En Tunisie, le second tour des élections législatives ne mobilise toujours pas. Le président de l’autorité électorale Isie, Farouk Bouasker, a annoncé un taux de participation provisoire de 11,3 % au deuxième tour des législatives — il était de 8,8 % au premier tour.
Conformément à ce qui était attendu, très peu de Tunisiens se sont déplacés, dimanche 29 janvier, pour élire un Parlement dénué de réels pouvoirs, infligeant un nouveau désaveu au président Kaïs Saïed et aux réformes politiques qu’il impose depuis son coup de force de 2021. Le président de l’autorité électorale Isie, Farouk Bouasker, a annoncé un taux de participation provisoire de 11,3 % au deuxième tour des législatives — il était de 8,8 % au premier tour.
La participation était le principal enjeu du scrutin, après une abstention de quasi 90 % au premier tour, un record depuis l’avènement de la démocratie dans le pays berceau du « printemps arabe » il y a douze ans. Les jeunes, qui avaient porté au pouvoir M. Saïed en 2019, ont, comme lors du premier tour, massivement boudé les urnes avec un peu moins de 5 % de votants ayant entre 18 et 25 ans.
La principale coalition d’opposants à Kaïs Saïed a appelé les autres partis et la puissante centrale syndicale UGTT à unir leurs forces pour le faire partir, après son « échec total » aux législatives. L’UGTT a lancé cette semaine une initiative pour « sauver le pays », en formant un « Quartette » avec la Ligue tunisienne des droits de l’homme, l’Ordre des avocats et l’ONG socio-économique FTDES, sur le modèle du « Quartette » récompensé en 2015 par le Prix Nobel de la Paix pour son rôle dans la transition démocratique tunisienne.
L’élection de 131 députés (sur 161 sièges dont 30 déjà pourvus) représente l’ultime étape du processus lancé il y a dix-huit mois par le président Kaïs Saïed pour revenir à un système hyper-présidentialiste, similaire à celui d’avant la révolution de 2011 et la chute du dictateur Zine El-Abidine Ben Ali. Estimant le pays ingouvernable, M. Saïed s’est emparé de tous les pouvoirs le 25 juillet 2021, puis a révisé la Constitution l’été dernier pour abolir le système parlementaire hybride en vigueur.
« ce Parlement aura peu de légitimité, le président, tout-puissant grâce à la Constitution de 2022, pourra le dominer à sa guise », note pour l’Agence France-Presse (AFP) Youssef Cherif, expert du Columbia Global Centers1. Alors que le pays s’enfonce dans la crise économique avec une inflation supérieure à 10 % et des pénuries de denrées subventionnées comme le lait, le sucre ou l’huile, l’attention des 12 millions de Tunisiens est ailleurs.