux soins et une exposition quotidienne à des zones de pollution plus élevée.

Avec une surveillance continue et des actions ciblées, il devrait être possible d’envisager de nouvelles améliorations de santé publique pour les Montpelliérains, l’objectif étant d’atteindre les seuils recommandés par l’OMS. Mais de nombreux défis demeurent : entre les zones à faibles émissions (ZFE) respectées ou non, l’implantation en cœur de ville d’une unité de CSR (Combustible Solide de Récupération), les axes autoroutiers et les contournements périphériques. Le champ d’exploration reste large et inquiétant. Il nécessitera une vigilance accrue. Pour l’heure, place à la satisfaction, alors que l’air s’est amélioré entre 2009 et 2019 dans le cadre du PPA de Montpellier, qui couvre 115 communes. 

Jean-Philippe Vallespir

Notes:

  1. Atmo Occitanie, est l’observatoire agréé pour surveiller la qualité de l’air en Occitanie.