Face à la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron et à la montée de l’extrême droite, la société civile se mobilise autour du Nouveau Front Populaire (NFP). Syndicats, associations et personnalités influentes s’unissent pour soutenir un programme de rupture. Elle attend un changement profond porté par un slogan : « Ne nous trahissez pas ».


 

« L’heure n’est plus à la neutralité. Il faut massivement voter et faire voter », déclarent plus de 200 influenceurs dans une tribune publiée sur le blog de Mediapart. C’est peu dire que la décision du président Macron de dissoudre l’Assemblée a provoqué un séisme dans les paysages politique et médiatique, comme dans le cœur des gens.

Depuis le soir du 9 juin, face au risque d’une extrême droite au pouvoir, la société civile se mobilise : Syndicats de travailleurs, d’étudiants, prix Nobel, économistes, union des entreprises de l’économie sociale et solidaire, militant pour l’écologie… Dans Le Nouvel Obs plus de 3000 scientifiques appellent « à une mobilisation contre le Rassemblement National par le vote et l’engagement collectif », et à un soutien clair pour le Nouveau Front populaire (NFP).

Dans le sud comme partout en France, les manifestations se succèdent, réunissant une société civile unie par une même peur et des espoirs partagés.

 

Au-delà du rejet

 

« Le RN c’est aussi la préférence nationale, l’instauration d’un régime d’apartheid social », déclare Amandine, Assistante socio-éducative, dans un long témoignage. Ses craintes d’un RN au pouvoir sont largement partagées. Attaques sur la justice, durcissement de la police, mainmise sur les médias, confusion scientifique… En Italie, en Hongrie ou en Argentine, l’extrême droite n’est jamais tendre avec les libertés fondamentales et l’État de droit, rappellent les auteurs de la tribune du Nouvel Obs.

Pour cette raison, sans doute, Marion, enseignante du premier degré, exprime d’abord un soulagement : « Je ne sais pas si j’attends quelque chose de particulier, mais je suis ravie que dans le contexte actuel, la gauche politique arrive à se retrouver sur des ambitions communes », elle espère que la gauche « gagne le plus de circonscriptions possible pour proposer autre chose que les idées d’extrême droite, mais aussi les idées libérales. »

Cette idée de sortir du libéralisme incarné par Emmanuel Macron se retrouve dans de nombreux récits. Amandine, dénonce l’hypocrisie du RN et son libéralisme idéologique « Macron veut s’appuyer sur le RN pour continuer à mener sa politique réactionnaire, au service des plus riches. L’extrême droite n’a jamais montré de différence de fond avec le camp présidentiel et n’a jamais défendu les droits sociaux des travailleurs. »

 

L’idée d’un changement

 

À l’inverse, le NFP porte l’espoir d’un changement. Son programme conçu comme une réponse de rupture aux politiques d’Emmanuel Macron, mets l’accent sur les urgences sociales, écologiques, démocratiques « Nous n’avons pas d’autre choix que faire du front populaire l’outil des travailleurs pour imposer le progrès social et des politiques de rupture avec celle du capital », souligne Amandine. C’est le leitmotiv de l’ensemble des organisations qui soutienne le NFP. « Cet idéal de gauche est nécessaire pour la jeunesse », abonde Marion, « Pour cette future génération, nous n’avons pas d’autres choix que d’être à la hauteur pour une justice sociale et environnementale. »

Florent, kinésithérapeute, exprime ses inquiétudes : « C’est évidemment l’alliance de la carpe et du lapin. […] Assurément si la prise en compte de l’urgence, notamment économique, ne fait pas l’objet d’un consensus et que chaque parti continue à se focaliser sur l’accessoire. » Il craint une dislocation du NFP. Les craintes de trahison et de division au sein du NFP sont palpables. D’autant que, ajoute Amandine, « si la gauche gagne, son travail ne sera pas facilité par le pouvoir économique ». L’expérience de la NUPES, où les tensions médiatiques éclipsaient souvent les efforts parlementaires, reste dans les mémoires.

« Quelle que soit l’issue des élections législatives, et pour les batailles militantes et électorales à venir, nous avons besoin d’une majorité culturelle forte », déclare l’association écologiste Alternatiba, à l’instar de nombreux militants.« Le changement de système ne pourra se faire qu’avec une grande mobilisation citoyenne dans la durée, pour exercer un rapport de force face aux camps néo-libéraux et réactionnaires ».

Ikarr Costa

 

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