Clara Rivault expose à la galerie chantiersBoîteNoire1 à Montpellier, du 25 mai au 8 juillet 2023.


 

L’artiste à la sensibilité littéraire, qui se réfère à Ovide et Homère, aux Métamorphoses et à L’Odyssée, n’oublie pas que les mythes trouvent leurs sources dans les roches et les plantes, les phénomènes météorologiques et le mouvement des astres. Le caractère explicatif des mythes, les archétypes que véhiculent les personnages de ces récits fondateurs n’ont cessé de muter au cours des siècles mais nous sont parvenus comme des grilles de lecture toujours susceptibles de nous influencer — pour le meilleur et le pire.

Dans les affiches de Mucha2 qui déclinent les symboles on peut encore reconnaître les nymphes ; dans les vitraux de Clara Rivault s’alignent Nausicaa, Pénélope, Circée et Eurydice. Le parallèle avec l’affichiste n’est pas gratuit, l’artiste revendique un travail des images qui s’apparente au symbolisme, avec une accumulation de motifs signifiants et une préoccupation esthétique qui mettent le faire au premier plan. C’est avec la transparence et l’opacité que se règlent les derniers assemblages des vitraux. L’artiste associe des filtres de manière à traduire quelque chose de ce qu’elle fait disparaître en même temps : une identité pour une allégorie, un modèle pour une figure fluide. Pour la série des Dames, Clara Rivault fait rencontrer la terre crue et le verre en fusion : le processus manuel définit ainsi la portée allégorique de ces pièces. La fusion du verre cuit la terre et les deux se refroidissent dans une intrication qui les rendent inséparables ; allégorie amoureuse dans ces formes qui reprennent des motifs de fécondité ? Peut-être… Les pièces de verre et de pierre de la série Entre-branches encouragent cette lecture. Les relations amoureuses que nous relatent les mythes sont souvent asymétriques, violentes. On peut voir dans la performance de la Mer de vie où l’artiste s’arrache d’une masse de plâtre quelque chose d’une lutte. Les mythes rouvrent quelque part des blessures, mais nous ne pouvons nous empêcher d’y revenir, d’y renaître.


Henri Guette

 

« Cette bulle de verre est une expiration »

 

Objets spécifiques accouplés #16 Verre soufflé, bois (serre-joint d’ébéniste 100 ans)

 

 

Objets spécifiques accouplés

« La relation étroite avec les artisans fait partie intégrante de mon travail. J’ai toujours été fascinée par leurs mouvements, leurs mains et leurs outils polis, sales, rugueux et écorchés. Les outils que je récupère sont pour moi des êtres vivants. Une idée spirituelle japonaise dit qu’un objet de plus de 100 ans possède une âme. Ce centenaire de bois est uni à ce souffle cristallisé et contraint. Ces deux objets contrastés, l’un rugueux et l’autre transparent et lisse sont unis, créant une tension entres eux, un équilibre, un fluide. Cette bulle de verre est une expiration, elle représente notre oxygène, notre air, notre esprit. En récupérant ces outils auprès d’une famille d’artisan, mon intention était de redonner un souffle, une âme à ces objets oubliés qui servait à un travail demandant un effort soutenu et de grande ténacité. Pour le titre, je me suis inspirée du texte écrit en 1965 “Specific Objects” de Donald Judd et de son rapport radical à la forme, à la matière et à l’espace. »

CR

Notes:

  1. Galerie chantiersBoîteNoire, Hôtel Baudon de Mauny, 1 rue carbonnerie,  Montpellier. Tél +33(0) 6 8658 2562 / +33(0) 4 6766 2587. Ouverture du jeudi au samedi 15h30 > 19h00
  2. Représentant majeur du style Art nouveau.
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