25 % des 6 millions d’habitants vivant en Occitanie ont moins de 25 ans. Un atout pour la région qui vient de lancer son nouveau plan jeunesse présenté à Montpellier et à Toulouse le 16 mars par la présidente Carole Delga et le conseiller régional Guillaume de Almeida Chaves. Les élu.e.s régionaux étaient entourés de plusieurs jeunes participant à la grande consultation auprès de la jeunesse qui s’est déroulée sur plusieurs mois sur l’ensemble de la région.
Pour renouveler son engagement et renforcer son action la Région Occitanie a choisit de s’appuyer sur une démarche de concertation menée auprès de 1400 jeunes dans les 13 départements d’Occitanie. Avec le double objet de motiver l’engagement et de recueillir des témoignages sur les aspiration des jeunes. Menée auprès des 15 à 29 ans dans toute la diversité de leur parcours la démarche s’est achevée en février dernier. Elle fait ressortir six priorités (l’orientation, la mobilité, la précarité alimentaire, la santé, la lutte contre le harcèlement et les discriminations, la participation citoyenne) assorties de 30 propositions qui figurent dans le nouveau plan régional pour la jeunesse.
L’orientation, première préoccupation de la jeunesse
Le plan qui s’articule avec d’autres priorités régionales comme la transition écologique, la mobilité, ou l’alimentation prend aussi en compte les préoccupations principales exprimées par la jeunesse, au premier rang desquelles l’orientation conditionne leur présent et leur avenir. Rien d’étonnant lorsque l’on sait que 200 100 jeunes entre 16 et 29 ans étaient au chômage ou inactifs non scolarisés en Occitanie, en 2017. Soit près d’un jeune sur cinq dans la région. Et depuis cinq ans, date des chiffres recueillis par le service étude de l’Insee, le pouvoir d’achat des jeunes a été durement touché, l’ampleur sociale du phénomène et ses conséquences se trouvant amplifier par le fait que la plupart des jeunes ne bénéficient ni du RSA ni d’indemnités de chômage.
Aujourd’hui, à niveau scolaire strictement comparable, les élèves d’origine populaire ont une probabilité 93 fois plus élevée d’être orientés vers un bac professionnel. Aux dispositifs déjà existants pour favoriser l’accès à l’information et les choix d’orientation scolaire et professionnels, tels que les maisons d’orientations régionales implantées à Toulouse, Montpellier et tous les départements et les maisons d’orientation mobiles dans les territoires ruraux et les quartiers politique de la ville, s’ajoutent de nouvelles mesures.
Une action va être conduite en direction des entreprises soutenues par la région, a indiqué Carole Delga. « La région conditionnera son soutien à la proposition de stages et à l’accueil de stagiaires », en précisant que des dérogations seraient accordées pour les petites structures qui ne disposent pas des capacités d’accueil et les entreprises ne disposant pas d’un cadre de sécurité adéquat pour accueillir les jeunes stagiaires. Cette mesure concrète qui sera opérationnelle dès la rentrée prochaine vise à faciliter la mise en relation des jeunes avec le monde économique régional. Elle répond aux attentes des jeunes qui peinent à trouver des stages leur permettant de se forger une expérience.
La région entend aussi renforcer le dispositif « Et pourquoi pas » lancé en 2022 pour lutter contre les déterminismes sociaux, l’auto-censure et faciliter l’accès de tous.tes à l’enseignement supérieur, principalement aux filières très sélectives. À Toulouse le dispositif « OSE inGé » réalisé en partenariat avec L’institut Supérieur de l’Aéronautique et de l’Espace permet à des jeunes (notamment à des filles) boursiers.ières de se présenter aux concours. Dans le Lot, le projet « Option Santé » vise à optimiser les conditions de la réussite post-bac en 1ère année de médecine. Un travail expérimental est par ailleurs mené dans plusieurs lycées d’Occitanie pour créer de nouvelles passerelles avec Sciences Po Paris.
Première préoccupation des jeunes, la question de l’orientation relève cependant en premier lieu de la responsabilité de l’État. La région Occitanie, qui a fait de la concertation sur les territoires le socle de son plan jeunesse, prend le parfait contrepied d’un dispositif comme Parcoursup géré par des algorithmes. Si les régions travaillent en coordination avec l’Éducation nationale, la question de leurs capacités d’action dans ce domaine demeure insuffisante pour atteindre des résultats significatifs. En tant que présidente de Régions de France, Carole Delga qui a rencontré le président de la République le 13 mars dernier demande un transfert de compétence dans ce domaine.
Jean-Marie Dinh
Sur le vif :
Trois questions à Carole Delga
Ce nouveau plan régional pour la jeunesse aboutit notamment à impliquer davantage les entreprises en les poussant à prendre des jeunes en stage. Ne peut-on pas aller plus loin dans ce sens en prenant en compte la qualité et les contenus des stages en entreprise ?
La question du contenu des stages est un sujet à travailler avec l’Éducation nationale et les représentants des entreprises. Nous devons nous atteler à une redéfinition des objectifs, notamment pour les stages de troisième qui demeurent assez flou. Un stage d’observation ça veut tout et rien dire. C’est pour cela que nous souhaitons bâtir un partenariat avec les entreprises sur la base des contenus pédagogiques définis par l’Éducation nationale. Nous souhaitons développer une relation beaucoup plus forte entre l’Éducation nationale, le monde de l’entreprises et la région pour mieux définir les contenus afin que ces stages soient utiles et que cela ne soit pas juste des stages où les jeunes se retrouvent devant la machine à café, sans aucune responsabilités.
Dans le cadre de la réforme de l’enseignement professionnel, le gouvernement souhaitait doubler le temps de stage des lycéens, avant de faire marche arrière devant l’opposition des acteurs. Est-ce une bonne décision, selon vous ?
Concernant la Réforme de l’enseignement professionnel, le recul de la politique gouvernementale est une bonne chose. Parce qu’on a clairement fait glisser le socle de connaissances et de compétences qui est nécessaire pour apprendre à apprendre. Moi je défends une éducation nationale qui soit ouverte sur le monde de l’entreprise afin que les jeunes en phase d’orientation disposent d’une meilleure connaissance de la réalité des métiers et de la diversités des métiers. Je souhaite aussi que la question des parcours pour accéder à ces métiers soit simplifiée. Mais dans ce domaine parcoursup est un outil qui a des conséquences très inégalitaires. Oui, je pense que c’est une bonne chose que cette réforme qui privilégiait trop les stages au détriment du socle de compétences ait été ajournée.
Lors de votre rencontre avec le président de la République, vous avez plaidé pour que les régions disposent de compétences élargies en matière d’orientation. Que vous a-t-il répondu ?
Sur la réforme institutionnelle1, j’ai rencontré le président de la République au titre de présidente de Régions de France pour l’ensemble des régions. Je lui ai présenté les attentes principales des régions qui demandent davantage d’autonomie et de moyens dans les domaines de l’éducation et l’orientation, dans le domaine du logement, pour répondre au besoin urgent d’habitat, décent et durable, et celui des transports qui nécessitent un vaste investissement pour répondre à l’impératif de mobilité et à la crise climatique. Le président de la République en a pris bonne note et a décidé que le temps de la concertation se poursuivrait jusqu’à cet été.
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