Depuis 2021, une meute de loups s’est installée dans le Parc des Calanques à Marseille. La proximité immédiate des habitants pose la question de la cohabitation. Aujourd’hui, sept loups vivent dans le parc.
La famille de loups s’est installée au milieu d’un camp militaire, peu fréquenté par l’homme. Elle y trouve la tranquillité et du gibier en abondance. Nicolas Rossignol, garde-moniteur, recherche chaque semaine des preuves de sa présence, déplaçant régulièrement les six pièges-photos pour suivre au mieux les trajets de loups. « L’espèce s’installe durablement sur le territoire. Il nous manquait un grand prédateur sur ces territoires ; la chaîne alimentaire est bouclée », explique Nicolas Rossignol à France 2. À la Penne-sur-Huveaune, une commune limitrophe, certains s’inquiètent du retour du loup, comme Sylvie Politi, une propriétaire de chèvres attaquées. Depuis cette attaque, la commune recourt aux services bénévoles d’un garde-forestier. Ce dernier fait notamment de la pédagogie auprès des jeunes de la commune. Un dialogue nécessaire pour démystifier le grand méchant loup.
« Sa présence sur le territoire est plutôt une bonne nouvelle, cela montre la bonne santé des écosystèmes. Si le prédateur s’installe sur notre territoire, c’est qu’il trouve assez à manger et que la nature se porte bien. » Il indique également que « la présence du loup depuis deux ans n’a posé aucun problème majeur de cohabitation avec l’Homme. »
« Il évolue sur l’ensemble du territoire des calanques, sur la partie notamment du plateau de Carpiagne », détaillait Didier Réault président du Parc des Calanques, en septembre 2021.
Désormais confirmée, cette découverte ne changera pas les mesures de fréquentation du parc, explique Charles Vergobbi, directeur adjoint de la Direction départementale des territoires et de la mer des Bouches-du-Rhône. « Compte tenu de la faible interaction entre l’homme et le loup sur le secteur concerné par la présence de l’espèce, aucune mesure n’est envisagée par rapport à la fréquentation humaine du site. Il convient de rappeler que le loup est un animal principalement nocturne et discret, plutôt craintif et qui va éviter le contact avec les humains », dit-il à La Provence. Dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, le loup, originaire des Alpes italiennes, est présent depuis 1992.
Plusieurs meutes de loups dans les Bouches-du-Rhône
Outre cet accident qui démontre la présence du loup sur le territoire marseillais, ce n’est pas la première fois qu’il est aperçu dans la cité phocéenne et ses alentours. En septembre dernier, à 300 mètres du centre-ville de la Penne-sur-Huveaune, commune limitrophe de Marseille, un photographe amateur de la commune, Frédéric Gervais, avait filmé deux canidés à l’aide d’une caméra thermique. Aucun doute possible, il s’agissait bien de deux loups. La théorie avait été confirmée quelques jours plus tard par deux agents de l’Office français de la biodiversité.
En 2021, quatre meutes de loups sont officiellement présentes dans les Bouches-du-Rhône. Elles évoluent autour de Cadarache, du Mont Aurélien et de la Sainte-Victoire.
La présence du loup en France est un sujet particulièrement sensible et la bataille des chiffres fait rage entre pro et anti-loup. Combien sont-ils vraiment en France, « environ 624 » comme l’estime l’Etat ou dix fois plus selon certains éleveurs exaspérés par les attaques sur leurs troupeaux ? La bataille de chiffres fait rage entre les défenseurs du loup et ses opposants. Si d’autres animaux protégés au nom de la biodiversité comme l’ours, le lynx ou le vautour sont également mis en cause pour des attaques sur les animaux au pâturage, c’est bien le loup qui déchaîne le plus de passions. Loin d’être à risque (il figure sur la liste rouge des espèces menacées), le canis lupus serait une espèce « en voie de colonisation » et mettrait en péril la filière du pastoralisme, affirment ses détracteurs.