Lors du concert d’inauguration, les musiciens symphoniques qui ont joué l’ouverture des JO ont été vivement félicités, admirés sur les réseaux pour leur performance sous une pluie battante au prix de sacrifier l’histoire d’amour entre les musiciens et leurs instruments.


 

Les photos n’ont pas manqué où on les voit jouer sous des imperméables ! Même solidarité et enthousiasme pour le récital piano d’Alexandre Kantorow qui avait choisi « Jeux d’eau » de Ravel. Quelle fine intuition… On le voit affronter le déluge avec une sublime inspiration.

Tous les medias saluent ces « exploits », le mot revient souvent. Mais peu de spectateurs s’inquiètent pour les instruments de musique. Ces musiciens renommés ne jouent pas sur des instruments d’étude, et la pluie porte un sacré préjudice à la santé musicale des instruments à cordes notamment, mais aussi des vents ou des percussions.

Il faudra des mois pour restaurer ces violons, contrebasses, hautbois et certains musiciens ne retrouveront que des instruments handicapés. Le piano joué par Kantorow, dont on ne dit pas le nom du facteur, pourrait ressusciter dans quelques mois. Mais en coulisses quelques musiciens osent quand même dire que c’est une souffrance de voir abîmé l’instrument partenaire, irremplaçable relation. On a fini par se poser des questions, concernant aussi les milliers d’euros que coûte un instrument d’orchestre national !

Face à la polémique naissante — précisant notamment qu’il y avait eu fabrication par une entreprise de pianos en polystyrène ! — le violoncelliste supersoliste de l’Orchestre national de France (ONF), Rafaël Perraud, vient tout juste de donner quelques explications : en fait l’Orchestre de Paris a prêté ses instruments « semi-industriels » (sic), qui sont arrivés un quart d’heure avant, sous escorte policière. Pour mieux s’accorder, sans doute… Il semble aussi que la diffusion TV était un enregistrement de la répétition : pas de fausse note. Si ce n’est pour le piano « aqueux », qui risque de ne pas s’en remettre, même historiquement dompté par Kantorow, trois fois Victoire de la Musique ! Quand on sait que les conservatoires n’ont pas toujours de quoi acheter des instruments de prêt pour les élèves…

Michèle Fizaine

 

Sous le déluge le piano sur la touche

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J’ai enseigné pendant 44 ans, agrégée de Lettres Classiques, privilégiant la pédagogie du projet et l’évaluation formative. Je poursuis toujours ma démarche dans des ateliers d’alphabétisation (FLE). C’est mon sujet de thèse « Victor Hugo et L’Evénement : journalisme et littérature » (1994) qui m’a conduite à écrire dans La Marseillaise dès 1985 (tous sujets), puis à Midi Libre de 1993 à 2023 (Culture). J’ai aussi publié dans des actes de colloques, participé à l’édition des œuvres complètes de Victor Hugo en 1985 pour le tome « Politique » (Bouquins, Robert Laffont), ensuite dans des revues régionales, et pour une série de France 2 en 2017. Après des études classiques de piano et de chant, j’ai fait partie d’ensembles de musique baroque et médiévale, formée aux musiques trad occitanes et catalanes, au hautbois languedocien, au répertoire de joutes, au rap sétois. Mes passions et convictions me dirigent donc vers le domaine culturel et les questions sociales.