Le système de santé se dégrade et il devient de plus en plus difficile d’avoir accès aux soins. Mais la majorité vote avec le RN contre la régulation de l’installation des médecins libéraux et des dentistes.
La proposition de loi d’initiative transpartisane pour lutter contre les déserts médicaux a été examinée à l’Assemblée nationale mercredi 14 juin.
Quelques timides changements ont été adoptés (indicateur territorial d’offres de soins, modifications de la délimitation des territoires de santé, exercice des médecins étrangers facilité, préavis au départ, formations et accès aux études dans les territoires, limite des remplacements, permanences de soins…).
Un amendement, porté par Guillaume Garot (Parti socialiste), soutenu par 207 députés de presque tous les groupes, hormis le RN et longuement travaillé, proposait de réguler l’installation des médecins libéraux et des dentistes dans les territoires sur-dotés.
Il a été rejeté à 127 voix pour (de LFI à LR) et 168 voix contre issues de la majorité et de l’intégralité du Rassemblement national (RN). Ainsi, le RN s’allie à nouveau au gouvernement, mettant en avant la liberté des entreprises, comme lorsqu’il s’est opposé à l’augmentation du smic et au rétablissement de l’impôt sur les grandes fortunes.
La proposition de régulation territoriale, présentée comme une solution au désert médical qui sévit dans de nombreuses régions, avait soulevé un tollé chez les syndicats de médecins.
« Selon les chiffres du ministère de la Santé, la désertification médicale touche plus de huit millions de Français. Pour les 10 % de la population habitant les territoires où l’offre de soins est la plus insuffisante, il faut 11 jours pour obtenir un rendez‑vous avec un généraliste et 93 pour un gynécologue. Le temps d’attente atteint même 189 jours pour consulter un ophtalmologue. (…) Selon la DRESS [direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques], le nombre total de médecins actifs de moins 70 ans continuera à diminuer au moins jusqu’en 2025 », résume la proposition de loi.
En effet, le temps d’attente pour obtenir un rendez-vous pour des examens ou avec un spécialiste, même dans les grandes villes, est très long, voire souvent impossible dans le secteur public, ce qui oblige -pour ceux qui le peuvent- en cas d’urgence à consulter dans le privé avec des dépassements d’honoraires parfois conséquents.
On imagine aisément la problématique dans les régions désertées par les professionnels de santé à des kilomètres à la ronde ou dans les agglomérations où les hôpitaux ferment.