Pour annoncer les grands moments de sa saison 2024-2025, l’Opéra Orchestre de Montpellier Occitanie (OONMO) donne de la voix ! Un programme riche, lyrique et symphonique, des découvertes et des expériences variées : l’OONMO se veut « une maison éminemment sonore », en lutte contre les vents mauvais, et résolument ouverte et optimiste pour financer des événements.


 

L’an dernier en juin, lors de la présentation de la saison de l’Opéra Orchestre, l’un des artistes en résidence, le poète Ar Guens Jean Mary, inventait un « chant libre » face aux difficultés que connaissait la Culture… Cette année, la conférence de presse du 5 juin a monté le son pour livrer les bons augures de sa programmation.

Le Président par interim Bernard Serrou, le maire et président de la métropole Michaël Delafosse, accompagné d’Éric Penso, vice-président à la Culture, et Valérie Chevalier, qui est à la barre depuis 2013, ont présenté la superbe brochure illustrée par Arkane et annoncé une embellie après la traversée particulièrement périlleuse ces derniers mois. Comme pour bien des orchestres… Mais la saison s’est terminée par une « Bohème » de Puccini qui a rassemblé un large auditoire, et qui a en quelque sorte fêté l’intronisation du chef américain Roderick Cox, nommé directeur musical, un poste non attribué depuis plus de dix ans. Il a dirigé déjà quatre fois à Montpellier, très remarqué dans les programmes américains, notamment un superbe « Transtlantique » filmé pendant le Covid, et avec l’orchestre ce talentueux maestro de 37 ans va redécouvrir le répertoire classique.

 

 

Valérie Chevalier accueille un nouveau directeur musical, le jeune maestro américain Roderick Cox. Photo OONMO

 

Emblématique pour l’avenir, cette « Bohème » — succès qui fait oublier la création « christique » de Jean-Paul Scarpitta en 2012 — peut bien servir de modèle et de ligne directrice pour maintenir un 100 % de fréquentation du public. La projection de l’enregistrement au Peyrou, puis à Mèze, Monoblet et Carnas, a remédié au « complet » rapidement affiché, et ce sont les recettes du Gala des Mécènes qui ont permis de l’organiser ! Une nouvelle route s’ouvre.


De Verdi à Mozart… Offenbach pour Noël, et Cherubini au printemps

C’est donc Cox qui ouvre une saison lyrique riche de quatre opéras, un oratorio et un spectacle. Il dirige en septembre « La Force du Destin » de Verdi, mis en scène par Yannis Kokkos à Parme en 2022, qui sera joué ensuite à Toulon. En décembre sera donné enfin en live, avec Victor Jacob à la baguette, « Le Voyage dans la lune » d’Offenbach, grand projet du Palazzetto Bru Zane filmé à l’Opéra Comédie pendant le Covid en 2020, une création décoiffante, d’ailleurs décorée d’un Award. Ensuite une coproduction de l’Opéra Comique, « Médée » de Cherubini, sera dirigée par Jean-Marie Zeitouni dans une mise en scène aux résonances actuelles qui marque le retour de Marie-Eve Signeyrole. Quant à Philippe Jaroussky, qui a terminé sa résidence montpelliéraine, il prépare un « Mitridate re di Ponto » de Mozart avec la metteuse en scène Emmanuelle Bastet, un événement qui sera enregistré par France Musique. Par ailleurs le chœur de l’Opéra Orchestre, reconnu comme un des plus brillants de France, sera mis en lumière dans « La Création » de Haydn, oratorio dirigé par George Jackson, et le spectacle « Exils » réunira un répertoire lyrique consacré aux musiciens en exil.


Retrouvailles symphoniques, découvertes, surprises et… « Métamorphose »

Le programme symphonique monte le son lui aussi. On va fêter les 20 ans de présence de la violoniste supersoliste Dorota Anderszewska, mais les invités sont nombreux, et 20 grands concerts mettent en lumière solistes et chefs, notamment la jeune flûtiste montpelliéraine Chloé Dufossez, la pianiste prodige de 15 ans Arielle Beck, l’altiste Adrien La Marca, la soprano Elza van den Heever, les cellistes Edgar Moreau, Luka Coetzee ou Anastasia Kobekina et son Stradivarius, et bien des virtuoses. Roderick Cox sera à la baguette et on retrouve avec grand plaisir Michael Schønwandt, qui a été chef principal pendant huit ans, Magnus Fryklund, qui a lui aussi marqué l’histoire de l’orchestre, mais aussi David Niemann, Stéphanie Childress, Yi-Chen Lin, Domingo Hindoyan, Elinor Rufeizen, Kristiina Poska. Outre la rencontre « Unanimes ! » dédiée aux compositrices par l’Association Française des Orchestres, on ne ratera pas les rendez-vous avec Alexandre Tharaud, toujours en résidence, rejoint par l’ensemble baroque Le Consort et complice en poésie avec Christiane Taubira ! On retrouve la mezzo montpelliéraine Adèle Charvet, on découvre le duo Alexandre Kantorow et Léa Desandre, et la romancière Maylis de Kerangal a Carte Blanche… Dépaysement au programme, celtique avec The Curious Bards, oriental avec les Iraniennes du groupe Atine ou la magnifique Waed Bouhassoun. Et un coup de cœur de Bernard Lavilliers pour l’Orchestre de Montpellier : sa « Métamorphose » dirigée par Gwennolé Rufet. « On the road again » !


Un OONMO « sonore », qui a des choses à dire, des paris à gagner

Si la saison nouvelle a pour slogan « Une maison éminemment sonore », elle se veut aussi particulièrement visible et ouverte à tous. Les spectacles « à hauteur d’enfant » représentent une quarantaine de rendez-vous, et Opéra Junior, qui compte 200 jeunes, ouvre un Mini Opéra destiné aux enfants de maternelle ! L’aventure continue pour la pratique en amateur qui réunit 500 chanteurs et musiciens, et pour les projets destinés aux publics éloignés en milieu médical, et en situation de handicap physique ou social. L’opéra a ouvert ses portes pour accueillir le monde mais aussi pour faire sa sortie, en ville et sur les réseaux.

Faites du bruit ! L’OONMO n’a pas encore gagné tous ses paris, financièrement notamment, mais vient d’annoncer ses enjeux artistiques. La récente conférence de presse a permis de mettre aussi en lumière des stratégies : c’est l’autre face des projets, moins visible, qui sera le sujet d’un prochain article, toujours « de saison ».

Michèle Fizaine

Programmes, tarifs, abonnements et au 04 67 60 19 99

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Photo « Éclats de génies » avec Mozart et une pianiste de 15 ans, Arielle Beck, premier Prix du Concours Jeune Chopin 2018. Photo Sylvain Gelineau

 

 

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J’ai enseigné pendant 44 ans, agrégée de Lettres Classiques, privilégiant la pédagogie du projet et l’évaluation formative. Je poursuis toujours ma démarche dans des ateliers d’alphabétisation (FLE). C’est mon sujet de thèse « Victor Hugo et L’Evénement : journalisme et littérature » (1994) qui m’a conduite à écrire dans La Marseillaise dès 1985 (tous sujets), puis à Midi Libre de 1993 à 2023 (Culture). J’ai aussi publié dans des actes de colloques, participé à l’édition des œuvres complètes de Victor Hugo en 1985 pour le tome « Politique » (Bouquins, Robert Laffont), ensuite dans des revues régionales, et pour une série de France 2 en 2017. Après des études classiques de piano et de chant, j’ai fait partie d’ensembles de musique baroque et médiévale, formée aux musiques trad occitanes et catalanes, au hautbois languedocien, au répertoire de joutes, au rap sétois. Mes passions et convictions me dirigent donc vers le domaine culturel et les questions sociales.